Les avis divergeront, mais le chapitre le plus intéressant concernant les pneus Pirelli pendant ces tests hivernaux ne sont ni les nouveaux composants, ni la structure du pneu, mais bien la nouvelle surface de la piste.
D'après Pirelli, cette nouvelle surface est approximativement trois fois plus lisse que les dernières années, ce qui va fortement impacter la performance des gommes, en plus de la stratégie des équipe.
Un nouvel asphalte à Barcelone
D'une manière générale, les tests de Barcelone ne sont peu ou pas représentatifs des conditions réelles concernant les pneumatiques. Avec une température qui dépasse rarement les 16 degrés, la température sur la piste ne permet généralement pas aux gommes de s'exprimer à leur potentiel maximal.
Ajoutez à cela un circuit de Barcelona-Catalunya assez exigeant, avec un virage 3 qui a tendance à détruire le train avant gauche, les pilotes passent plus de temps à gérer "le graining du froid" que de réellement essayer les P Zero nouvelle cuvée.
C'est essentiellement dû à la température que le composant n'est pas assez chaud, et devient relativement fragile, et, dans la mesure où la voiture glisse, le pneu commence à se déchirer. Le "résultat" final est un graining beaucoup plus fin qu'un graining de course, mais cela réduit toujours et autant l'adhérence de manière significative. Le nouveau surfaçage ne s'est terminé qu'à la fin du mois de janvier, et dès le mois de février, Pirelli mesurait la micro et macro rugosité de la piste.
Le constat de Pirelli
"La macro rugosité en particulier est plus lisse, car dans la mesure où le tarmac est neuf, l'agrégat est très proche, et il y a beaucoup de bitume", explique Mario Isola, le directeur sportif de Pirelli. "Depuis nos premières mesures, ils ont essayé de faire rouler beaucoup de voitures sur la piste, en organisant énormément d'essais, et nous étions ici il y a encore deux semaines pour les tests des GT. Le dernier jour, la piste était sèche, et l'adhérence élevée, ce qui était normal d'après ce que nous avions vu par rapport aux années précédentes avec les pistes re-surfacées. Nous avons mesuré une nouvelle fois la piste ce weekend, et il n'y avait pas de grandes différences".
Toute évidence enlevée, comme celle qu'une piste plus lisse procurera plus d'adhérence et moins de dégradation et d'usure, il y a de nombreux facteurs qui affectent le grip. Le niveau de bitume par exemple, est au début assez élevé sur une piste re-surfacée, et cela prend plus ou moins beaucoup de temps pour faire disparaître "les couches de trop". C'est alors après que les pneus peuvent exploiter le potentiel de la nouvelle surface.
Le point de vue des écuries
"Je ne suis pas sûr de la qualité de Barcelone actuellement pour tester les nouveaux composants, nous verrons la semaine prochaine quand la piste sera plus chaude", déclare Andy Green, directeur technique de Force India. "C'est assez choquant que la piste ait tant changé d'une macro/micro perspective, et cela a un énorme impact sur nos pneus. Évidemment, si on avait su que la piste allait être aussi lisse, on aurait ramené des trains de pneus différents".
Cela semble évident, mais le bitume est très noir, et tout le monde sait que porter des vêtements noirs absorbe la chaleur. Ainsi, quand le soleil sera au rendez-vous, la piste chauffer bien plus vite que par les précédentes années. Si, d'un côté cette nouvelle est bonne pour les pneus, le revers de la médaille est que cela renforce encore plus le contraste entre les secteurs au soleil et ceux à l'ombre, obligeant les pilotes à gérer cette différence de température qui peut drastiquement baisser d'un virage à l'autre.
L'autre côté négatif d'une piste aussi lisse, c'est l'inaptitude à absorber l'eau, à cause des pierres très proches du tarmac, rendant la piste aussi glissante qu'une patinoire en cas de pluie.
D'une manière générale, l'adhérence évoluera avec la piste, et permettra aux tests d'être réellement représentatifs. Malheureusement, la météo et les températures quasi-négatives, en plus de la pluie et de la neige, n'encouragent pas les équipes à rouler. De plus, la pluie enlève toute la gomme déposée ces derniers jours. La seconde semaine sera donc primordiale pour les équipes qui auront une idée sur les performances des pneus.
Une semaine d'essais décisive...
Bien sûr, ce que tout le monde attend, c'est la performance du nouveau Hypersoft, le pneu à bordure rose, qui serait deux fois plus tendre que l'Ultrasoft 2017.
"Il fait froid, ce qui n'aide pas vraiment les pneus tendres, mais la piste lisse est vraiment la voie pour travailler l'Hypersoft", selon James Key, le directeur techno de Toro Rosso. "Nous devrions peut-être avoir un climat plus clément pour sortir l'Hypersoft, mais nous devons voir. C'est vraiment une piste de test car le secteur 3 tape vraiment sur les gommes si vous n'aviez pas anticipé la chose dans le secteur 1, alors nous aurons certainement une impression concrète sur l'Hypersoft plus tard".
Comme les dernières années, les équipes auront un premier aperçu en Chine, dû aux forces latérales et longitudinales bien plus élevées à Shanghaï.
D'après Andy Green, "Melbourne est toujours difficile, car ce n'est pas un circuit permanent. Quand on reviendra aux circuits plus traditionnels, on aura un meilleur aperçu des changements qu'à apporté Pirelli pendant l'inter-saison".
Article de Eliott Conway