Charlie Martin est une pilote pas comme les autres. Elle rêve de rentrer dans l’histoire en devenant la première pilote transgenre à participer aux 24 Heures du Mans.
La seule pilote professionnelle transgenre va participer courir sur le Nürburgring, où elle va rouler en BMW M240i Cup en VLN.
« Je suis ravie de participer à ce championnat, c’est toujours une grand chose de rouler sur un circuit tellement mythique que le Nordschleife. C’était une ambition depuis que j'y suis allé en 2018. Bien sûr, c’est hyper difficile étant quasiment 25 km de long et avec 150 voitures sur la piste il y a toujours beaucoup de circulation, mais il y a plus d'opportunités là aussi. Le point culminant sera la N24 en mai, c’est un pas très important pour moi pour se developper comme pilote, et j’espère que ça me permet d’avancer plus dans la direction des 24 Heures du Mans », nous indique-t-elle lors d’une interview exclusive.
Son souhait le plus cher est de participer aux 24 Heures du Mans 2020, « la plus grande course d’endurance au monde » à laquelle elle a participé en tant que spectatrice de 2000 à 2002.
« J’espère y participer mais je ne pense pas que ça va être possible cette année parce qu’il faut un gros budget pour le faire. Bien que ça reste l’objectif, je pense que ça va prendre quelques années de plus pour y participer. Peut-être l’année prochaine », nous explique-t-elle. Concernant la catégorie, « l’idéal serait dans une proto mais je suis ou-verte à courir dans une GT ».
Pour trouver un tel budget, l’idée d’utiliser le crowdfunding pourrait l’aider à boucler le budget. Elle a déjà utilisé ce procédé la saison passée, « parce que j’ai eu des soucis avec quelques personnes qui devaient me sponsoriser ».
« Le problème est que c’est beaucoup d’argent. Je ne sais pas si c’est possible d’avoir ça. Bien sûr, c’est attirant parce qu’il y a des gens qui ont vraiment réussi avec le crowdfunding. En réalité, ce sont environ une million d’euros parce ce que c'est pas seulement les 24 heures, c'est toute la saison aussi. Ça dépend de la situation, des équipes. J’ai plu-sieurs idées sur la manière de financer cela. L’objectif surtout pour cette année est de devenir présentatrice à la télévision, ce qui permettra de me montrer.
J’ai besoin d’avoir plusieurs idées pour trouver le budget, via des partenaires commerciaux ou des mécènes qui sont d’accord pour changer les mœurs en société pour améliorer la visibilité des personnes LGBT. C’est peut-être plus facile trouver quelqu’un qui donne à des œuvres de charité », ajoute-t-elle.
Un soutien de la cause LGBT dans le sport automobile
Ambassadrice « Sport Champion » au sein de Stonewall et ambassadrice au sein de Racing Pride, Charlie Martin revient sur son retour en compétition lorsqu’elle a fait sa transition et surtout, celle qu’elle veut être pour la génération à venir.
« Je suis la seule femme transgenre actuellement en compétition au niveau professionnel. Je pense que c’est difficile de se faire une place quand on est transgenre. Le sport automobile, c’est un sport d’hommes qui assez traditionnel. Ce n’est pas un sport ouvert à tout le monde, c’est difficile de commencer à chaque niveau. C’est un sport très masculin, il y a très peu de pilotes féminins. C’est effrayant d’être un pilote LGBT et transgenre. Quand on a la sensation d’être la seule, c’est intimidant. Quand j’étais gamine, je ne voyais pas quelqu’un comme moi. Ça n’existait pas dans le sport automobile. C’est très difficile pour s’imaginer dans cette position, avec cette visibilité et dire « je suis comme je suis ». J’ai beaucoup de confiance en moi parce que avant la transition (qui a eu lieu en janvier 2012), j’étais timide, j’ai eu peur de la réaction des gens. Etant la première, c’est effrayant mais c’est important, il y a toujours quelqu’un qui doit être la première et pour moi, c’est comme une responsabilité, afin d’aider les gens à l’avenir, des enfants qui ont besoin d’un modèle », nous déclare-t-elle.
Si faire son coming-out semble encore compliqué dans un sport typiquement masculin et traditionnel, certaines et certains l’ont fait comme Sarah Moore, pilote en W Series, ou encore Danny Watts, pilote d’endurance.
« Je pense que c’est un peu plus facile. Il reste encore beaucoup d’obstacles. Nous avons d’autres ambassadeurs chez Racing Pride, qui ont une certaine visibilité, ça crée un environnement plus accueillant. Mais ça reste difficile, il y a encore beaucoup à faire. C’est un sport qui manque de diversité. C’est en train de changer », souligne Charlie Martin.
Aujourd’hui, la FIA n’a ouvert aucune commission afin d’améliorer la diversité et l’inclusion dans le sport automobile.
« Si je pouvais avoir l’opportunité de travailler avec la FIA sur comment améliorer la diversité et l’inclusion, ce serait un rêve. Je pense qu’il y a une grande opportunité pour eux afin d’améliorer le sport automobile.
En Angleterre, par mon travail avec Stonewall, je suis sur de grands évènements où il y a par exemple le FA (Association Football), ils sont tous motivés pour améliorer leur sport, pour le rendre plus inclusif, ils ont fait beaucoup de choses pour être certain pour que leur sport soit accueillant pour tout le monde. Il n’y a pas quelque chose comme ça dans le sport automobile. Il y a Racing Pride mais il y a vraiment une opportunité pour la FIA pour prendre l’initiative. L’an dernier, pour la première manche de Michelin Le Mans Cup au Circuit Paul Ricard, j’ai parlé avec quelques personnes qui travaillent avec la FIA. Ils ont été très ouverts à ce que j’ai pu dire. Mon impression est qu’il y a des gens qui ont la mentalité », ajoute Charlie Martin.
Charlie Martin, une « franglaise »
Durant plusieurs saisons, Charlie Martin, dont le français est remarquable, a couru dans divers championnats de France, notamment en course de côte ou encore en TTE, lors de la manche finale du championnat 2017 au Mans. Elle nous explique son attachement à l’Hexagone.
« J’ai fait trois ans de courses de côte en France. Je venais en vacances aussi. Ma dernière année de compétition en France, je l’ai faite dans l’équipe de Nicolas Schatz. Nous avons fait la dernière course du championnat TTE au Mans, en 2017, où nous avons fini troisième. C’était un début de rêve d’être sur un podium au Mans. La Norma était une des meilleures voitures que j’aie pu piloter.
Je suis fascinée par la France. Quand je suis venu courir en France, durant une période dans ma vie où j’ai cherché une nouvelle expérience là où personne ne me connaissait auparavant, c’était une renaissance. Toutes les personnes que j’ai rencontrées ont été très accueillantes, c’était une période très enrichissant donc je suis toujours au comble de bonheur d’être en France », conclut Charlie Martin.