Ce week-end, sur le Michelin Raceway Road Atlanta (Géorgie), se tient la 28ème édition du Petit Le Mans. Finale de la saison 2025 de l'IMSA SportsCar Championship, elle pourrait couronner un Français : Mathieu Jaminet.

S’il suffit de retourner neuf ans en arrière pour voir un Français remporter les 24 Heures du Mans (Romain Dumas avec Porsche), ou de considérer que le dernier champion du monde FIA WEC tricolore (Kevin Estre, également avec Porsche) a été titré il y a moins d’an an, il faut remonter à 2010 et le titre de Simon Pagenaud en American Le Mans Series pour voir un Français triompher en Endurance outre Atlantique. L'IMSA SportsCar Championship – dans sa forme actuelle et issu de la fusion entre l'ALMS et le Grand Am en 2014 – n'existait même pas encore.

De notre correspondant sur place : Didier LAURENT/Auto Press Club

Enfin le sacre pour Mathieu Jaminet ?

« Ouah, je ne me rendais pas compte que ça remontait à aussi loin » reconnaît le pilote Porsche Penske Motorsport Mathieu Jaminet. Ce samedi, l'Hayangeois de 30 ans a l'occasion d'y remédier. C'est en tous les cas en position de leader du classement général de la catégorie GTP qu'il aborde la finale de la campagne 2025, en compagnie de son équipier australien Matt Campbell avec lequel il a été sacré en GTD Pro en 2022.

Ces deux dernières saisons, j'ai abordé la dernière course en tant qu'outsider et cela ne m'a pas souri, nous a confié l'intéressé. Il est toujours préférable d'aborder la finale avec plus de points que la concurrence, donc ma situation est plus confortable que ces deux dernières années. Mais confortable est un bien grand mot. Le moindre souci conjugué à un bon résultat de la voiture sœur (Felipe Nasr / Nick Tandy. Ndlr) pourrait faire basculer la balance en leur faveur. Sans oublier les pilotes de la BMW n°24 (Dries Vanthoor / Philipp Eng. Ndlr), qui sont également toujours mathématiquement en lice. Mais je peux vous dire que je ne pense qu'à ça.

Une place dans le top 7 assurerait le titre à la paire Campbell / Jaminet, quels que soient les résultats de Tandy / Nasr. Les chances sont plus minces pour Eng / Vanthoor. Pour avoir une chance de remporter le titre, l'équipage de la BMW n° 24 devra remporter la course. Dans ce cas, même si Campbell et Jaminet se qualifiaient derniers, ils pourraient décrocher le titre en terminant huitièmes.

Créditée cette saison de cinq podiums dont une victoire (Laguna Seca) en huit manches, le duo franco-australien - qui sera épaulé par un autre Français en la personne de Julien Andlauer - a cependant moult raisons de se méfier. Avec 53 voitures inscrites et disputée sur un Michelin Raceway Road Atlanta long de seulement 4,088 km l'épreuve du Petit Le Mans est l'une des plus complexes tant le trafic est dense.

Ce n'est pas la plus simple et c'est pour ça que tu ne peux jamais l'aborder confiant, enchaîne Jaminet. Nous l'avons hélas appris à nos dépends il y a deux ans quand Nick (Tandy, son équipier en 202 et 2024. Ndlr) s'était fait sortir par une GT alors que nous jouions le titre. La gagne ? Nous y pensons, tout le monde veut gagner Petit Le Mans, mais nous ne prendrons pas non plus des risques inconsidérés. D'autant que le titre Constructeurs – qui demeure le plus important – est également en jeu pour Porsche.

Mais ça, c'est presque plus à leurs équipiers de s'en charger. Outre une Porsche 963 qui a fait ses preuves même si Petit Le Mans reste la seule des trois classiques américaines qui manque à son palmarès, Mathieu Jaminet espère aussi pouvoir faire la différence grâce aux gommes Michelin, manufacturier pneumatique unique de la série, et qui vient d'annoncer la reconduction de son contrat avec l'IMSA jusqu'en 2035 ! Et si tous les concurrents ont les mêmes pneus, pourtant...

Nous avons tous la même spécification de pneumatiques Michelin, mais je pense malgré que tout que l'effet voiture peut avoir un impact, nous a-t-il expliqué. Clairement, nous allons régler notre. 963 pour la fin de course, qui se déroulera à la fraiche, en nocturne. Il nous faut avoir une voiture compétitive pour le money time, raison pour laquelle la troisième séance d'essais libres – la seule de nuit – est particulièrement importante.

D'autant que nous avons pu voir que notre voiture était plus à son aise la nuit que de jour, quand les températures sont élevées. Espérons que ce soit encore le cas cette semaine. Mais généralement la 963 retrouve de sa superbe quand les températures chutent. Donc le pneumatique sera pour sûr une des clés de la réussite pour nous.

Une marque tricolore telle que Michelin pour aider un ressortissant hexagonal dans sa quête de titre ? Samedi, Mathieu Jaminet a moyen de mettre un terme à 15 ans de disette pour la France en terre américaine. Avouez que l'histoire serait belle !