La Formule 2, une catégorie à l’histoire plus que troublée, souhaite revenir sur le devant de la scène sous l’impulsion de la FIA et de Stefano Domenicali, président de la Commission Monoplace de la FIA. L’objectif est de concurrencer les deux antichambres de la F1, à savoir le GP2 et la Formule Renault 3.5.

UNE HISTOIRE CONTROVERSÉE

L’histoire de la Formule 2 est parsemée d'embuches, si la catégorie passe officiellement sous la tutelle de la FIA après la seconde Guerre Mondiale, il existait auparavant une catégorie similaire appelée « voiturette ». Par la suite, est venu le temps de la Formule B, puis l’histoire de la F2 commença officiellement avec une première course à Stockholm en 1948.

Mais la F2 va prendre une autre dimension aux débuts des années 1950. Face à une F1 dont la santé financière reste incertaine et au retrait d’Alfa-Roméo, la CSI (Commission Sportive Internationale) décide de réserver le championnat 1952 et 1953 aux F2. Une fois le championnat relancé, la F1 reprend son statut et la F2 connait un premier déclin. En 1957, le changement de motorisation relance les monotypes (le passage d'une cylindrée de 2500 cm3 à 1500 cm3). La F2 laisse sa place en 1961 à la Formule Junior avant d’être réintroduite en 1964 avec un moteur de 1000 cm3.

Le premier championnat européen est lancé en 1967, avec des moteurs de 1600 cm3. Cette première édition réunit plus de 20 équipes et une trentaine de pilotes. Il est remporté par le Belge Jackie Ickx. Jusqu’en 1984, la Formule 2 européenne verra des noms prestigieux s’ajouter à son palmarès, tels que Clay Regazzoni, Mike Hailwood ou encore de nombreux français comme Jean-Pierre Beltoise, Jacques Laffite ou René Arnoux. En 1984, la F2 disparaît du paysage automobile, laissant la place à la F3000, remplacée depuis par le GP2.

En 2008, la FIA décide de relancer la F2 pour faire concurrence au GP2, catégorie non gérée par l’organe directeur de l’automobile. La FIA a en tête de faire de la F2 la nouvelle anti-chambre de la F1. Le championnat est promu par la société MotorSport Vision de Jonathan Palmer. Le châssis est conçu par Williams et le moteur est un Audi 4 cylindres développé par Mountune Racing. Le championnat met en avant les pilotes puisqu’aucune équipe n’y est inscrite, les pilotes courant sous les couleurs de sponsors. Le championnat commence en mai 2009, mais le 19 juillet 2009, Henry Surtees décède en course après avoir été percutée par une roue provenant d’une voiture accidentée. Cet incident ne portera pas préjudice à la catégorie puisque le championnat tiendra jusqu’en 2012 avant de cesser, faute de participants. Ont participé à ce championnat Jolyon Palmer, fils de l’exploitant du championnat ou encore Dean Stoneman (actuel pilote de filière Red Bull).

LE RENAISSANCE ?

Mais voilà qu’aujourd’hui, la FIA compte relancer une énième fois le championnat de F2. « Ce que nous voulons faire, c’est créer une catégorie de haut niveau, qui ferait suite à la F3 et où les pilotes pourront se préparer pour la F1 », indique Frédéric Bertrand de la Commission FIA. L’objectif semble donc clair : détrôner le GP2 mais aussi la Formule Renault 3.5. Et la FIA s’est donné les moyens de relancer cette catégorie qui semblait morte-née. La FIA a dévoilé le barème des points pour l’obtention de la super licence. Alors que le champion de Formule Renault 3.5 n’aura que 35 des 40 points requis pour celle-ci, les deux premiers du championnat GP2 auront obtenu le nombre de points nécessaires. Et la F2 ? Les 3 premiers disposeront du nombre de points nécessaires pour avoir la super licence. Réaction étonnante de la part de la FIA pour une catégorie qui n’est pas encore active.

Mais alors, pourquoi la FIA mise-t-elle autant sur la F2 ? Parce qu’elle n’a pas de catégorie débouchant sur la F1, tout simplement. Si on regarde de plus près l’échelle de la compétition, la F3 Europe est la dernière catégorie dirigée par la FIA avant la F1. Les GP2/GP3 sont gérés par la FOM et les World Series par Renault Sport. Donc la FIA n’a la main sur aucun des tremplins vers la F1. De fait, la création de ce championnat n’est qu’une simple alternative à d’autres connaissant le succès.

FUSIONNER AVEC UNE AUTRE CATÉGORIE POUR EXISTER

L’idée d’une fusion avec l’une des catégories semblerait une solution. « Nous ne pouvons pas décider d’une fusion encore, nous ne pouvons pas décider de créer des choses. La chose la plus importante est de décider ce que nous voulons obtenir. Puis, une fois tout le monde d’accord, nous allons travailler sur la façon de le faire », expliquait Frédéric Bertrand il y a quelques mois.

Aujourd’hui, que ce soit du côté du GP2 et de la Formule Renault 3.5, cette idée émerge. Tout d’abord, du coté du GP2, Bruno Michel est clair sur le sujet : il répondra à la demande que si des conditions sont respectées. « Tout dépendra du cahier des charges.  Notre volonté est de proposer des performances proches de la F1, afin de préparer les jeunes pilotes aux Grands Prix, tout en contrôlant les coûts. Si cette volonté est présente dans le cahier des charges, pourquoi ne pas y répondre ? Mais dans le cas où ce n'est pas la priorité de la FIA, en voulant introduire des technologies hybrides par exemple, alors nous nous abstiendrons. La concurrence ne nous pose aucun problème, même s'il n'est pas sain d'avoir plusieurs séries recherchant le même profil », expliquait Bruno Michel à Bahreïn.

De l’autre côté, Patrice Ratti, directeur général de Renault Sport Technologies, annonce vouloir discuter avec Stefano Domenicali prochainement. « Bientôt, nous allons rencontrer Stefano Domenicali afin de vérifier la faisabilité du projet F2, nous espérons que nous pouvons trouver un accord qui satisfera les deux parties », déclarait-il. L’objectif de Renault est d’assurer l’organisation et la promotion de la future F2. Aussi, l’idée est d’insérer sept meetings avec les World Series by Renault (avec la Formule Renault 2.0 et le Renault Trophy R.S.01), un autre meeting à Monaco et les deux restants avec le WEC et le WTCC, soit 10 meetings au total. Mais le désengagement de la marque au losange de la 3.5 semble avoir compromis ce plan, laissant la voie au GP2.

La FIA veut que le promoteur de la F2 prenne en charge la voiture. Renault semble proposer un package Dallara-Gibson avec une augmentation de puissance et de la performance des pneus Michelin. Mais d’autres acteurs ont été entendus. Ferrari a exprimé son désir d’alimenter les monoplaces d’un moteur badgé Alfa-Roméo. La rumeur aussi d’une motorisation de Volkswagen s’est fait entendre, sans pour autant être confirmée.

L’idée d’avoir une fusion avec une catégorie existante montre la fragilité du projet initialement prévu par la FIA. Il y a quelques jours, Stefano Domenicali a déclaré « être ouvert à toutes les situations » et qu’il discute avec « avec les différents fabricants - moteur comme châssis ». Aussi, la motorisation souhaitée n’est pas clairement définie, même si elle semble se rapprocher de ce qu’on peut connaître en F1 actuellement. Autant d’éléments qui montrent le côté « approximatif » de cette nouvelle série qui devra s’appuyer sur une force déjà en présence. Cependant, en juillet dernier, les organisateurs du GP2 ont répondu à l'offre de la FIA pour promouvoir le championnat. Maintenant, reste à savoir ce que la FIA décidera sur l’avenir de sa nouvelle série, qui pour le moment ne semble aider que par le barème de la super licence, à savoir 40 points pour le premier, le second et le troisième.