Stéphane Tribaudini a eu un meeting de course à Dijon-Prenois absolument rêvé. Une excellente 5ème place en Course 1 et une victoire au général en Course 2, comment espérer mieux ? Il a accepté de revenir avec nous sur cet exploit à bord de la Ginetta #111 du Team CMR.

Merci Stéphane Tribaudini de nous accorder cet entretien après ce superbe meeting à Dijon dans le cadre du Championnat de France FFSA GT – GT4 European Series Southern Europe.

Stéphane Tribaudini, la victoire lui tendait les bras

Bravo pour ce meeting dijonnais, une 5ème place en Course 1 (1er  en Am) et une victoire au général en Course 2, difficile d'espérer mieux ?

Bonjour à tous, oui c’est assez dur de réaliser tout ce qui vient de se passer durant ce week-end… On a pris le risque avec le Team CMR de me faire rouler seul ce week-end en sachant que ça sera la seule fois de l’année pour essayer de se faire remarquer tout en accumulant le double d’expérience sur un seul meeting car c’est clairement ce qui me manque le plus pour le moment.

Mon objectif avant le meeting était de faire deux top 5 au général ce qui était déjà un gros challenge surtout avec la météo qu’on a eu. En effet avant ce week-end j’avais roulé qu’une seule fois sous la pluie c’était l’année dernière à Nogaro en Lamera Cup mais avec des pneus de série. Mes deux 4ème places obtenues lors des qualifications étaient déjà un motif de satisfaction surtout quand on connait la difficulté à dépasser avec la Ginetta à cause de son manque de moteur.

Finir la première course du week-end à la 5ème place en ayant roulé 1h sous la pluie sans aide au pilotage et en menant plusieurs tours de la course était déjà une énorme satisfaction car je remplissais la première partie de l’objectif et même plus en ayant mené la course. Si on m’avait dit que ce n’était encore rien par rapport à mon résultat de la course 2 je ne l’aurais jamais imaginé ! Je me retrouve pour ma troisième course à ce niveau en Championnat de France et 14 mois seulement après mes premiers tours de piste en compétition à remporter une course au classement général… Indescriptible !

Les sensations d'un pilote de course

Comment un pilote désigné parmi les Amateurs, arrive-t-il à se faire une place parmi les Pros ? Y-t-il quelque chose à prouver pour être crédible ?

Je me souviens parfaitement de mon entrée dans la salle pour mon premier briefing à Nogaro au mois d’Avril et de croiser tous ces pilotes qui m’ont fait rêver depuis que je suis adolescent. Je suis un grand passionné de sports mécaniques en général et là de les côtoyer en imaginant que je vais devoir me battre contre eux sur la piste, j’ai eu un moment de doute en me demandant si j’étais à ma place…

Une fois casqué et dans la voiture le doute s’envole et là c’est le plaisir de conduire ces voitures chaussées de pneus slicks qui prend le dessus. Pour mon premier meeting j’espérais me situer entre 1 et 1,5 seconde des meilleurs pilotes ce qui m’aurait déjà placé parmi les Amateurs les plus rapides mais aux Essais Libres 2 je me retrouve 2ème au général à 2 dixièmes du meilleur temps détenu par Soheil Ayari qui roule chez CMR comme moi.

Là je comprends que mon niveau est bien plus haut que ce que j’imaginais et je ne réalise pas trop jusqu’à ce que plusieurs pilotes professionnels croisés dans le paddock me félicitent. Le lendemain en qualifications, je roule contre les Professionnels en espérant faire un top 10 et au final je fais le 5ème temps à 3 dixièmes d’Anthony Beltoise ! Avec ces performances je pense que je deviens crédible assez rapidement mais maintenant je commence à penser à mon début de course 2 entouré de tous ces pilotes pour la toute première fois !

Et au bout de l'effort...

La  Course 1 fut humide, la seconde sur le sec ! Comment fait un pilote pour reprendre ses marques rapidement en piste ?

C’était exactement la question que je me posais avant de démarrer la course 2… Surtout que je n’avais pas encore testé de pneus slicks neufs à Dijon donc il me fallait les rôder durant le tour de mise en grille et tout de suite trouver le grip maximal dans le 1er tour. Ce que je n’ai clairement pas bien réussi à faire mais heureusement j’ai pu me rattraper par la suite.

Ce n’est pas évident quand on passe 1h la veille à rouler sur des œufs et freiner beaucoup plus tôt à oser sans pouvoir tester avant le début de course, retarder ses points de freinage au maximum et remettre pied au plancher en plein milieu du virage. Je pense qu’il m’a fallu 3 tours environ pour être complètement à l’aise surtout qu’en même temps on est en pleine bagarre en peloton.

Tu as fait le relais d'une heure à bord de la Ginetta, l'effort est donc double comparé aux équipages à 2 pilotes, est-ce une fierté supplémentaire à la victoire ?

Pour un pilote Professionnel ça ne serait qu’une formalité surtout quand on regarde ce qu’ils peuvent faire lors de course de 24 heures mais pour un pilote Amateur c’est un vrai défi de rouler 4h30 dans la voiture durant le week-end avec des pneus slicks et les contraintes que ça engendre.

Donc clairement au départ de la course 2 en sachant que la course se déroulera à priori entièrement sur le sec et que le début de course sera à couteaux tirés contre les pilotes professionnels je ne suis pas à 100% sûr de pouvoir terminer la course en pleine possession de mes capacités.

Pourtant une fois la ligne d’arrivée passée je me rends compte que j’aurais pu rester encore un petit moment dans la voiture car je suis étonnamment « frais » mais je pense que l’adrénaline de la victoire y est pour quelque chose…

Un pilote sur mesure

Comment se prépare-t-on physiquement et mentalement à courir contre des Pros ? Est-ce une pression supplémentaire à supporter ?

Dans le civil je dirige un e-commerce depuis presque 7 ans maintenant donc je passe la plupart de mon temps assis à mon bureau en faisant peu d’efforts physiques et en travaillant beaucoup. Pourtant j’ai fait des études dans le sport avec une Licence STAPS et j’ai commencé comme Préparateur Physique mais j’ai dû progressivement délaisser le sport.

Mais en apprenant que j’allais courir en GT4 courant février, j’ai directement essayer de mettre toutes les chances de mon côté en entamant une préparation physique adaptée pour me permettre de réussir ce nouveau défi. Ainsi je fais du sport 3 fois par semaine principalement en renforcement musculaire en ciblant des exercices adaptés au sport auto : gainage, abdos, travail des jambes, des épaules et surtout du cou car c’est le plus long et compliqué à renforcer.

Mentalement par contre je ne fais rien de particulier mais quand on a l’esprit de compétition comme moi on essaye de se convaincre qu’on peut y arriver si eux le font. Mais comme je l’ai précisé, je ne vous cache pas que lors de mon premier départ contre les Pros à Nogaro surtout en étant si bien placé sur la grille j’étais pas complètement sûr de moi…

Le Star-System

On imagine que tu es sollicité depuis cette victoire, comme nous parmi les autres ! Ça doit être gratifiant, mais c'est un autre aspect du pilote à gérer. Est-ce ainsi que tu imaginais la vie de pilote ?

Oui c’est vrai qu’en débarquant un peu de « nulle part » l’effet de surprise est important à commencer par moi ! Donc depuis j’ai du mal à reprendre mon travail car effectivement je dois répondre à pas mal de sollicitations des différents médias.

Mais je ne vais surtout pas me plaindre car c’est exactement ce pourquoi j’étais venu rouler seul à Dijon, attirer l’attention pour pouvoir derrière solliciter des sociétés en vue de pouvoir conclure des accords de sponsoring car pour le moment je finance mes courses tout seul et je sais que ça pourra pas durer longtemps en l’état.

J’en profite donc pour passer un petit appel aux éventuelles sociétés que ma performance a marqué et qui pensent avoir un intérêt à communiquer via mes prestations sur la piste et en dehors. La vie d’un pilote de course se passe essentiellement sur la piste mais il faut aussi savoir gérer tous les autres aspects et clairement la communication est un aspect très important par rapport à son équipe, les médias, les sponsors, le public…

Faire sa place...

Quel est l'objectif du reste de la saison ?

Malheureusement le championnat fait une pause de 10 semaines avant de reprendre à Magny-Cours et il va falloir gérer cette longue coupure alors que je ne demande au contraire qu’à continuer d’apprendre et mettre en pratique tout le bagage que j’ai acquis durant ces 3 jours seul au volant dans toutes les conditions de piste. Pour les 3 dernières courses je retrouverai un équipier pour m’épauler mais il est encore trop tôt pour savoir qui.

Je pense essayer de continuer à jouer le titre Amateur en étant revenu plus qu’à 9 points des frères Lamic au championnat à cause de leur abandon en course 2 à Dijon et je suis sûr que la bataille avec eux sur la piste sera intéressante et fair-play vu leur pointe de vitesse et leur gentillesse en dehors de la piste.

Malgré tout une fois qu’on a goûté aux sensations de se battre aux avant-postes au classement général d’une course on a envie d’y revenir.
Donc j’espère être en mesure à nouveau de me montrer devant en qualification pour pouvoir prétendre refaire mon apparition dans le top 5 final de plusieurs courses sur les 3 derniers meeting avec notamment le dernier pas loin de chez moi au Castellet.

Merci beaucoup France Racing pour cette interview et à nouveau un grand merci aux personnes qui ont cru en moi comme Joel Ceccaldi de l’équipe ETC Racing qui m’a poussé à sauter le pas vers le GT4 dès cette année et bien sûr à Charly Bourachot et tout le Team CMR qui fait un travail remarquable sur ma voiture et en dehors.

Nous vous invitons à suivre sa page Facebook Stéphane Tribaudini, on vous donne rendez-vous au prochain meeting, à Magny-Cours du 8 au 10 septembre pour du beau pilotage en piste !