Au cours de ces cinq dernières années faites de titres disputés et de courses à rebondissements, les fans de Formule E ont pu suivre les joies et les peines de noms désormais ancrés dans l'histoire de la discipline.
Les champions passés, Nelson Piquet Jr, Sébastien Buemi, Lucas di Grassi et Jean-Eric Vergne, ont laissé leur empreinte dans cette catégorie atypique. Mais d'autres pilotes, parfois détenteurs d'un riche palmarès en sport automobile, ont également participé plus furtivement au développement de la Formule E. Retour sur ces noms insolites étant passés par le championnat électrique.
Il aura fallu plusieurs saisons pour ralentir puis arrêter l'incessant jeu des chaises musicales en Formule E. Si les remplacements en cours d'année existent toujours aujourd'hui, ils sont désormais l'exception, non plus la règle. Lors de la saison 1, ce ne sont pas moins de trente-cinq pilotes qui ont participé à au moins une épreuve du championnat. Un nombre impressionnant, qui prend une dimension supplémentaire lorsque l'on sait que sur les dix équipes engagées en Formule E, quatre ont conservé leur duo initial jusqu'à la fin de la saison.
Cette valse des pilotes aura néanmoins eu l'avantage de nous faire découvrir, ou redécouvrir, certains pilotes dans ce nouvel environnement qu'était la Formule E. C'est notamment le cas de notre héros du jour, le champion du monde 1997 de Formule 1, Jacques Villeneuve.
Jacques Villeneuve, sa carrière, son palmarès
Avant d'être immortalisé au palmarès des champions du monde de F1, Jacques Villeneuve a fait ses classes dans les catégories junior d'Italie et du Japon. Mais c'est une fois de retour en Amérique du Nord que sa carrière s'emballe. Villeneuve fait ses débuts en CART en 1994 et décroche d'entrée une 2ème place aux 500 miles d'Indianapolis. Il termine la saison à la 6ème position du championnat américain.
Dès le début d'année 1995, alors qu'il se prépare à disputer sa seconde saison de CART, Villeneuve commence les discussions avec Williams F1 qui lui fait passer un test concluant. Tandis qu'il remporte l'Indy 500 et le titre aux Etats-Unis, Williams offre un contrat au canadien pour la saison 1996. Et Jacques ne déçoit pas, puisqu'il signe la pole position de son tout premier Grand Prix à Melbourne.
Une fuite d'huile le privera d'une victoire, mais il monte tout de même sur son premier podium. C'est au Nürburgring, trois courses plus tard, qu'il s'impose pour la première fois. Il décroche trois autres victoires en Grande-Bretagne, en Hongrie et au Portugal, ce qui lui offre un espoir de titre à la dernière course de la saison. Il échouera à la place de vice-champion, mais rebondira dès l'année suivante en décrochant sept nouvelles victoires et le titre de champion du monde.
La saison 1998 lui est moins favorable. Il ne remporte aucun Grand Prix et doit se contenter de la 5ème place finale au championnat. Il signe avec British American Racing, qui deviendra BAR Honda, en 1999, et commence sans le savoir sa douce chute vers le fond du peloton. Seuls deux nouveaux podiums viendront s'ajouter au palmarès du canadien en 2001, avant qu'il ne parte pour Renault en 2004 pour remplacer Jarno Trulli sur les trois derniers Grand Prix.
Une année peu concluante le pousse à partir chez Sauber, chez qui il terminera sa carrière en Formule 1. En 2005, il doit faire face à l'émergence d'un Felipe Massa talentueux et qui lui mène la vie dure. Le canadien réussit à s'adapter et s'assure d'un volant pour 2006. Mais une nouvelle confrontation, avec Robert Kubica alors pilote d'essais chez Sauber, mettra à mal l'ancien champion du monde. Il sera remplacé au lendemain du Grand Prix de Hongrie par son collègue polonais, et prendra sa retraite en F1.
Mais Villeneuve n'a pas dit son dernier mot. S'il se tient à distance des circuits de monoplace entre 2007 et 2009, le canadien refait parler de lui à l'approche de la saison 2010. En effet, de nouvelles équipes sont attendues, et le projet Stefan GP pourrait permettre à Villeneuve de faire son retour dans la catégorie reine. Mais l'équipe ne verra jamais le jour, et le fils de Gilles Villeneuve mettra un terme définitif à ses espoirs de come-back.
Chez Venturi
Après la fin de sa carrière en Formule 1, Villeneuve a continué à piloter là où cela était possible. Il a notamment participé aux 24h du Mans en 2007 et 2008, ainsi qu'à quelques courses mineures en NASCAR. Il renouera avec ses premiers amours en participant aux 500 miles d'Indianapolis de 2014, où il terminera 14ème.
C'est en 2015 que Villeneuve approche l'écurie Venturi pour une place de titulaire en Formule E. Le canadien, déjà consultant F1 pour Canal+ depuis 2 ans, retrouve un rôle de pilote à plein temps. L'occasion pour lui de revêtir une nouvelle fois la combinaison très ample qui a fait sa marque.
La saison 2 débute à Pékin, où il signe le 12ème temps des qualifications. Il termine la course à la 14ème place, avant-dernier des pilotes classés à l'arrivée. Une nouvelle fois 12ème à l'issue des phases de qualifications, Villeneuve réalise cependant un meilleur E-Prix de Putrajaya. Il n'est en effet jamais distancé par le reste du peloton, contrairement à l'épreuve précédente. Il termine ce deuxième E-Prix à la porte des points, à quelques secondes de la 10ème place de Nico Prost.
Dans le paddock, on sent que le champion 97 de F1 n'a plus la verve de sa jeunesse. Sans doute surpris par le niveau de compétitivité de la discipline ainsi que par la finesse exigée par la gestion d'énergie, Villeneuve ne convainc pas. Il souffre également de la comparaison directe avec son coéquipier, un certain Stéphane Sarrazin, qui terminera cette année-là tous les E-Prix dans les points.
A Punta del Este, troisième étape du championnat 2015-2016 de Formule E, il commet une erreur durant son tour de qualifications et touche le mur. Le choc, à priori minime, cause cependant une casse du châssis en carbone. L'équipe ne peut pas réparer de tels dégâts avant la course de l'après-midi, et le québécois doit déclarer forfait avant même le départ.
Cet incident prive son équipe d'une voiture pour la course, mais également de temps de préparation pour les essais qui ont lieu le lendemain sur le même circuit. Villeneuve terminera par ailleurs cette journée de tests à la 16ème place, loin derrière son coéquipier Stéphane Sarrazin, 4ème. C'est à l'issue de ce weekend désastreux que Venturi prend la décision de remplacer son pilote.
Depuis, Villeneuve est principalement impliqué dans son rôle de commentateur des Grand Prix pour Canal+. Il a également fondé le Feed Racing en 2019, un programme de stages de pilotage pour jeunes talents visant une place dans le championnat de France de Formule 4.