Un bref retour sur la carrière en sport auto de Lucas Di Grassi s’impose. Le pilote brésilien pourrait légitimement endosser le surnom d’éternel « dauphin sans couronne ». En effet le natif de Sao Paulo a peiné à s’imposer dans les différents championnats auquel il a participé : F3 sud-américaine, F3 anglaise et F3 euro séries, puis GP2 pendant 4 années. Habitué aux places d’honneur, ses saisons ont été régulièrement ponctuées de victoire mais dénuées de titres. Il sera également souvent cantonné aux postes de pilote essayeur pour renault en F1 et Pirelli.
L’engagement de Lucas Di Grassi en formule E offre au brésilen l’opportunité de prouver qu’il a l’étoffe d’un leader mais surtout d’un prétendant au titre mondial.
Le premier ePrix à Pékin nous en donnera une confirmation qu’il faudra toutefois pondérer. Et pour cause, après une belle qualification l’amenant en première ligne derrière le poleman Nicolas Prost (edams Renault), Lucas Di Grassi hérite sur un plateau d’une victoire inespérée après l’accident survenant entre ce même Nico Prost et Nick Heidfeld (Venturi), mettant les deux pilotes hors course dans le dernier tour. Très sport, Le pauliste déclarera à l’arrivée de la course « nobody wants to win this way » (personne ne souhaite gagner de cette façon-là).
La saison du brésilien est lancée de la plus belle des manières, et s’enchainera avec un nouveau podium à Putrajaya en Malaisie et une belle deuxième place le confortant tout naturellement en tête du championnat du monde, au terme d’ une splendide remontée depuis la 18ème place sur la grille de départ. Podium à nouveau à l’ occasion de la troisième manche à Punta Del Este et troisième place en profitant de l’abandon de Jean-Éric Vergne (Andretti autosport). Opportuniste mais solide en course, Di Grassi a pris gout au champagne et ne compte pas lâcher le magnum de sitôt.
Les deux ePrix suivants marqueront pourtant un léger coup de « moins bien ». Abandon à Buenos Aires suite à un contact avec le mur alors qu’il caracolait en tête, et une course bien anonyme dans le ventre mou du peloton à Miami ponctuée par une neuvième place, tout de même synonyme de deux points précieux dans l’optique du championnat.
Le moral du Pauliste n’en est pas affecté pour autant et Long Beach sera le théatre d’un ePrix solide : quatrième en qualifications et troisième en course. Di Grassi mène toujours au championnat.
Un mini-scandale éclatera dans le cadre de l’ePrix de Monaco. Nelson Piquet Jr. (Nextev TCR) accusera ouvertement Di Grassi de l’avoir ralenti pendant un tour rapide de qualification, et la brouille s’installera entre les deux brésiliens. S’en suivra une mémorable interview durant laquelle les deux pilotes se font carrément la gueule, n’ayons pas peur des mots ! Même constat sur le podium où Lucas Di Grassi figure sur la deuxième marche devant Piquet Jr. L’ambiance n’est pas vraiment au beau fixe et l’on devine q’ une belle histoire d’amour est en train de naitre entre les deux compatriotes…
Vidéo : Di Grassi - Piquet Jr : Le clash !
Le tournant de la saison interviendra lors de l’ ePrix de Berlin. S’élançant deuxième sur la grille, Di Grassi affiche une insolente domination en course, cumulant jusqu’ à plus de dix secondes d’avance sur ses plus proches poursuivants. Au terme du protocole du podium, une disqualification est prononcée pour un aileron avant non-conforme sur la monoplace du team Audi Abt. L’écurie, dans l’intérêt du sport, ne fera pas appel de cette sanction.Jérome D’ambrosio est déclaré vainqueur sur tapis vert, et Nelson Piquet Jr prend les rênes au championnat.
La fin de saison de Di Grassi, pourtant agrémentée de belles places d’honneur (troisième à Moscou puis quatrième et sixième lors de la double manche londonienne) ne lui permettra pas de combler l’écart avec Piquet Jr, sacré champion du monde pour 144 points contre 133 pour Di Grassi. Sébastien Buemi (E-Dams Renault), auteur d’une saison remarquable, lui ravira même la place de vice-champion.
Achevant ce premier championnat de l’histoire de la Formule E à la troisième place du classement final des pilotes, Lucas Di Grassi aura tout de même fait preuve d’une belle régularité aux avant-postes, et d’une faculté à commettre peu d’erreurs, tout en éclipsant son équipier Daniel Abt sur qi il a pris l’ascendant dés le début de la saison Quelle aurait bien pu être la physionomie de cette fin de saison sans le déclassement de Berlin ? Nul ne le sait.
Pour l’ heure, Lucas Di Grassi reste un dauphin sans couronne, un « great pretender » …
Chris Noel