Pour parler des femmes dans le sport automobile, rien de mieux que de demander aux intéressées de s’exprimer.

En collaboration avec Formula Rapida, nous avons réuni trois de nos rédactrices et actrices du sport automobile lors d’une conférence sur ce sujet. Ainsi, Nina Rochette, rédactrice sur Formula Rapida ; Dorothée Julien, rédactrice sur France Racing et Chloé Hamon, également rédactrice pour France Racing, se sont exprimés sur divers sujets.

Première partie à découvrir en cliquant ici 

Vous parlez toutes d’un poste clé au sein d’une équipe ou d’une entreprise. En F1, nous avons donné quelques exemples mais deux femmes sont à la tête d’une équipe, à savoir Monisha Kalterborn et Claire Williams. Cette première est très décriée mais son parcours est exemplaire. L’une et l’autre ne pourraient pas être un exemple pour que les femmes prennent des places plus importantes, malgré les couacs de celle qui est à la tête de l’équipe Sauber ?

(Dorothée) Je ne suis pas une grande fan de Monisha Kalterborn. Je ne la trouve pas compétente sur certains points malgré son parcours de juriste. Il y a beaucoup de choses qu’elle a mal géré, juridiquement parlant.

Les contrats Sauber ?

(Dorothée) Oui, notamment. Ça a été très foireux. Ce qu’il y a de bien, c’est que son image n’a pas été détériorée parce que c’était une femme mais parce qu’elle a fait des erreurs. Elle en a fait au même titre qu’Eric Boullier aurait pu en faire. Mais peut-elle représenter l’image de la femme dans le sport automobile ? Je pense que nous avons besoin de diversité plus que d’une seule image forte.

(Nina) On oublie parfois Claire Williams, héritière de son père. Elle fait énormément pour la place des femmes en F1. S’il y a bien une équipe où Susie Wolff a été, c’était chez Williams. Je pense aussi à Simona de Silvestro qui a été chez Sauber. Je pense qu’avoir des personnes comme Monisha Kalterborn aussi critiquable soit elle ou bien Claire Williams qui ont aidé l’ascension des femmes en F1, même s’il n’y a pas encore de titulaire.

Avoir Susie Wolff et Simona de Silvestro à des postes de 3e pilote ou pilote de développement, je trouve que c’est une bonne initiative. Il n’y a pas de mal à avoir des femmes à la tête des équipes juste pour que les petites filles regardent la F1 et se disent « il n’y a que des garçons » parce que dans le début des années 2000, il y avait que des hommes ! On ne voyait pas une seule femme ! C’est pour ça que je n’ai jamais voulu faire de la F1 jusqu’à mes 17 ans parce qu’au début, je pensais qu’on ne pouvait pas en faire. La représentation compte énormément et je suis contente de voir des femmes à la tête d’équipes.

(Chloé) Ce n’est pas l’image d’une femme en particulier qui va aider celle-ci à faire sa place en F1. C’est l’addition de toutes les femmes présentes qui ont des responsabilités sur leurs épaules, même si elles font des erreurs. Un homme aurait bien pu les faire. On peut également parler de Leena Gade, qui était chez Audi et qui a remporté de nombreuses victoires. C’est plein de petits exemples qui font que la femme se fait sa place dans le sport automobile.

Tu parles de Leena Gade qui a remporté de nombreuses victoires. Pourtant, on a pu voir qu’elle n’était pas si médiatisée que cela. Elle est restée une femme de l’ombre. Pour être vu, faut-il occuper un terrain médiatique sur des sports qui ont une couverture importante pour pouvoir en parler ? On oublie parfois d’autres femmes à la tête d’équipe comme Sarah Abadie chez Tech1, Caroline Grifnée chez e.DAMS, dont on parle peu.

(Dorothée) Ce n’est pas un mal qu’on ne mette pas toujours la lumière sur ces personnes parce que ce sont des femmes. Il ne faut pas non plus tomber dans l’excès et pointer toutes les femmes dans le sport automobile. Il y a des catégories ou des disciplines qui ont une médiatisation moindre et ça peut venir aussi de ça. Vu la période où la femme s’installe durablement à des postes à responsabilité, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de les pointer du doigt.

(Nina) Je suis d’accord avec ce qui a été dit. On parle du manque de médiatisation des femmes à des postes dans les formules de promotion mais c’est aussi du fait d’un manque de médiatisation sur ces disciplines. Presque personne ne connaît les noms des dirigeants des équipes d’Eurocup, à moins que ce soit d’énormes écuries. On peut difficilement comparer l’appareil médiatique qu’il peut y avoir comme sur le WEC avec l’appareil médiatique qu’on a en F1.