Est-ce que la Formule 1 n'est-elle pas en manque de manufacturiers automobiles ? Notre ère hybride moderne peut-elle proposer un spectacle avec plus d'acteurs impliqués ? Faisons un tour d'horizon des potentiels candidats !

Ceux qui suivent la Formule 1 depuis des décennies, constatent que les allées et venues des constructeurs (et leurs partenaires motoristes) témoignent de la difficulté d'exceller dans la discipline. Depuis 1950, ils sont nombreux à s'être essayé à l'exercice, certains y reviennent même après l'avoir quitté quelques années plus tôt. A une époque où le marché automobile a son attention tournée vers une économie plus verte, il ne fait nul doute que le sport automobile aille dans cette direction.

L'écologie, nouveau vecteur de puissance ?

Le modèle économique et écologique d'aujourd'hui n'est pas une nouveauté, ni une mode. Au contraire c'est tout l'ADN de la Formule 1 qui est dépeint devant nos yeux, sans que certains n'en comprennent les rouages. La Formule 1 n'est pas un championnat de courses typées sprint. Si le spectacle a toujours offert des vitesses vertigineuses, il n'en reste pas moins que la F1 ne sacre pas les pilotes ayant le pied droit le plus lourd.

Bien au contraire, la Formule 1 est une discipline bien plus vertueuse qu'elle n'y parait. Les Grand Prix sont des courses à la stratégie. Certes l'ordre établi est défini par un ordre hiérarchique grâce au chronomètre, réalisé le samedi après-midi pendant la séance de qualifications. Mais le dimanche est une autre bataille, celle de la course aux ingénieurs, les meilleurs d'entre eux ! Nous évoquons les ingénieurs, les concepteurs des châssis et blocs moteurs mais également les stratèges. Ces hommes d'orchestre sur le muret des stands, sont de véritables machines à gagner. Ils ont toujours deux coups d'avance sur la concurrence.

La F1 évolute-t-elle dans le bon sens ?

L'essence même de la Formule 1 est la révolution technologique qu'elle peaufine, qu'elle met en pratique pendant les courses. Si les pilotes sont sacrés en fin de saison d'un titre de Champion du Monde de la discipline, la F1 reste un championnat de constructeurs. Ce sont des constructeurs de châssis, autrefois artisanaux, mais depuis devenus de véritables entreprises d'envergure. Tout ceci par l'effet de mondialisation voulu par Bernie Ecclestone, dicté par les aspects économiques, politiques, stratégiques, commerciaux et du développement nécessaire pour la survie de la discipline.

Sans eux, les instances dirigeantes (la FIA et la FOM) ne pourraient négocier les contrats et les traités qui régissent le code sportif et technique. Leur implication et leur décision influent donc directement (ou indirectement avouées) sur les modifications des aspects de la F1. Les pilotes sont des employés des grands groupes, leur métier est le pilotage. Les constructeurs, eux, façonnent la Formule 1 de demain. Ils investissent des sommes colossales pour être en haut de la hiérarchie du summum des sports mécaniques.

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Quels sont les obstacles à l'arrivée de nouveaux constructeurs ?

Le principal frein d'engagement dans la catégorie reine est le budget a y consacrer. Des sommes pharaoniques dont ne disposent pas les acteurs qui souhaiteraient s'y impliquer, ou du moins, refouler par les Conseils Administratifs de certains directoires. La Formule 1 reste attractive pour y véhiculer une image forte et puissante, à fortiori lorsqu'on y triomphe !

Le budget et le temps d'adaptation pour être au sommet de la hiérarchie n'est pas négligeable ! La F1 s'est dotée de règlements qui peuvent paraître restrictifs pour le développement des monoplaces. La suppression des essais privés et la limite imposée des organes mécaniques, bride la course au développement. Mais cela permet également de sauvegarder les petites structures qui ont des budgets moindres. Dans une course effrénée au développement sans restrictions, les monoplaces à l'arrière du peloton ne seraient plus à trois, mais surement à dix secondes sur un tour.

La réglementation tournée vers l'avenir pour inciter des nouveaux entrants ?

La Formule 1 tire toute sa technologie des études menées pour la voiture de série. Certes ces nouveaux processus, ces outils et ces modes de propulsion sont étrennés d'abord en F1, mais les véhicules de production dictent la voie à suivre. Ainsi après l'abandon des vieillissants et à l'intérêt désuet des blocs V8 atmosphérique, l'ère des moteurs hybrides permettra de débloquer la situation.

© Mercedes - PU106B Hybrid - ère hybride

© Mercedes - PU106B Hybrid - ère hybride

Enfin en phase avec notre industrie automobile, les clients comme Honda et Renault ont validé leur ticket d'entrée. Les deux intéressés n'ont cessé les allers-retours dans la discipline avec les mêmes succès et les mêmes déconvenues. Aujourd'hui, pourtant, tous deux sont à nouveau présents pour des objectifs identiques : la victoire et les titres mondiaux !
Si nous observons attentivement le marché du luxe (et de l'image) des Supercars, leur exposition en F1 aide les ventes. Pour le cas de Ferrari, c'est une évidence, mais désormais Mercedes qui dispose d'une gamme riche et continue de concevoir des modèles ultra-sportifs. Red Bull a étonné son audience en s'associant avec un des pionniers du genre : Aston Martin. Un modèle naîtra de leur collaboration. McLaren et Honda ont également des sportives de route, leur renommée aidant à remplir les carnets de commande.

Et demain, qui sera en F1 ?

Suite à la crise mondiale de 2008, nous avons perdu Toyota, BMW, et Honda. Si l'un d'entre eux est déjà revenu, d'autres se sont tournés vers d'autres disciplines. Toyota évolue désormais en championnat d'Endurance, tandis que BMW se cantonne à des programmes clients, et à son implication en DTM. A court terme, aucun nouvel entrant ne s'est manifesté, d'autant que cela se fera pas un appel d'offres à l'initiative de la FIA.
Les désirs de présence dans les sports autos sont toujours aussi forts pour certains. Nous avons appris récemment l'implication de Jaguar en Formule E, et des échos annoncent un intérêt de la part de Honda, BMW, Nissan dans ce championnat. En Formule 1, nous pourrions voir arriver des nouvelles marques, comme les coréens Hyundai-Kia. Les rumeurs persistantes du groupe Volkswagen (Audi, Bentley, Porsche, Lamborghini) donnent toujours espoir pour certains d'y revoir Porsche.

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Aujourd'hui, les quatre engagés que sont Ferrari, Mercedes, Renault et Honda resteront ainsi jusqu'au prochain changement (2021) de la réglementation moteur. Celle-ci devrait être discuté et négocié au même titre que les Accords Concorde. Nul doute que la révolution technologique hybride est déjà la nouvelle norme, celle-ci viendra à maturité dans les esprits collectifs, jusqu'en faire oublier la grogne des premiers instants.