La gestion des finances de la F1 inquiète. Le directeur de l’écurie McLaren, Zak Brown, appelle la FIA et Liberty Media à réagir. Et vite.
On le sait, l’arrivée de Liberty Media dans le monde de la F1 s’accompagne depuis un an de nombreux changements. Que cela soit au niveau des droits de diffusion, de la prise en main des médias, ou de la gestion du budget, tout est plus ou moins chamboulé. Si les fans apprécient dans une grande majorité ces changements, en interne, ils provoquent surtout des discordes.
C’est le cas de la plupart des écuries du plateau. Tandis que Mercedes et Renault affichent leur critiques à l’encontre des patrons de la F1, d’autres invoquent des menaces. On se souviendra sûrement du chantage (toujours effectif) de Ferrari : les rouges déclarent qu’ils se retireront du Championnat du Monde si les accords sur les moteurs 2021 ne sont pas renégociés en leur faveur. Ou alors de Red Bull, qui menace aussi de se retirer de la F1 si aucun nouveau motoriste ne débarque d’ici 2020.
De leur côté, les petites écuries semblent toujours souffrir du manque de fonds pour le développement. Si Mercedes, Ferrari et Red Bull perçoivent d’importants revenus de distribution par la FIA, Williams, McLaren et Sauber peinent à investir, tant leurs ressources sont limitées, et le soutien de la FIA, moins important. Ainsi, c’est Zak Brown en personne qui s’est exprimé début février pour s’insurger contre la gestion des finances en F1. Le patron de McLaren reproche à la FIA et Liberty Media de ne pas bien gérer l’écart des bénéfices entre les écuries du plateau, et remet en cause le système de distribution des revenus.
Coûts plafonds et motoriste indépendant
À ce sujet, il déclare : « Si certains réalisent plus d’argent, ce n’est pas un problème pour moi. Mais seulement à condition qu’ils ne réinvestissent pas ces revenus, qui sont à l’origine d’un trop gros écart de performance au sein de la grille […] Ils (Liberty Media et la FIA) n’ont pas été assez explicites concernant la distribution de ces revenus ». En clair : trop d’argent réalisé et pas assez contrôlé par les grandes instances. Zak Brown accuse la FIA et Liberty Media de ne pas assez agir.
Que propose le britannique ? Déjà, les coûts plafonds. Ils permettraient de placer un coût de développement maximum et à ne pas dépasser. Les écuries ne pourraient plus investir à partir d’un certain seuil, et cela permettrait de réduire les inégalités entre constructeurs : « Je pense que le coût plafond est ce vers quoi on devrait s’orienter ». Autre solution, l’arrivée d’un motoriste indépendant : « Les moteurs sont très complexes et chers à produire, il faudrait qu’un motoriste indépendant puisse donner d’autres possibilités, car la question du moteur devient de plus en plus politique ». L’hypothétique arrivée de Cosworth, en partenariat avec Aston Martin, serait une solution. Mais les discussions sont toujours en cours.
« Les négociations de 2021 seront turbulentes »
Si rien n’est fait pour prendre en compte ces problématiques, il semblerait que les discussions s’accompagneront d’un désaccord général : « Concernant les négociations pour 2021 et même après, ce sera évidemment turbulent » déclare Zak Brown. « Au niveau commercial, Liberty Media s’en sort bien. Malgré tout, Ils font des erreurs, et ce serait faux que de penser qu’ils s’en sortiront avec une note de 10/10 dans tous les domaines. Je pense qu’ils doivent se bouger rapidement, et s’accorder avec la FIA. La conversation doit s’effectuer avec Liberty et la FIA. Pas juste Liberty ». Ce n'est pas sans rappeler les propos de Jean-Louis Moncet, à propos des trois piliers de la F1 : les écuries, la FIA et Liberty Media.
De son côté, Ross Brawn espère que les négociations pour l’avenir de la F1 se règleront rapidement : « Si de nouvelles écuries et manufacturiers souhaitent rejoindre notre sport, cela prendra du temps. […] Je veux que ce qui sera effectif pour 2021 le sera au milieu de cette saison. Dépassé ce délai, ce sera un vrai challenge ».