Kévin Estre est devenu au fil des ans l'un des favoris du public lors des 24 Heures du Nürburgring ! En 2022, la course s'était terminée trop tôt pour la Porsche Grello...
Kévin revient avec nous sur cet incident et également sur l'une de ses premières expériences sur la Nordschleife en 2011 pour une course très particulière !
24 Heures du Nürburgring
Est-ce que ce serait présomptueux de dire que tu es un Ringmeister ?
(Ndlr : Kévin Estre semble un peu gêné en entendant cela... à côté son coéquipier Frédéric Makowiecki lui dit "Mais allez prends le même tes équipiers te le disent !")
J'ai eu des très bons moments sur ce circuit et je pense que la performance a été toujours là. J'ai eu aussi la chance d'être toujours dans une bonne voiture. Si tu es dans une voiture qui n'avance pas, tu auras beau être un ringmeister où qui tu veux tu n'y arriveras pas. C'est un circuit que j'apprécie et qui me va bien.
Tu as à nouveau eu un accueil de rockstar lors de la parade ?
C'est vraiment la folie ! Chaque année je me dis que les spectateurs ne pourront pas faire mieux et chaque année est plus exceptionnelle que la précédente, clairement je suis sur le cul à chaque fois.
Rouler avec cette voiture et avoir réalisé de bons résultats ici, on a vraiment une grosse base de fans ici ! C'est super mais il faut arriver à le gérer, ce n'est pas toujours facile. Nous sommes beaucoup sollicités mais il faut garder de l'énergie pour la course tout en essayant de ne pas vexer les gens qui veulent une photo où un autographe. Il faut trouver le juste milieu.
Comment ça se passe jusqu'ici avec la 992 ?
J'ai participé à la seconde manche de la NLS avec et c'était la première fois que je prenais le volant de cette voiture sur la Nordschleife. Le team a fait du bon travail, Porsche nous a donné une base très correcte.
Le circuit est atypique, la hauteur de caisse est différente, les pneus sont différents mais la voiture est tout de suite dans la bonne fenêtre, je me suis senti à l'aise. Lors de la manche NLS et lors des courses qualificatives, les résultats ont été moyens... Mais la voiture n'a fait que s'améliorer, on arrive avec une voiture saine.
Vous avez rencontré un petit problème lors de la Q1 ?
On a eu une crevaison à l'arrière-gauche, Michael est rentré tout doucement pour ne pas abîmer le différentiel, ne pas endommager la carrosserie avec le pneu qui se délamine. Cela nous a un peu compromis la fin de séance, on doit comprendre ce qu'il s'est passé pour que ça ne se reproduise pas en course.
Voire si cela vient de notre set-up, des pressions de pneus... Les ingénieurs et Michelin sont sur le sujet. Pour moi nous sommes en tout cas dans la fenêtre de performances où nous pensions être. Je pense qu'il nous en manque encore un tout petit peu.
Si vous allez en Superpole 1, qui sera au volant ?
Normalement Frédéric devrait la jouer si on arrive à s'y qualifier. Pour la première séance de top-qualifying permettant d'accéder à la Superpole, cela doit forcément être un autre pilote et nous n'avons pas encore décidé qui cela serait. Cela dépendra des conditions et de comment chacun se sent.
Compliqué le système de qualifications ici...
En effet, et j'ai l'impression que chaque année ils en rajoutent avec des changements. Rien n'est fait pour que cela soit simple à comprendre pour les spectateurs, les teams et pilotes. Je vais tout de même prendre la défense de l'organisation, il y a une volonté de rendre les choses pas trop transparentes pour que tout le monde attaque lors des manches NLS et courses qualificatives pour se pré-qualifier en Superpole.
Nous n'avons pas réussi à nous y pré-qualifier pour diverses raisons, nous étions un peu trop lents et quand nous avons été dans le rythme, la course n'a pas été considérée comme éligible car la piste était considérée comme "trop lente" ce jour là. C'est compliqué à comprendre mais pour moi ils ont leurs raisons !
L'an dernier vous avez été éliminés un peu trop vites... Laurens Vanthoor a fait une grosse bourde, cela a dû être difficile mais tu as participé avec plaisir à son podcast "Over the Limit" qu'il a lancé avec son frère Dries. Peux-tu revenir sur cet incident ?
Cela a été difficile à vivre pour tout le monde, sur le moment on a tous eu une certaine frustration car cette erreur n'était pas inévitable. Après, on a tous été dans une situation où l'on a pris la mauvaise décision, moi le premier. Je ne suis pas un pilote qui juge hâtivement, je suis aussi souvent à la limite, je pousse très fort et je suis aussi parfois parti à la faute.
Sur le moment tu ne peux rien y faire, il a déjà fallu l'aider car mentalement cela a été très difficile pour lui. Quand les émotions sont retombées, on a pu en parler et il a su reconnaître l'erreur qu'il a assumé. Il faut apprendre de ça et ça peut arriver à tout le monde.
J'ai bien entendu accepté de participer au podcast qu'il a lancé avec son frère, Laurens est un ami, ça commence à faire quelques années que nous roulons ensemble, on roule cette année en WEC sur la LMDh. C'est quelqu'un que j'apprécie, c'est quelqu'un de très méticuleux sur le sport, sa nourriture, le travail des acquis.
Les prochaines semaines vont être chargées !
En effet, ici c'est une "pause" dans notre programme principal, ces 24 Heures du Nürburgring sont très importantes et arrivent au milieu de notre préparation pour les 24 Heures du Mans. C'est un challenge qu'on connaissait déjà avec la RSR mais là on est un step au-dessus, là on va se battre pour le classement général, on a plus de pression, plus de travail... Sauter d'une voiture à l'autre n'est pas facile, mais je me sens prêt pour cette course. Je suis à l'aise dans la voiture, j'ai eu quelques craintes durant l'hiver mais cela se passe bien.
En 2011 tu avais participé en lever de rideau des 24 Heures du Nürburgring à une course incroyable, la Porsche Carrera World Cup qui rassemblait sur la Nordschleife les concurrents de la Porsche Supercup et de divers championnats Porsche nationaux. Tu en gardes quelques souvenirs ?
C'était la folie ! J'avais fait une course de préparation en VLN mais nous n'avions pas pu beaucoup rouler, c'était donc ma première vraie expérience sur la Nordschleife. C'était une course très importante car je la disputais dans le cadre de la Porsche Supercup et de la Porsche Carrera Cup France.
On avait eu les essais sur le sec mais pour la course le temps était pourri, de l'aquaplaning. Avec 100 voitures en piste on ne voyait rien ! C'était un gros challenge, dans la grande ligne droite de Döttinger Höhe, lors du premeir tour où tout le monde était proche, je m'étais mis le plus prêt de la ligne à droite pour savoir où j'allais car je ne voyais rien devant, des fois je me retrouvais dans l'herbe, je lâchais les gaz pour revenir sur la piste.
C'était un truc incroyable, j'ai beaucoup appris depuis, si je la refaisais aujourd'hui je serai bien meilleur ! C'était une course de fou et j'avais gagné le classement France et j'étais très bien classé en Supercup. Une belle expérience.