C'est en ce 29 mars que le Royaume-Uni activera l'article 50 du traité de Lisbonne, actant le Brexit. Mais quels seront les impacts d'une telle mesure sur la F1 ?

C'est désormais officiel, Theresa May, premier ministre britannique, activera l'article 50 du traité de Lisbonne le 29 mars. Le premier alinéa de cet article stipule que "tout État membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l’Union''. Cette mesure vient après le référendum du 23 juin 2016 où 51,9% des Britanniques ont choisi de quitter l’Union Européenne.

Si cette décision politique risque d'avoir des conséquences importantes sur l'économie du pays, elle pourrait en avoir sur l'univers de la F1. En effet, la plupart des équipes à l'exception de Ferrari, Toro Rosso et Sauber sont implantées au Royaume-Uni. Ainsi, Mercedes a son usine à Brackley ; Red Bull a son usine à Milton Keynes ; Force India a ses quartiers à Silverstone ; Williams est implanté à Grove ; Renault a son entité châssis à Enstone ; Haas a une antenne à Banbury et McLaren a son usine à Woking.

Un impact sur le court terme

Au moment de la décision du Royaume-Uni, de nombreuses personnalités du sport automobile se sont exprimées à ce sujet. Marc Surer, ancien pilote de F1, a expliqué que les équipes "auront plus de travail administratif. Par exemple, avec le remplissage des documents douaniers pour franchir la frontière, mais financièrement, presque rien ne va changer. Si la livre baisse, ce sera mauvais pour les équipes anglaises à court terme, mais quand leur argent viendront en dollars, cela s'équilibrera sur le long terme''.

Mais du côté de Claire Williams, ce n'est pas le même son de cloche ! Si la FIA a décidé de réduire le coût des moteurs de 4 millions d'euros en 2018, le Brexit pourrait avoir un effet néfaste sur cette décision. "Il y aura des impacts à court terme autour de coûts. Nous payons malheureusement notre moteur en euros'', expliquait-elle.

Le cours de la livre sterling, facteur important pour l'économie

L'une des choses les plus intéressantes pour l'instant, avec la décision du Brexit, reste le taux de change. Prenons l'exemple avec la devise en sport automobile, à savoir le dollar. Avant la décision des citoyens britanniques, soit le 23 juin 2016, le cours de la livre par rapport au dollar était de 1,50. Le lendemain du Brexit, le cours de la livre a chuté à 1,37 pour atteindre le 17 mars dernier un pénible 1,24. En somme, 1 livre reçue équivaut à 1,24 dollars. Si une équipe attend un paiement de 10 millions de dollars, elle recevra 8 millions de livres contre 6,7 millions avant le Brexit.

L'effet est contraire pour le cours de la livre par rapport à l'euro. Le 23 juin dernier, ce cours atteignait 1,31 pour 1,23 le lendemain du Brexit. Le 17 mars dernier, le cours était à 1,15. En somme, cela signifie qu'une équipe qui paye son moteur 20 millions d'euros débourse au 17 mars 17,4 millions de livre contre 15,3 millions le jour du vote.

Bien entendu, la situation expliquait n'est que hypothétique et n'est présente que pour expliquer les cours monétaires. Ces derniers auront une importance capital pour les budgets des équipes. Si l'argent reçu de la F1 est en dollars, les moteurs sont payés en euros, comme l'a souligné Claire Williams un peu plus haut.

Le sport automobile, un secteur prospère au Royaume-Uni

L'Université de Conventry s'est penché sur l'industrie du sport automobile au Royaume-Uni. En 2013, le chiffre d'affaires de ce secteur avoisine les 10,5 milliards d'euros contre 7,3 milliards d'euros en 2000. Le secteur emploie un total de 41 000 personnes, soit 2 500 de plus qu'en 2000. Aussi, 4 500 entreprises sont activement impliquées dans le sport automobile, dont 87% exportent leurs produits ou services. Enfin, 25% du chiffre d'affaires des entreprises est consacré à la recherche et le développement.

Si la F1 ne représente qu'une partie du secteur, il emploie de nombreuses personnes. Ainsi, selon différentes estimations, on compte entre 3 500 et 4 000 employés dans les équipes ayant leur base en Angleterre. Si les accords vont être discutés durant les deux prochaines années, la libre circulation des employés va être au coeur des inquiétudes. Que se passera-t-il si un employé britannique veut travailler dans une équipe membre de l'Union Européenne ? Quid pour le scénario contraire ?

Si on en croit les spécialistes, cela pourrait amener un travail supplémentaires mais aussi un coût supplémentaires. Que ce soit les demandes d'autorisation, de visa et autres papiers permettant à une équipe d'employer un ingénieur, il faudra plus de temps et cela pourrait décourager certaines équipes à embaucher des mécaniciens ou encore des ingénieurs.

Parlons de l'industrie également. Les deux leaders mondiaux de la transmission sont implantés en Angleterre, à savoir Xtrac et Hewland. Si Xtrac dispose d'une antenne en France via Sadev, l'instauration d'une taxe à l'exportation ainsi que des restrictions quant à l'export pourraient être néfastes pour l'industrie britannique. Cela pourrait obliger certaines équipes à se fournir auprès d'entreprises implantées dans l'Union Européenne.

La fuite des usines ?

Un scénario qui pourrait être envisagé et qui a été suggéré par Kate Walker, journaliste d'ESPN. De nombreuses équipes implantées au Royaume-Uni disposent d'une antenne dans l'Union Européenne ou ailleurs. En effet, Mercedes pourrait rejoindre son fief à Stuttgart, en Allemagne ; Renault pourrait transférer son département châssis à Viry-Châtillon ; Red Bull pourrait implanter son équipe en Autriche ou à Faenza, non loin de l'usine de Toro Rosso ou Haas pourrait exclusivement rester à Kannapolis tout en conservant une antenne chez Dallara, en Italie.

A l'époque, Ron Dennis, alors à la tête de McLaren, s'était exprimé sur cette possible hypothèse auprès de Reuters. "McLaren est basée au Royaume-Uni, plus de 3 000 familles sont touchées par nos fortunes, comme nos fournisseurs britanniques et leurs employés. Rester en Europe est fondamentale pour la prospérité de l'entreprise McLaren'', disait-il.

Pour l'heure, tout ce qui a été supposé dans cet article n'est que hypothèse. Il est important de rappeler que le Royaume-Uni a une place importante dans le sport automobile et d'autant plus en F1. Les prochains mois seront décisifs et établiront un nouvel ordre autour du pinacle du sport automobile.