Des déclarations foireuses à une règle qui n'en est pas une, McLaren se couvre de ridicule dans sa gestion des pilotes, au point de laisser Max Verstappen se rapprocher d'un cinquième titre mondial.
Avant le début du week-end au Mexique, Oscar Piastri a déclaré être coupable de l'accrochage du premier virage lors de la course sprint à Austin. Cela a pour incidence d'effacer les répercussions de l'incident du premier tour à Singapour pour Lando Norris.
"Je pense que j’ai une part de responsabilité dans la course sprint. Nous commençons ce week-end avec une ardoise vierge pour nous deux, nous allons simplement courir et voir qui sortira vainqueur. Les conséquences pour Lando Norris ont été effacées. Il y a beaucoup de facteurs mais c’est ce qui a été décidé", déclarait le pilote australien.
Il est difficile de savoir avec exactitude les répercussions qui auraient pu être infligées à Lando Norris. Mais aujourd'hui, les pilotes semblent à nouveau sur un pied d'égalité. Zak Brown les a qualifiées de "marginales". Jenson Button pense qu'Oscar Piastri avait la priorité sur certaines décisions.
Qu'est-ce que les "Papaya rules" ?
Depuis plusieurs Grands Prix, McLaren a introduit ce qu'on appelle les "Papaya rules", en référence à la couleur orangée de la monoplace britannique. Dictées par Zak Brown, qui se cache souvent derrière Andrea Stella, ces règles reposent sur trois piliers :
- Faites ce qui est le mieux pour l'équipe ;
- Ne vous percutez pas les uns les autres ;
- Veiller à ce que les deux pilotes bénéficient de conditions de jeu équitables.
Aujourd'hui, McLaren n'a pas désigné un premier pilote et un second pilote. Oscar Piastri, leader du classement des pilotes, et Lando Norris se battent pour leur premier titre mondial en F1. Mettre une règle avantagerait l'un en délaissant l'autre et McLaren ne veut pas gérer cette situation qui n'est pas sans rappeler celle de Mercedes en 2016 avec le duo Lewis Hamilton et Nico Rosberg.
Le ridicule ne tue pas...
En ne prenant pas position, McLaren se retrouve dans une situation délicate. Outre l'incident à Austin et à Singapour, il y a eu des précédents durant la saison 2025. On peut se rappeler du Grand Prix de Grande-Bretagne où Oscar Piastri a demandé à son équipe la victoire après une pénalité qui semblait injuste. On peut également parler des arrêts aux stands avantageux en Hongrie et à Imola pour Lando Norris, qui lui ont permis de se classer devant son coéquipier australien.
Cependant, des voix s'élèvent dans le paddock, critiquant le ridicule de la gestion des pilotes par McLaren. Jacques Villeneuve, Champion du Monde 1997, n'a pas hésité à donner son avis tranchant sur la situation, expliquant qu'il n'y a aucune autorité chez McLaren.
"Les règles Papaya ne fonctionnent pas vraiment, elles ne fonctionnent pas avec force ou ne se révèlent pas strictes. Allons-y pour le championnat, nous nous battons pour cela. Voilà le mot d’ordre. Mais il y a zéro autorité", explique l'ancien pilote canadien.
Pourtant, après Singapour, Andrea Stella n'a pas écarté l'idée d'instaurer des consignes d'équipe, favorisant un des deux pilotes McLaren. L'homme à la tête de l'équipe britannique fait même un parallèle avec 2007 et 2010, où le troisième du classement des pilotes a remporté le titre (Kimi Räikkönen pour 2007 et Sebastian Vettel en 2010). Puis, quelques jours plus tard, Andrea Stella revient sur ses propos.
"Nous réévaluons constamment notre approche, mais nous sommes encore très loin d’être dans une situation où nous devrions privilégier un pilote plutôt qu’un autre, surtout tant que les chances restent réalistes pour les deux", expliquait-il.
Austin ou la démesure de Zak Brown
Austin reste un point crucial de l'affrontement entre Oscar Piastri et Lando Norris. L'accrochage du premier virage de la course sprint a montré ses failles dans de nombreux domaines, dont celui de la communication.
Après la course, Zak Brown y est allé de son commentaire. "C’était terrible. Aucun de nos pilotes n’est à blâmer. C’était du pilotage amateur. Certains pilotes de tête ont tapé nos deux pilotes", expliquait-il, pointant du doigt Nico Hülkenberg. Quelques heures après, rétropédalage avec des excuses auprès du pilote allemand mais aussi de l'équipe Sauber.
L'affaire Alex Palou, le caillou de trop pour McLaren ?
Outre le combat pour le titre mondial des pilotes en F1, McLaren fait face également à un procès contre Alex Palou. Le pilote, qui a remporté quatre titres en IndyCar, a été annoncé par McLaren en septembre 2022, alors que l'équipe Ganassi a annoncé sa prolongation quelques semaines auparavant. Un accord est trouvé. Alex Palou est pilote de réserve de McLaren en F1 en 2023 et pilote pour Ganassi en IndyCar avant de rejoindre la structure britannique l'année suivante. Mais en août 2023, Alex Palou décide de ne pas honorer son contrat. Une poursuite judiciaire s'engage alors.
Dans les propos rapportés durant les auditions, Alex Palou a admis avoir été "très contrarié, inquiet et en colère que McLaren ait signé un autre pilote débutant". Il affirme également que "Zak Brown m’a dit que les performances d'Oscar Piastri seraient évaluées par rapport aux miennes pour 2024. Il m’a dit que, de son point de vue, mes chances d’obtenir un baquet en F1 n’étaient pas affectées par Oscar Piastri." Alex Palou explique également que le recrutement d'Oscar Piastri était une décision d'Andreas Seidl.
Zak Brown a répondu à ses allégations. "Je ne sais pas quelle allégation m’a le plus amusé : l’idée que je ne serais pas celui qui prendrait une décision clé concernant notre duo de pilotes, ou la suggestion que je n’étais pas d’accord avec la signature du très talentueux Oscar Piastri. Ces deux allégations sont clairement ridicules", déclarait-il à Reuters.
