Après le Rallye du Var, Priscille Delecour ne veut pas en rester là ! Priscille Delecour a participé au dernier rallye du Var, au volant d’une Alpine A110 RGT, tout comme François, son mari. 

Si l’ex-championne de France des rallyes de 1996 et 1997 a dû apprivoiser une monture inconnue, les sensations et le plaisir ont été au rendez-vous. Elle se promet de les connaître de nouveau…

Priscille Delecour veut y retourner !

"C’est à l’initiative de Fabrice Savoye, un ami d’enfance de François, que j’ai fait ce rallye du Var, sans avoir le choix !" nous dit-elle en riant.

Et Priscille s’est retrouvée au volant d’une Alpine A110 RGT, tout comme François. Mais il a fallu pour l’ex-championne de France des Rallyes de prendre ses marques avec une propulsion de plus de 330 chevaux, après n’avoir quasiment plus couru depuis plus de vingt ans.

Seuls 36 kilomètres d’essais du côté du Turini et les deux passages en reconnaissance auront été au programme avant de se lancer dans la course. L’étape du vendredi a permis à la pilote de prendre ses marques sur un parcours assez piégeux en raison de la météo.

"Je devais me défaire de mes réflexes de pilote de traction avant. Il fallait être sur le couple, freiner en ligne… ". Mais après s’être cherchée encore le samedi, comme elle le dit elle-même, Priscille se sentait confiante pour la dernière matinée du dimanche. "J’ai dit à Sabrina que c’était pour nous. J’avais intégré d’être sur le couple. Les routes s’asséchaient avec le vent et je connaissais les spéciales, à côté de chez moi. Sabrina m’a confirmé que mon regard avait changé."

Mais l’Alpine en a décidé autrement ! Sur la ligne de départ de la première spéciale de la matinée, la voiture fait des à-coups et s’arrête net !

"On suppose que c’est le pont qui a lâché. Si ça nous arrive dans une partie rapide en spéciale, les roues bloquées, on se fait catapulter." La frustration se ressent encore quelques jours après dans les propos de Priscille. "Mais c’est comme ça, c’est la course."

Priscille connaît bien évidemment la course et ses aléas, et ce rallye a ravivé la flamme des années 90.

"Rien dans ma famille ne me prédisposait pour le sport automobile. Mais j’ai toujours adoré les voitures."

Les débuts de Priscille Delecour en rallyes...

Hôtesse lors du Salon de l’auto 1992, Priscille rencontre Jacques Panciatici, alors directeur de la communication d’Alfa et ancien pilote de la marque. Le courant passe entre les deux aux fils des rencontres, le pilote décèle chez Priscille un potentiel et lui propose de participer au premier Trophée Cinquecento organisé pour la saison 1993.

"Je suis allée voir mes parents pour le leur annoncer, à leur grande stupéfaction." La première saison est une année pour apprendre. Mais la jeune femme apprend vite car elle remporte le trophée en 1994, devenant la première femme à remporter une formule de promotion.

"Et je n’ai surtout pas oublié de remercier mes concurrents pour m’avoir mis les bâtons dans les roues durant la saison. J’ai eu droit à tout, même une boite d’huile de maquereau vidé sur mon pédalier… Mais ils m’ont donné la gnaque !"

Ce titre lui donne accès à un volant officiel Fiat Abarth en championnat de France pour la saison suivante avec 2 épreuves du Championnat du Monde, Monte Carlo et Tour de Corse. Priscille confirme, ce qui lui vaut d’être engagée par Peugeot en 96, au volant d’une 106 Kit Car. Elle rafle le titre de championne de France deux saisons d’affilée, 1997 sur une 106 Maxi

"Mais Peugeot avait son programme du Championnat du Monde avec la 206 WRC comme priorité et la 106 Maxi n’était pas assez développée". Direction alors chez Ford pour les saisons 98 et 99, au volant d’une Puma pour un mélange de certaines épreuves du championnat de France et d’Europe.

"Mais François étant en Championnat du Monde, on se croisait à la maison. Alors lorsqu’il m’a proposé d’être ouvreur pour lui en Championnat du Monde j’ai accepté sans certes me rendre compte à quel point cela est stressant d’ouvrir pour de tels pilotes. Et quand il a arrêté, j’ai arrêté aussi, malgré une proposition. Mais ma mère était gravement malade ; puis j’ai eu un premier enfant, puis un deuxième, un troisième…"

Une vingtaine d’années se sont donc écoulées, durant lesquelles Priscille reprendra le casque seulement deux fois. Au rallye National de Balagne en 2016, avec François comme copilote (un pari fou avec une bande de copains), et l’année suivante au Var, sur une Saxo. Mais après ce Var sur l’Alpine, pas question d’en rester là.

"Il n’y a que du positif. J’ai eu des moments de partage fabuleux avec mon mari, mes enfants et avec mon amie Sabrina De Castelli comme copilote… je ne pouvais pas être mieux entourée. Je veux continuer, sans parler de programme. Et j’aimerais monter une équipe 100% féminine."

L’Alpine bénéficiait déjà d’une ingénieure et de 2 mécanos féminines, sans compter Sabrina De Castelli, l’expérimentée copilote.

"D’ailleurs j’avais donné comme unique condition dans ce projet d’avoir à mes côtés Sabrina, qui est une amie que j’admire. C’est une des meilleures au monde ! Ses annonces de notes sont un chef d’œuvre. Elle ressent la voiture, les pneus !"

Et Priscille n’oublie pas de regarder les jeunes femmes pilotes actuelles. Elle est allée rencontrer Sarah Rumeau, nouvelle championne de France des Rallyes.

"Je suis allée la féliciter, je me suis retrouvée un peu en elle. Je suis impressionnée par des filles qui ont un réel avenir en rallye, au sein d’une génération qui je l’espère pour elles sera moins macho que ce que j’ai connu."