Pensionnaire de l'écurie anglaise McLaren pendant deux saisons, comment le pilote finlandais, Heikki Kovalainen, a vécu son ascension dans un top-team ? Il a du faire face à un défi, être l'équipier de Lewis Hamilton ! Mais le populaire finlandais a forgé sa propre place dans l'histoire McLaren en remportant le Grand Prix de Hongrie 2008.
La saison 2007 avec Renault de Heikki Kovalainen n'était pas la plus facile, réussissant à finir sur un bonne note (une seconde place au Japon). Cependant, il ne sera pas conservé dans les plans de Briatore au profit de Nelson Piquet Jr. Pour l'année 2008, il ne semblait plus y avoir de place pour le Finlandais.
Le coup de fil qu'un pilote attend...
Suite à ses bonnes performances, Toyota est sur les rangs pour signer le pilote de Suomussalmi ! Mais un prétendant de dernière minute se fait connaître : McLaren. En décembre 2007, l'écurie de Woking annonce le départ de Fernando Alonso. Le dilemme ne durera pas longtemps, le choix entre Toyota et McLaren pour Kovalainen était évident, et on le comprend. Naturellement il fut flatté par l'opportunité donnée par le directoire de Toyota, et ce dernier de décliner poliment.
La F1 par la Grande Porte pour Kovalainen
Évidemment, c'est l'excitation qui prédominait alors pour le pilote finlandais. Il allait pouvoir quitter son statut de pilote de milieu de grille, pour aller se frotter aux avant-postes avec une voiture plus compétitive. L'idée de pouvoir glaner des victoires rapidement, si tout allait bien, le titre mondial pouvait aussi se profiler.
J'étais évidemment conscient que Lewis (Hamilton) allait être le coéquipier le plus dur a affronter de toute ma carrière. Et il allait être difficile à battre, aussi sa relation avec McLaren était plus forte. J'allais devoir faire beaucoup d'efforts pour être au même niveau.
La MP4/23 était une très bonne monoplace, la meilleure que j'ai jamais conduis de ma carrière. Elle était une évolution de la précédente version, et pendant l'hiver nous avons été en mesure de l'améliorer. Le moteur (Mercedes) était très performant, et dès la première course, nous savions que ça allait être une belle lutte avec Ferrari.
En effet l'acclimatation du pilote fut assez rapide, qualifié en troisième position dès le premier Grand Prix en Australie, il réalisera une course solide. Émaillée d'erreurs de jeunesse, comme l'enclenchement du limiteur de vitesse en ligne droite en dépassant Alonso, il terminera cinquième. Un podium s'offre à lui dès la course suivante, en Malaisie, malgré une pénalité sur la grille de départ pour une gêne occasionnée en séance de qualifications. A Bahreïn, il terminera à nouveau cinquième en réalisant également le meilleur tour en course, tout comme en Australie.
Tout aurait pu s'arrêter en Espagne
Heikki Kovalainen est en confiance, sur une bonne dynamique mais ce Grand Prix d'Espagne va lui réserver un mauvais sort. Au tour 22, son pneu avant gauche explose et le mur de protection se présente à lui à près de 220 km/h. Fortement commotionné, le pilote sera transporté à l'hôpital. La dernière chose dont il se souvient, c'est son ingénieur qui lui demandait de rouler plus vite. Le pilote aura une absence de quatre heures, durant lesquelles il n'aura aucun souvenir. Ceci étant, il passera avec succès les tests médicaux de la FIA pour courir en Turquie.
Malgré ma commotion assez lourde, j'ai pu courir en Turquie, et je fut assez surpris d'être qualifié en première ligne. Nous étions les seuls à avoir opté pour une stratégie à deux arrêts. Cela nous laissait un bon espoir d'envisager la victoire le lendemain. Malheureusement un contact avec Räikkönen dès le premier virage et une crevaison lente, mettront fin à toutes nos chances de succès.
Quelques courses dans les points, comme Monaco, en France, en Grande-Bretagne et l'Allemagne, jusqu'à ce dimanche 3 Août 2008. Kovalainen s'est qualifié en seconde position, mais c'est bien la Ferrari de Massa qui est la plus véloce, prête à arracher la victoire. Mais, la F1 offre son lot de cruautés, aussi, et à trois tours du but, le moteur de la Ferrari rend l'âme. Heikki Kovalainen file donc seul sous le drapeau à damiers. Il est accompagné avec lui par Timo Glock sur Toyota (une écurie qu'il aurait pu rejoindre) et l'autre Finlandais, Kimi Räikkönen, sur la Ferrari rescapée.
De l'euphorie à la désillusion...
Le pilote finlandais montrera également ses talents d'équilibriste sous la pluie à Monza. Le Grand Prix d'Italie, théâtre de l'incroyable victoire de Sebastian Vettel à bord d'une Toro Rosso, seule écurie à ce jour à gagner avec un moteur Ferrari. Et puis, des coups d'éclats, il n'y en aura plus guère, voire plus du tout !
C'est une lente régression qui attend Kovalainen, quatre Grand Prix sans le moindre point pour la fin de saison, seulement deux unités au Brésil. Pire, le début de la saison suivante est cauchemardesque ! Il n'inscrit seulement que 4 points sur les huit premiers Grand Prix de la saison, et un total de 22 points sur toute la campagne ! Sa place est en danger, ses employeurs lui ont fait savoir qu'ils étaient à la recherche d'un pilote.
Martin Whitmarsh est venu me dire un jour qu'il cherchaient un pilote. Ils voulaient signer Kimi Räikkönen, mais il n'était pas libre. Leur choix se reportait sur Jenson Button, et je devenais leur troisième option. Au soir de Thanksgiving, alors aux USA, Martin m'a appelé pour me dire : "on a signé avec Jenson".
Mes résultats ne furent pas assez bons qu'espérés, mais je sentais que je pouvais faire mieux. Mais chez McLaren, quand les choses ne vont pas bien, ils changent de plan, et c'est ce qu'ils ont fait !
Le pilote a eu une grande opportunité de piloter pour une écurie comme McLaren. Mais dans le sport automobile, des petits détails émaillent les carrières des pilotes, si talentueux soient-ils ! Kovalainen aurait pu être en mesure de remporter plus de courses, et les suites auraient été différentes pour lui !
Le temps des regrets ?
McLaren m'a beaucoup appris, et j'ai appris énormément de Lewis Hamilton, aussi ! L'équipe a su m'aider et me guider, je suis devenu un meilleur pilote, mais j'ai perdu de la confiance dans la seconde moitié de la saison 2009. Il était nécessaire pour moi de revenir au départ et recommencer avec de nouvelles informations. Voilà pourquoi j'ai signé avec Caterham, pour me donner le temps de construire quelque chose de nouveau.
Mais je garderai de bons souvenirs de McLaren, elle a était la meilleure équipe avec laquelle j'ai travaillé. Une vraie grande équipe et très forte. Parfois, aujourd'hui, lorsque je les regarde, je suis désolé pour leurs performances, et j'espère vraiment qu'ils vont revenir forts et qu'ils feront le nécessaire pour vaincre à nouveau.