Les interviews s’enchaînent, les mots fusent et tout cela nous laisse peu de doute sur l'impact de ce nouveau format des qualifications appliqué pour la première fois sur ce GP de Melbourne 2016. Les qualificatifs ne manquent vraiment pas, du plus imagé au plus terre à terre. Pas la peine d'en faire la liste ici, mais tentons de comprendre la débâcle que l'on a vécu en direct.

Parce qu'il faut bien le dire, ce nouveau format nous laisse quelque peu perplexes. Dès l'information de sa création, nombreux sont les fans qui se sont offusqués (au mieux) de ce système complexe. Au point que les équipes, responsables de ce petit bijou, ont retourné leur veste plus rapidement qu'il n'a fallu à Lewis Hamilton pour remonter la voie des stands dans sa papamobile. Mais soyons sérieux quelques instants. Oui nous sommes quasiment tous déçus de ce format, mais pas forcément pour des raisons y sont liées.

La première critique, se porte sur ce « joyeux bordel » qu'a été la Q1

Pour avoir de l'animation, il y en avait. 22 monoplaces tentant d'éviter d'être la première éliminée au bout des 7 minutes. Les pilotes se lancent rapidement probablement de peur d'un drapeau jaune ou rouge. Ça se gène copieusement, et certains pilotes peinent à faire un premier tour vraiment performant. Les choses prennent finalement un rythme moins chaotique dès la première élimination et la panique évacuée.

Jusque là, pas de soucis. Gérer le trafic fait parti du jeu des qualifications. Mais il faut bien l'avouer, derrière nos écrans, et apparemment en bords de piste également, c'était assez peu claire. Nous étions tous un peu perdu, et l'absence initiale de chronométrage sur les tranches de 90 secondes, était perturbant voire agaçant. Il est important de noter qu'aucun pilote ne prend le risque de se qualifier avec les gommes softs, pourtant autorisées.

Puis vient le début des vrais soucis, la vraie critique

La Q2, tel un soufflé, la tension retombe bien trop vite. Phénomène qui sera largement amplifié en Q3.

La deuxième partie de ces qualifications démarre donc avec une animation semblable à l'ancien format. Les pilotes se lancent dans un premier relais rapide, sans trop de gène vu le nombre plus réduit de monoplaces. Les premières éliminations se font sans réelles tensions et … c'est tout. Il reste 3 minutes sur cette session, et plus aucune monoplace n'améliorera. Certains rentrent aux stands avant même la fin de la séquence de 90 secondes et de la session en elle-même. Jenson Button, par exemple, mettra pied à terre avant d'être officiellement éliminé de la Q2.

Il reste alors deux minutes sur le chronométrage et plus aucune monoplace en piste. Situation annonciatrice de la suite.

Enfin la Q3, qui devait être l'apothéose de cette séance, a fait pshit ! Les 8 pilotes en piste dès le début, et 6 seront sortis de leur monoplace avant la moitié de la session. Seuls Lewis Hamilton et Nico Rosberg feront un second essai sur cette Q3.

Et là, c'est la soupe à la grimace

Que ce soit chez les fans, les journalistes, les officiels, les équipes et Bernie Ecclestone. La soupe à la grimace se fait sentir.

Mais cette situation n'est pas uniquement due au format, ce dernier ne fait qu'exagérer le réel problème des qualifications depuis un certain temps : les pneus. Les équipes veulent s'assurer d'avoir un train neuf en réserve pour la course. Sauf que seule Mercedes a pu passer la Q1 et la Q2 en ne faisant qu'un seul essai à chaque fois. Et toutes les équipes ont mis les pneus les plus tendres pour toute la durée des qualifications. Pas de relais en pneus soft, uniquement des pneus Super Soft. Par conséquent, les autres équipes n'avaient plus qu'un seul train de pneus neufs qu'ils voulaient utiliser en course... cela limite donc à une seule tentative et donc forcément en début de session.

Voilà comment tuer dans l’œuf ce format de qualification. Les conditions techniques n'y sont pas favorables. En l'état actuel des restrictions pneumatiques, il est impossible de forcer les équipes à faire plus de runs, si cela les handicape pour la course. Il vaut mieux garder un atout pour la course que de faire une place de mieux sur la grille de départ.

Ce format à élimination graduée n'apporte rien aujourd'hui à la F1. Sauf changement sur les règles pneumatiques, il vaut mieux alors revenir à l'ancien format et offrir une Q3 plus visuelle, comme était le but initial avoué de cette modification.