Dans l’inconscient collectif, les sports mécaniques et l'écologie sont souvent deux notions que tout oppose. Pourtant, les différents acteurs du sport sont de plus en plus sensibilisés aux problématiques environnementales. Le Circuit Paul Ricard, pionnier en la matière depuis une dizaine d'année, va encore plus loin et se lance dans le projet de la production et du partage de sa propre électricité.

En marge du Grand Prix de France Historique sur le Circuit Paul Ricard, qui a rassemblé de nombreux fans de sport automobile, Stéphane Clair, le directeur du circuit Varois, nous a accordé un entretien dans lequel il nous explique l'importance de la conscience environnementale dans son approche et dans le développement du site basé sur le plateau du Castellet.

"Les mentalités évoluent. On a le droit d’être écologiste, d’une manière peut être différente de ce qu’on imagine en disant qu’on fait attention à ce qu’on fait, qu’on respecte la nature et qu’on essaye de faire progresser les choses. C’est notre première ambition. Elle est affichée et c’est la stratégie que nous avons déployée sur le circuit." nous précise-t-il.

"Nous avons commencé notre démarche depuis un peu plus de dix ans et Paul Ricard avait lui-même déjà commencé dès la création du circuit. On a pris le train depuis bien longtemps, on est à bord depuis un moment et nous sommes sans doute une locomotive par rapport à d’autres."

"Nous essayons d’emmener avec nous un certains nombre d’acteurs. Nous ne sommes pas seuls. Certes, nous sommes un circuit automobile mais les nuisances ne proviennent pas nécessairement du circuit mais aussi de ceux qui l’utilisent."

Vers une évolution des mentalités

Stéphane Clair pointe donc du doigt les fédérations mais aussi les organisateurs de compétitions qui doivent eux aussi faire évoluer leur mentalité afin de respecter au mieux l'environnement.

"Cela fait quelques années qu’on se bat et que l’on réussi à éveiller les consciences, notamment des fédérations sportives qui prennent désormais des mesures, tout comme les organisateurs également. Aujourd’hui, nous sommes à l’heure de l’évolution des règlements sportifs. C'est le prochain enjeu."

"Si on prend l’exemple de la Formule 1, la discipline autorise une dizaine de trains de pneumatiques et autant de jantes qui vont avec par équipe et par week-end de Grand Prix, qui sont transportés, montés et démontés sur place et qui doivent être ensuite recyclés."

"Il faudrait peut être trouver une règle plus raisonnable qui ferait qu’on en transporte moins et que leur durée de vie soit peut être plus longue. Même si la performance peut en pâtir et que les monoplaces perdent une ou deux secondes au tour, le spectacle sera toujours présent et on y gagnera en termes environnemental. Cette conscience doit se retrouver à tous les niveaux du jeu : des spectateurs au circuit en passant par les fédérations et les règlements." explique le directeur du circuit.

En attendant, le Circuit Paul Ricard ne s'endort pas sur ses lauriers. La FIA lui a déjà décerné la plus haute certification environnementale il y a plus de trois ans mais Stéphane Clair veut aller encore plus loin en faisant notamment partager ses ressources avec ses voisins directs.

"Notre prochain défi va être de produire plus d'électricité. Nous avons beaucoup d’infrastructures qui nous permettent de supporter des panneaux solaires. Que ce soit nos toitures, nos parkings couverts ou encore nos tribunes."

"L’idée est non seulement de produire cette électricité mais également de la proposer à tarif réduit à nos voisins directs, de faire une autoconsommation partagée avec les entreprises de la zone d’activité et nos voisins qui résident aux alentours du circuit afin qu’ils aient un accès à l’électricité moins coûteux."

"C’est un projet assez compliqué juridiquement mais nous travaillons déjà dessus et nous aimerions qu’il voit le jour d’ici deux ans. Nous voulons être irréprochables afin qu’il n’y ait plus de discussion sur l’acceptation des sport mécanique dans notre pays." conclut Stéphane Clair.