Vous souvenez-vous de cette séquence dans « Les douze travaux d'Asterix » avec le laissez-passer A38 ? Ce week end, nous avons eu le droit à un remake de cette séquence au sujet des qualifications. Pourquoi prendre une décision en F1 s'avère de plus en plus complexe ?

Avant le début de cette saison 2016, une nouvelle modification du format des qualifications est sortie des têtes pensantes de la F1.

Les promoteurs des Grand Prix demandent plus d'action en piste les samedi, donc il apparaissait nécessaire pour tout ce petit monde, de changer les règles des qualifications. Malheureusement la présentation du format des qualifications ne laissait guère de doute sur le résultat que l'on allait voir en piste, surtout avec les règles actuelles question pneumatique.

Tout le monde a vu rouge, et malgré une vaine tentative de revenir en arrière, lors des essais hivernaux de Barcelone, les qualifications nouvelle édition sont appliquées lors du premier GP de la saison, à Melbourne.

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Et là, ce fut l'échec que l'on connaît ! A tel point qu'en urgence, une réunion est prévue après la course, entre les team managers et les officiels de la F1, lors du week end Melbourne. Cette réunion, comme tant d'autres, ne donnera pas raison aux insatisfaits, et aucun consensus n'en est finalement sorti.

La réunion du Strategy Group, le jeudi après le GP de Melbourne, n'a abouti sur rien d'autre que le maintien du nouveau format. Mais pour qu'une décision soit prise, il faut l'unanimité du Strategy Group. Et c'est là que se situe le véritable problème. Comment obtenir une décision unanime quand tant d'intérêts divergent ? Pourquoi les équipes accepteraient de diminuer ou annihiler un avantage ?

Des équipes se sont opposés à l'alternative débattue lors de cette réunion. Cela consistait à maintenir le format 2016 pour les deux premières parties de la qualifications (Q1 et Q2) et de réintroduire le format précédant uniquement pour la Q3. Red Bull, McLaren, Toro Rosso et Williams se sont opposées à ce changement. Christian Horner a précisé que cette proposition n'était pas acceptable, et qu'il fallait revenir à l'ancien format, qui donnait entière satisfaction.

Les pilotes ont également réagit via le GPDA, par une lettre générale sur l'avenir de la F1, mais également individuellement. Plusieurs pilotes ont en effet émis leur doutes sur le format de qualifications 2016, et cela depuis l'annonce de ce changement, lors des essais de pré-saison.

Une nouvelle réunion du Strategy Group a eu lieu en marge du GP de Bahreïn, le 2 avril. Mais « belote et rebelote » car aucune décision sur les qualifications n'a pu être prise. Il faut dire que la réunion ne concernait pas un retour à l'ancien format, mais uniquement d'autres possibilités de qualifications. Une nouvelle version de l'établissement de la grille de départ consisterait à prendre deux tours lancés cumulatifs pour chaque pilote, à chaque partie de la qualification. La Pole Position serait donc déterminée par le total des deux temps de Q3.

Reprenons: en Q1, 18 minutes et 22 pilotes au départ, les deux meilleurs tours des pilotes sont additionnés, les 7 pilotes les plus lents sont éliminés.

En Q2, 15 minutes et 15 pilotes au départ, les deux meilleurs tours sont additionnés, les 7 pilotes les plus lents sont éliminés.

En Q3, 12 minutes et 8 pilotes, les deux meilleurs tours sont additionnés pour déterminer la grille de départ et la pole position.

Un système plus simple que le système éliminatoire actuel mais qui pose déjà un problème, le même que le système 2016 : les pneus. Comment permettre aux pilotes de faire 2 tours (minimum) s'ils hypothèquent en même temps leurs stratégies de course ? Une autre question se pose. Comment faire si un pilote n'effectue qu'un seul tour chronométré, en raison d'un problème technique ou si son temps est annulé à cause d'un passage hors piste ?

Si Jenson Button semble prêt à accepter cette dernière version, à défaut de l'ancienne, Sebastian Vettel ne manque pas l'occasion de critiquer la chose. Daniel Ricciardo ne semble également pas emballé par ce système d'addition des temps, la Pole Position se devant d'être effectuée sur un tour lancé, et non deux.

Les pilotes, comme les team managers, plébiscitent un retour à l'ancien système, mais la FIA et la FOM s'y opposent. Les promoteurs veulent plus d'action en piste le samedi, il faut leur donner satisfaction. Et pour Jean Todt comme pour Bernie Ecclestone, la F1 ne peut revenir en arrière.

Cette nouvelle formule doit être discutée lors de la prochaine réunion du Strategy Group, le jeudi suivant le GP de Bahrein. Il apparaît peu probable qu'un accord soit adopté à ce moment là, tant les équipes ne semblent pas vraiment en accord avec les dirigeants de la F1. Et pourtant, la F1 ne peut se permettre de vivoter avec un système de qualifications défaillant.

L'incapacité chronique à prendre des décisions rapides et efficaces semble être un réel handicap pour ce sport. Et s'il apparaît nettement sur cette question des qualifications, il est récurrent sur tous les aléas de la F1. Pour s'en convaincre, il suffit de jeter un œil sur l'évolution des négociations concernant la saison 2017, qui approche à grand pas, et dont on ne sait pas encore quels en seront les délimitations techniques.