Révélation du dernier championnat de Formule 3, Charles Leclerc poursuivra cette saison son ascension météorique en GP3. Intégré à la Ferrari Driver Academy en début d’année, le nouveau pilote ART Grand Prix affiche des ambitions élevées à l’aube d’une saison 2016 qu’il espère ponctuer par un premier titre de champion en monoplace.

Charles, vous avez décidé de rejoindre le GP3 après une seule saison passée en F3. Pourquoi avez-vous choisi de changer une nouvelle fois de championnat au lieu de tenter de remporter le titre avec Van Amersfoort Racing ?

Tout simplement parce ce qu’il s’agit du meilleur choix à faire pour cette saison. La F3 s’est super bien passée l’an dernier, même si on a connu une petite baisse de performance en fin d’année. On n’a toujours pas compris pourquoi. Les autres teams ont effectué pas mal de développements en milieu de saison et on n’a pas réussi à faire évoluer notre voiture dans la même proportion qu’eux. Ce manque de progression nous a clairement défavorisé lors de la deuxième partie de championnat. Ensuite, ART Grand Prix est le team de mon manager Nicolas Todt. Cela a forcément un peu influé sur mon choix de me diriger plutôt vers la GP3. C’est un très bon championnat et les monoplaces sont de surcroît équipées de pneus Pirelli. Ce sont des gommes assez compliquées à utiliser et apprendre à bien les faire fonctionner me sera très utile pour la suite de ma carrière.

Vous avez réalisé le meilleur chrono lors des tests de fin de saison dernière à Abou Dhabi pour votre découverte d’une GP3. Vous attendiez-vous à être aussi rapidement dans le rythme des meilleurs ?

Non, je ne pensais franchement pas être en mesure de réaliser de si bons chronos aussi vite. Après, Abou Dhabi est une piste que j’adore. Je me suis immédiatement super bien senti avec la voiture et le team. Tout paraissait facile. On a ensuite découvert la nouvelle monoplace à l’occasion des tests d’Estoril. On a connu plus de difficultés là-bas même si ce n’était pas non plus la catastrophe. Il ne s’agit que des premiers essais de l’année. On a enregistré pas mal de petits problèmes techniques donc les chronos ne veulent absolument rien dire. Mais pour revenir à Abou Dhabi, je ne m’attendais clairement pas à être aussi rapide dès mes premiers tests en GP3.

« Bien exploiter les Pirelli constituera la clé »

Quelles différences vous-ont le plus marqué lors de votre passage d’une F3 à une GP3 ?

Indubitablement le moteur, car une GP3 bénéficie quasiment du double de chevaux par rapport à une F3. La différence de puissance est très largement perceptible au volant. L’appui aérodynamique est en revanche relativement semblable entre les deux monoplaces. Même avec la nouvelle voiture, on ne ressent pas d’énormes changements en comparaison à la F3. En revanche, on doit adopter un pilotage plus doux avec la GP3 parce que les pneus sont nettement plus sensibles que ceux auxquels j’étais habitué l’an dernier. Il ne faut pas laisser la voiture glisser, car sinon les gommes se détruisent assez rapidement. Je dois encore m’adapter à ces nouvelles spécificités, mais cela ne devrait pas trop me poser de problèmes.

La bonne exploitation de ces si complexes gommes Pirelli sera forcément l’une des clés de votre saison. Avez-vous été surpris par leur mode d’utilisation et pensez-vous être en mesure de vous affranchir rapidement de cette difficulté supplémentaire ?

Oui, j’avoue avoir été étonné par leur mode de fonctionnement de prime abord. Les pneus Pirelli s’avèrent très différents des précédents composés que j’ai pu essayer par le passé. Les Hankook et les Pirelli fonctionnent de manière diamétralement opposée. S’habituer aux Pirelli après avoir roulé une année avec les Hankook en F3 n’est clairement pas une tâche facile, mais je dois surmonter cet écueil. Je n’ai pas d’autres choix si je veux performer cette saison en GP3. Parvenir à bien exploiter les Pirelli constituera vraiment la clé pour gagner le championnat. Sans une bonne gestion des gommes, on ne pourra pas prétendre à joueur les premiers rôles en 2016. J’espère être prêt pour Barcelone, mais je ne me fais pas trop de soucis. Jusque-là, l’une de mes qualités a toujours été de savoir m’adapter rapidement. Et j’entends bien le démontrer une nouvelle fois cette année.

« Ferrari va m’apporter énormément de choses »

Vous avez intégré en début d’année la Ferrari Driver Academy. Que représente cette nomination à vos yeux ? Concrètement que va vous apporter au quotidien la prestigieuse écurie italienne ?

C’est top ! Rentrer un jour dans une écurie comme Ferrari est, je crois, le rêve de tous pilotes. Je suis très heureux qu’ils me suivent et qu’ils m’aident à gravir les échelons. Ferrari va m’apporter énormément de choses grâce à leur immense expérience de la F1. Que ce soit au niveau du simulateur, de la préparation physique ou encore du conditionnement mental, leur support sera d’une aide précieuse. Ils me suivent de très près ce qui est toujours bon pour le moral. En plus de ça, ils me préparent intensément pour la saison à venir et également pour la suite de ma carrière en sport automobile.

Vous aurez cette année, peut-être encore plus que lors de vos précédentes saisons, une pression supplémentaire compte-tenu du soutien dont vous bénéficiez de la part de Scuderia. La conquête du titre GP3 est-elle indispensable en 2016 ?

Je n’ai jamais eu dans ma carrière l’obligation ou la pression de signer des résultats. J’essaye juste de donner le meilleur de moi-même lors de chaque week-end de course. J’ai toujours fonctionné avec cette idée bien précise en tête. Être suivi par Ferrari n’induit pas une plus grande obligation de résultat cette année. Je tâcherai comme d’habitude de faire de mon mieux et on verra ce qu’il en ressortira. Après, je veux clairement jouer la gagne en 2016. Dans le cas contraire, je ne participerais pas à ce championnat. Chaque saison je pars avec l’objectif de décrocher le titre et je compte bien l’obtenir avec ART en GP3.

Photo: Zak Mauger/GP3 Series Media Service.

Photo: Zak Mauger/GP3 Series Media Service.