Réduire les coûts, instaurer un budget capé, voilà un sujet qui revient régulièrement en Formule 1 depuis la fin des années 2000. Limiter les dépenses astronomiques des équipes afin de lisser le niveau de la compétition. Mais surtout afin de permettre aux petites équipes de vivre. Cette fois, c'est Liberty Media, le nouveau propriétaire de la F1 qui est derrière l'idée.

Les budgets dans cette discipline sont faramineux. A commencer par l'équipe Mercedes qui rafle tout sur son passage depuis l'introduction du V6 Turbo. L'équipe allemande a grandement investi afin de s'assurer d'avoir l'association moteur-châssis la plus performante du plateau.

Car l'arrivée du V6T a fait faire un bon aux budgets moteur, comme l'expliquait Willem Toet à France F1 en début d'année. « Il est évident que les problèmes sont devenus vraiment très sérieux en 2014 avec l’énorme augmentation du prix des unités de puissance. Cela aurait vraiment dû être encadré par les décideurs. Les changements pour 2017 vont rendre les choses encore plus difficiles » expliquait Willem Toet.

Le retour de l'idée du budget capé

Selon The Telegraph, le nouveau propriétaire de la F1 souhaiterait donc introduire un budget capé Citant une source anonyme, le quotidien britannique précise que les dépenses des équipes sont superflus et ne servent pas les fans. Les sommes folles dépensées par les grosses équipes sont « juste gaspillées dans une lutte technologique ».

Réduire les coûts en limitant les dépenses permises est une demande de certaines équipes. Sauber ou Manor ne seraient en effet pas contre un plafond de dépenses autorisées pour la saison. Cela faisait d'ailleurs parti des desiderata évoqués par les équipes lors de l'arrivée de Liberty Media.

« C’est important qu’ils regardent le produit de l’intérieur et atteignent une sorte de parité dans la compétition, ce qui signifie non seulement plus d’argent, ou plus de redistribution, mais aussi regarder les coûts » indiquait Monisha Kaltenborn.

Une idée déjà refusée

Mais cela n'est pas si simple. Lorsque qu'en 2009 la proposition avait avancée, la FOTA (Formula One Teams Association) s'y était vigoureusement opposée. Certaines équipes, dont Red Bull et Ferrari, avaient menacés de quitter le championnat. Le projet limitait à 47 million d'euros le budget des équipes. Un bras de fer politique et médiatique s'est alors engagé entre la FOTA et la FIA, et le projet avait été abandonné.

L'introduction d'un budget capé est régulièrement discuté au sein du Strategy Group, mais sans réelles volontés d'application d'une telle restriction. En effet, il était convenu d'introduire une telle règle dès 2015, avec un budget à 95 million d'euros. Mais les équipes avaient reculé estimant qu'il était trop complexe de faire respecter la règle.

Comme nous le disait Willem Toet : « les grandes et riches équipes sont fortement contre, par exemple, avoir un budget capé. Car elles savent qu’elles ont besoin de dépenser énormément pour concurrencer des équipes spécialistes de la F1 ». Les grandes équipes ne souhaitent pas perdre leur avantage qui est de pouvoir investir bien plus dans le développement de leur monoplace.

Quelles équipes seront à convaincre ?

Selon la source de The Telegraph, Liberty Media a bien conscience du défi qui l'attend. Elle va devoir négocier pour atteindre cet objectif. La Scuderia Ferrari dispose d'un droit de veto qu'elle peut apposer sur n'importe quel sujet. L'équipe s'était déjà fortement opposée à la restriction des budgets des équipes en 2009. Allant jusqu'à menacer de quitter le championnat et d'en créer un autre.

Cependant, les dernières déclaration de Sergio Marchionne laissent planer un doute. En effet, le Président de Ferrari souhaite limiter les dépenses de son équipe et surtout, dépenser de manière intelligente. Il est donc envisageable que l'équipe ne s'oppose pas à l'idée.

Il sera sans doute plus difficile de convaincre les deux plus gros dépensiers du paddock, Red Bull et Mercedes. L'équipe autrichienne s'est déjà fortement opposée au budget capé, estimant qu'il limiterait la créativité technologique. Sans quoi il n'y aurait alors aucun intérêt à courir en F1. Quant à l'équipe Mercedes, elle a investi des sommes folles pour obtenir ses trois doublés. Sans doute voudrait-elle encore capitaliser sur ses ressources afin de gagner plus de courses et de titres.

Une restriction obligerait ces trois équipes à réduire considérablement leur budget et réorienter certaines dépenses. Mais, avec une bonne contre-partie, telle qu'une bonne part de propriété, pourrait faire pencher la balance.