Un nouveau chapitre s'ouvre pour l'équipe McLaren. Après l'époque Bruce McLaren et Ron Dennis, vient l'après Ron Dennis avec la McLaren MCL32.
Depuis son association avec Honda, les résultats de l'équipe ne sont pas au beau fixe. Si la saison 2015 a été un fiasco, la saison 2016 s'est avérée beaucoup plus intéressante, avec quelques coups d'éclats. Cette saison sera importante pour le duo McLaren/Honda.
De nombreux changements ont eu lieu au sein de l'équipe. Ainsi, Ron Dennis a quitté l'équipe après 35 ans de présence. De ce fait, exit le MP, qui est remplacé par le MCL. Parmi les départs, on peut noter celui de Jost Capito. Aussi, Jenson Button a été remplacé par Stoffel Vandoorne, qui pilotera la McLaren MCL32 avec Fernando Alonso comme coéquipier. Enfin, BP/Castrol remplace le partenaire historique de l'équipe, à savoir Exxon. Autant de changements en apporteront-ils sur la piste ?
L'analyse technique
La MCL 32 sera-t-elle la voiture du renouveau pour McLaren ? Cette nouvelle monoplace porte, comme les deux précédentes, la griffe de l'aérodynamicien Peter Prodromou.
L'expérience des présentations à Woking permet de dire que rien de ce que l'on voit aujourd'hui ne sera absolument présent sur les McLaren qui débuteront la saison à Melbourne. McLaren est une équipe très productive, qui travaille d'arrache-pied tout au long de la saison, sans compter les photos de présentation « maquillées » pour masquer les principales innovations.
L'avant
L'aileron avant, à l'exception du dièdre et de ses dimensions plus importantes, ressemble de près aux productions précédentes, caractérisées par une face inférieure rythmée par de longues dérives longitudinales. Le nez est lui aussi dans la droite lignée de la version 2016. Un peu à l'image de la Renault RS17, les deux supports d'ailerons se prolongent loin vers l'arrière, à la différence qu'ici, ils intègrent trois fentes verticales afin de réguler l'alimentation en air de la face inférieure du nez. Cette face inférieure qui porte deux longues dérives comme celles qu'on a pu voir précédemment chez Force India.
L'extrémité arrière des deux piliers coïncide exactement avec les entrées d'air du S Duct destiné à réguler les flux aérodynamiques sous l'avant de la monoplace. Les triangles de suspension avant sont quasiment horizontaux et de forme classique, confirmant ainsi que la mode des whisbones volumineux initiée par Mercedes a désormais vécu.
Les pontons
Plus en arrière, nous retrouvons la zone clefs des monoplaces 2017, et McLaren ne fait pas exception à la règle en présentant un ensemble très complexe de déflecteurs latéraux. La véritable originalité de la MCL32 tient au fait que son splitter, le bord d'attaque avancé du fond plat sous le pilote, ne fait qu'un avec la partie la plus avancée des déflecteurs latéraux.
Les années précédentes, la largeur de ce bord d'attaque se limitait aux 300 mm réglementaires du plancher d'usure. Cette année le règlement diminue la longueur du splitter en reculant son attaque de 100 mm. McLaren en a donc profité pour élargir ce bord d'attaque aux limites permises par le règlement soit 1160 mm.
A l'image de ce que montre la Ferrari SF70H, mais ici en position plus avancée, les déflecteurs latéraux conditionnent les flux d'air de la partie supérieure de cette zone vers les entrées des pontons latéraux. A l'opposé de Mercedes, McLaren a choisi comme Renault de conserver des pontons très étroits, proches de la limite des 1400 mm autorisés jusqu'à présent. Là aussi faut-il y voir un besoin de refroidissement du propulseur Honda nettement inférieur à son homologue germanique ?
Les pontons surmontent un fond plat très basique, sans détail ou bord d'attaque bombé que l'on voit sur les autres monoplaces déjà présentées en ce début de saison. On peut donc affirmer qu'il ne s'agit pas du fond plat qui prendra la piste aux premiers essais de Barcelone, et encore moins le départ de la première course 2017.
La partie arrière de la monoplace est bien plus volumineuse que les deux précédentes, Peter Prodromou a donc écarté le « concept zéro » qu'il a trouvé sur les planches à dessin lors de son arrivée dans l'équipe. Le propulseur Honda pouvant ainsi reprendre le volume qui est nécessaire à son bon fonctionnement, profitant de la levée du système de restriction de développement, oubliant la compacité extrême qui a posé tant de problèmes à l'équipe depuis le retour de Honda en Formule 1.
C'est logique donc, que la partie supérieure du capot moteur s'affine fortement, les éléments qui surmontaient le moteur thermique reprenant une place conventionnelle, au bénéfice de l'alimentation en air de l'aileron arrière et de l'abaissement du centre de gravité.
L'aileron arrière
Pour finir on trouve l'aileron arrière le plus original du moment, les concepteurs ont exploité au maximum le règlement pour concevoir des dérives latérales complexes. Ils sont défini plusieurs sections. La plus en avant a un rôle mécanique, elle supporte les efforts en liant les plans horizontaux au châssis. En se déplaçant vers l'arrière, une série de petites dérives verticales prend place à la largeur maximale autorisée, ces dérives occultent la surface réglementaire en vue latérale, mais permettent d'alimenter la face inférieure de l'aileron tout en reconditionnant les flux d'air perturbés par les roues roues arrière.
Enfin la partie la plus basse et la plus en arrière de ces dérive reprend le même principe de persiennes occultantes, mais elles en fonctionnent en sens inverse pour évacuer l'excédent de pression et de volume d'air à proximité de l'extracteur.
On peut donc en conclure que cette McLaren MCL32 est en pleine rupture avec les modèles qui l'ont précédée, elle s'éloigne clairement du concept RedBull que Prodromou avait apporté dans ses valise et greffé autour du concept zéro associé au moteur Honda microscopique.
Analyse réalisée par Patrice Veronel