Nissan e.Dams traverse une passe difficile. Son directeur Jean-Paul Driot explique ce contrecoup par une hausse du niveau de la concurrence.
Arrivée en Formule E dès 2014, Renault e.Dams s'est tout de suite démarquée de ses concurrents. Initialement soutenue par Alain Prost, l'écurie française a jusqu'ici remporté trois championnats constructeurs consécutifs, et un titre pilotes avec Sébastien Buemi pour la saison 2015-2016.
Fin avril coup de théâtre : après quatre saisons aux côtés du groupe Sarthois, le professeur a annoncé se retirer de l'aventure électrique pour se concentrer sur le projet Renault en F1. Cette décision suit le choix du losange français, qui a lui-même annoncé qu'il se retirerait de la Formule E après la saison 2017-2018 pour laisser sa place à Nissan. Un au revoir sûrement regretté, mais qui a ouvert la porte à un nouveau partenariat très précieux pour Jean-Paul Driot et son équipe.
Pourtant la roue a tourné et e.Dams se retrouve aujourd'hui en moins bonne posture qu'elle ne l'avait été par le passé. Cinquième la saison dernière au Championnat des constructeurs, elle n'a pu rivaliser face à la montée en puissance de Jean-Éric Vergne.
Ce dernier a par ailleurs été couronné champion de la saison 4, au détriment de Sébastien Buemi qui s'est classé quatrième. Pire encore, Nicolas Prost n'a pas pu faire mieux que 19ème et par conséquence a tiré sa révérence à l'issue de la fin de la saison : "Évidemment, je regrette que la saison 4 ne se soit pas aussi bien passée et nous avons considéré qu'il était préférable de séparer nos chemins". La dernière victoire du team remonte à plus de 20 mois, soit depuis l'E-Prix de Berlin en juin 2017.
"Regardez McLaren et Williams. [...] C'est très difficile de rester au top"
Le constat est là : à l'issue de la troisième manche de la saison 5, Nissan e.Dams n'est que septième au Championnat des constructeurs avec 21 points au compteur. Une maigre récolte pour l'écurie franco-japonaise, qui accuse un retard de 50 points vis-à-vis de l'écurie Envision Virgin Racing.
D'après Jean-Paul Driot, cette situation s'explique surtout par un bond soudain du niveau de la concurrence : "Il est certain que quand ce genre de noms (Audi et BMW entre autres) entrent dans la compétition, le niveau en course augmente au fil des manches. [...] Regardez McLaren, regardez Williams, c'est très difficile de rester au top".
Le français admet aussi que e.Dams rencontre des difficultés dans le développement du logiciel embarqué, tout en précisant que le partenariat avec Nissan s'est fait sans encombre et ne nuit aucunement à la situation actuelle : "Nous n'avons pas réalisé que le développement du logiciel interne était si important. [...] Techeetah (victorieuse avec Jean-Éric Vergne au cours de la saison dernière) disposait de la même unité électrique que nous. Comme ils l'ont racheté à Renault, ils ont pu se concentrer sur le développement du logiciel embarqué, ce que nous n'avons pas fait."
"Nous avons testé beaucoup de choses, mais pas cet aspect si important, et nous nous sommes trompés. [...] Concernant Nissan, j'avais au début un peu peur parce que je n'étais pas habitué à partager nos données. Pourtant, personne n'interfère avec personne et j'en suis très satisfait. C'est la combinaison parfaite pour le moment."
Jean-Paul Driot et son écurie auront l'occasion de démontrer qu'ils peuvent aller au delà de ces difficultés, à l'occasion de l'E-Prix de Mexico, le 16 février prochain.