Au cours de l'été, Carmelo Ezpeleta ne cache pas son envie d'attirer de nouvelles nationalités sur la grille MotoGP principalement occupée par les pilotes espagnols et italiens. Mais cela doit-il se faire au détriment du palmarès ?

Sept nationalités composent la grille MotoGP de la saison 2024. Elle est principalement occupée par les pilotes espagnols (10 pilotes présents) et les pilotes italiens (6 pilotes présents). Le reste de la grille est composé de deux pilotes français puis d'un pilote portugais, d'un pilote japonais, d'un pilote sud-africain et d'un pilote australien.

Durant l'été, dans une interview accordée à Speedweek, Carmelo Ezpeleta, l'homme à la tête de Dorna, ne cache pas son envie d'avoir moins de pilotes espagnols et italiens et plus de nationalités.

"Nous devrons examiner, et je sais que cela sera controversé, comment nous pouvons attirer davantage de nationalités dans ce sport. Je n'ai pas de baguette magique, mais j'espère que nous pourrons trouver une formule. Les meilleurs doivent faire partie du Championnat du Monde, cela ne fait aucun doute. Mais il est bien plus facile d'être meilleur si l'on est un Italien ou un Espagnol. Cela doit être un peu comme les Jeux Olympiques, même si le tableau n'est pas tout à fait exact, mais trois Américains participent aux Jeux olympique. Si vous êtes le quatrième meilleur Américain, même avec de meilleures performances que celles des autres athlètes, vous n’en faites pas partie", expliquait-il.

La nationalité au détriment du palmarès ?

Si on suit l'idée de Carmelo Ezpeleta, cela réduira considérablement le nombre de pilotes provenant d'Espagne ou d'Italie. Mais cela est-il réellement possible ? Prenons la grille Moto2, il y a quinze pilotes qui ne viennent pas des deux viviers. Parmi eux, un est un futur pilote MotoGP, à savoir le pilote japonais Ai Ogura, et Somkiat Chantra, pilote thaïlandais, est pressenti pour rejoindre la catégorie reine. Le premier cité occupe, après le Grand Prix d'Autriche, la deuxième place du classement des pilotes, tandis que le second est 10e.

La grille Moto2 est très riche en nationalité puisqu'il y a deux pilotes néerlandais (Bo Bendsneyder et Zonta van den Goorbergh), un pilote britannique (Jake Dixon), un pilote tchèque (Filip Salač), un pilote Andorran (Xavi Cardelús), un pilote indonésien (Mario Aji), un pilote brésilien (Diogo Moreira), un pilote américain (Joe Roberts), un pilote turc (Deniz Öncü) et un pilote belge (Barry Baltus). Il y a également un autre pilote japonais (Ayumu Sasaki).

Cela laisse un large éventail de possibilités pour étoffer la grille MotoGP avec des nationalités disparues depuis plusieurs années ou d'en faire découvrir des nouvelles. Seulement, le classement ne dit pas la même chose. Parmi les dix premiers du Championnat du Monde des pilotes Moto2 après la manche autrichienne, six sont de nationalité espagnole ou italienne. Cela laisse quatre pilotes d'une nationalité différente. Mais sont-ils les meilleurs pilotes du monde pour monter en catégorie reine ?

Qu'en est-il des Champions du Monde ? Depuis 2012, année où le Moto3 a fait son apparition aux côtés du Moto2 et du MotoGP, il y a eu 29 pilotes couronnés venants d'Espagne et d'Italie. En catégorie reine, seul le pilote français Fabio Quartararo a remporté un titre, en 2021. Dans la catégorie intermédiaire, un autre pilote français a fait sensation en remportant un double titre. Il s'agit de Johann Zarco. Avec lui, le pilote australien Remy Gardner a remporté le titre. En Moto3, trois pilotes d'une autre nationalité se sont imposés : Sandro Cortese (Allemagne), Danny Kent (Grande-Bretagne) et Brad Binder (Afrique du Sud).

Qu'en disent les pilotes espagnols et italiens ?

Suite à cette déclaration venant d'une personne espagnole, Autosport a interrogé plusieurs pilotes venant d'Espagne et d'Italie, qui se sont empressés d'expliquer la culture dans ces deux pays.

"A mon avis, aussi bien en Espagne qu'en Italie, il existe une culture, une passion et une organisation depuis l'adolescence, voire l'enfance, qui leur permet de grandir en tant que pilotes et d'atteindre la catégorie supérieure, alors que dans d'autres pays, il semble plus difficile de se développer", déclare Luca Marini.

"Cela a toujours été comme ça pour les Espagnols et les Italiens pour être en MotoGP, nous avons dû gagner dans tout ce que nous avons fait. Nous n’avons jamais eu de facilité grâce à notre passeport, mais si nous sommes ici c’est parce qu’il n’y a pas de pilotes d’autres pays meilleurs que ceux d’entre nous qui sont ici", ajoute Augusto Fernández.

"Il serait évidemment agréable d'avoir quatorze nationalités différentes en MotoGP, mais nous sommes dans l'élite et les meilleurs doivent être dans l'élite, d'où qu'ils viennent", conclut Aleix Espargaró, qui quittera la grille MotoGP à la fin de la saison.

De son côté, Raúl Fernández se positionne du côté des équipes et plus précisément des constructeurs. Selon le pilote espagnol, on ne pourra pas imposer à une marque qui dépense des dizaines de millions d'euros en catégorie reine.

"Il y a la question de savoir ce que veulent les constructeurs. Si vous allez chez Honda, par exemple, et que vous leur dites qu'ils doivent engager trois pilotes de telle ou telle nationalité, ils vous diront qu'ils n'investissent pas 50 millions dans un projet pour que vous puissiez leur dire quels pilotes ils doivent engager", souligne-t-il.