Lewis Hamilton pourrait devenir l'un des pilotes F1 les mieux payés. Mais peut-on trouver la somme publiée dans la presse comme "inadmissible'' ?
Les salaires en F1 sont un mystère. Entre le salaire fixe, les diverses primes, difficile de connaître exactement la somme reçue par un pilote. Lewis Hamilton est en fin de contrat. Diverses sommes fuitent dans la presse, notamment une approchant la quarantaine de millions de dollars. Cette somme insurge Romain Grosjean, pilote Haas et Président du Grand Prix Drivers' Association (GPDA).
"Je pense qu'il est inacceptable que Lewis Hamilton gagne plus de 40 millions tandis que certains conducteurs gagnent 150 000 euros par an pour le même travail'', déclarait le pilote franco-suisse lors de la première manche du championnat F1.
Les salaires en F1 sont-ils inacceptables ?
Ce débat n'est pas d'aujourd'hui. Depuis de nombreuses décennies, les salaires sont au cœur des discussions. Certains les trouvent indécents, d'autres les trouvent mérités.
Selon les chiffres publiés par RaceFans, le salaire de Lewis Hamilton en 2020 serait de 40 millions de dollars mais ce chiffre ne reste qu'une estimation. Le site britannique estime que le salaire de Sebastian Vettel est à 30 millions de dollars, celui de Max Verstappen à 25 millions de dollars. Le seul salaire réellement connu est celui de Daniel Ricciardo, dont les détails sur son contrat avec Renault ont été dévoilés lors de l'affaire l'opposant à son ancien manager. Le pilote australien touche 55 millions de dollars pour son contrat de deux saisons (27,5 millions par saison).
Selon diverses estimations, les meilleurs salaires au cours des années 2000 sont répartis entre trois hommes, à savoir Michael Schumacher, Fernando Alonso et Kimi Räikkönen. Le meilleur était Fernando Alonso, avec un salaire de 40 millions de dollars en 2010, devant Michael Schumacher et ses 38 millions de dollars gagnés en 2006. Le pilote allemand a gagné un milliard de dollars lors de sa carrière, selon un classement de Forbes.
Dans les années 90, Nigel Mansell gagnait 12 millions de dollars chez Williams, soit 36% du budget de l'équipe à l'époque. Michael Schumacher a gagné 25 millions de dollars lors de sa première année chez Ferrari.
Un salaire, une variable à géométrie variable
Le salaire d'un pilote se décide autour d'une négociation. Mais il prend en compte de nombreux facteurs. On prend en compte le palmarès du pilote mais aussi le côté "bankable''. Un pilote "bankable" est un pilote qui, de par son image, réussira à apporter de la popularité et du sponsoring. Plus un pilote est populaire, plus on le voit à la télévision, ce qui offre un espace de choix à tout sponsor.
La popularité moderne se calcule grâce aux followers, mais aussi à coup de presse sur la toile. Lewis Hamilton a bien compris ce genre de rouage, étant actif sur les réseaux sociaux. 5,7 millions sur Twitter et 17,4 millions sur Instagram, le pilote britannique jouit d'une grande popularité. Selon une étude de YouGov en 2019, il dispose d'une opinion favorable de 53%, contre 19% défavorable. Il dispose d'une popularité auprès des "millennials". Le pilote Mercedes est également le pilote le plus célèbre du plateau F1, avec 95% des personnes ayant entendu parlé de lui.
Lewis Hamilton devance de loin Kimi Räikkönen (34%) et Sebastian Vettel (31%) en terme de popularité. Charles Leclerc est 7e du classement, avec un score de 18%, Romain Grosjean est 11e avec un score de 15%, Pierre Gasly est 15e avec une opinion favorable de 14%.
Derrière les salaires, un autre monde
Les salaires comprennent de nombreux facteurs, à savoir la partie fixe et les diverses primes. Le contrat d'Ayrton Senna rendu public montre ses divers éléments, tout comme celui de Daniel Ricciardo. Mais derrière les salaires de pilotes, se cachent une autre économie, celle de l'ombre.
"Si nous plafonnons les salaires des pilotes, nous brisons toute l'échelle du sport automobile. Qui investirait de l'argent dans des programmes de jeunes pilotes pour payer leurs courses s'ils ne peuvent pas récupérer leur argent en prenant un pourcentage des salaires élevés des pilotes ? Voilà le débat. Personnellement, je n'étais pas nécessairement contre l'idée d'avoir les salaires des pilotes dans le budget plafonné. Mais alors, à coup sûr, vous vous interrogeriez sur le constructeur ou le gestionnaire qui viendrait dépenser une fortune sur un pilote pour récupérer 20% de quelque chose qui est plafonné'', ajoute Romain Grosjean dans le paddock du Red Bull Ring.
Un exemple marquant de ces trente dernières années, c'est Willi Weber, dit Monsieur 20%. L'homme touchait 20% des gains de Michael Schumacher, soit 200 millions de dollars selon l'estimation de Forbes. Il était également le manager du frère du septuple Champion du Monde, Ralf Schumacher.
Les managers ont une place importante auprès des pilotes, négociant l'ensemble des éléments d'un contrat. Outre l'aspect monétaire, il y a aussi les aspects moraux et matériels. La rétribution donnée est en correspondance avec l'intérêt du pilote.
Dans un édito de Pierre Rondeau, au sujet du football, il rappelle les propos de l'économiste et philosophe britannique David Ricardo. Ce dernier déclarait que "l’utilité n’est pas le fondement de la valeur d’échange parce qu’une marchandise utile est souvent considérée comme présente en quantité très importante et nécessite peu de travail pour la produire. […] Inversement, un bien considéré comme naturellement peu utile sera peu présent et il faudra une importante quantité de travail pour le produire. Sa valeur d’échange augmentera certainement''. Il en va de même pour les Champions du Monde de F1 ou ceux qui peuvent y prétendre...