Depuis quelques semaines, certains acteurs de la F1 se sont manifestés pour un retour de l'emblématique motorisation V10 dans les monoplaces. Cela est-il possible, quel message cela enverrait-il ?

Pour la communauté des fans, l'un des moteurs les plus emblématiques (et désirés) en F1, reste le V10 atmosphérique. Une mélodie stridente accompagnant les envolées dans les révolutions du moteur, cette architecture moteur est largement préférée aux récents V6 Turbo hybride dont la sonorité est largement étouffée.

Verra-t-on le retour des V10 en F1 ?

La dernière fois que l'on vit des V10 en F1 était lors de la saison 2005, et 2006 pour l'exception faite à Toro Rosso qui évoluait encore avec le V10 Cosworth. Après le V10 atmosphérique 3,0l, la F1 a adopté le V8 atmosphérique 2,4l, puis dès 2014 la révolution de l'hybride entra en vigueur avec des V6 1,6l Turbo. Cette première saison accoucha d'ailleurs d'un moteur aux vocalises anémiques, fort heureusement la situation s'est améliorée depuis.

Ces V6 1,6 Turbo hybride vont encore perdurer dans la prochaine règlementation technique qui entrera en vigueur dès 2026, mais ces derniers évolueront désormais avec un carburant 100 % renouvelable. Leur concept sera également légèrement revu puisque le règlement 2026 prévoit la suppression de l'élément MGU-H (Motor Generator Unit Heat, récupération des gaz d'échappement), tandis que la puissance des systèmes de récupération d'énergie des moteurs sera portée à 350 kilowatts.

Mais ces dernières semaines, la communauté de la Formule 1 débat intensément d’un possible retour aux moteurs V10 atmosphériques, fonctionnant avec des carburants neutres en carbone. L'objectif est d'introduire des moteurs atmosphériques avec un carburant durable avant 2031 (la règlement de 2026 devrait prendre fin en 2030).

Ce concept vise à remplacer les actuels moteurs hybrides par des solutions plus simples, moins coûteuses et plus bruyantes, afin de renforcer l’attrait du sport. Le président de la FIA, Mohammed Ben Sulayem, a suggéré que ces moteurs pourraient être alimentés par des carburants durables, permettant ainsi de concilier les objectifs environnementaux avec le maintien du spectacle en F1.

Christian Horner, directeur de Red Bull Racing, soutient l’idée d’un retour aux moteurs V10. Malgré les investissements massifs pour le développement des unités hybrides prévues en 2026, il estime que réintroduire les V10 permettrait de retrouver la sonorité emblématique de la F1 tout en réduisant la complexité et les coûts.

Certains constructeurs, comme Audi, expriment cependant des inquiétudes. Ils ont déjà engagé des investissements conséquents dans les moteurs hybrides de 2026 et pourraient être désavantagés par un changement de réglementation.

Un message "d'un retour en arrière" ?

Les parallèles entre les sports mécaniques et l'industrie automobile en grande série sont nombreux. Les technologies nouvelles sont bien souvent développées et approuvées après de nombreux retours techniques liés à la compétition. Ainsi, une telle transition vers le V10 réduirait la pertinence technologique de la F1 pour le développement des voitures de série.

Actuellement, une prolongation de l’actuel règlement de deux ans est envisagée, avant une transition directe vers les moteurs V10. Cela faciliterait l’entrée de nouveaux constructeurs comme Cadillac, car développer un V10 serait moins complexe qu’un moteur hybride. Les discussions sur l’avenir de la F1 se poursuivent, et il reste à voir quelles décisions seront prises pour équilibrer innovation technologique, contrôle des coûts et spectacle.

C’est dans ce contexte qu’a émergé l’idée de prolonger les règles actuelles jusqu’en 2028 avant de passer directement aux moteurs atmosphériques. D’autres pensent que Ben Sulayem cherche avant tout à aider Cadillac. Le président de la FIA entretiendrait des liens étroits avec General Motors et cette modification des règles simplifierait l’entrée de la marque en F1, en réduisant les obstacles techniques liés au développement d’un moteur hybride.

Pour les Américains, ce scénario serait idéal. Ils pourraient utiliser les moteurs Ferrari éprouvés pendant deux ans, puis lancer leur propre V10. Ce serait une tâche bien plus simple que de devoir développer, sans expérience préalable, ces monstres hybrides prévus pour 2026. La pression est énorme, comme en témoigne la création par la FIA d’un groupe de travail dédié aux V10. Depuis, cette révolution technique fait l’objet de vifs débats dans le paddock.