Alexis Giroud a participé en 2019 à la première édition du volant FEED Racing, créé par le champion du monde de Formule 1, Jacques Villeneuve, et son ami, Patrick Lemarié.

Si le jeune pilote Marseillais (boucher de métier) sans expérience en monoplace, n’a pas remporté le volant, il a néanmoins réussi à se hisser en finale, tapant dans l’œil de Villeneuve qui a décidé de l’accompagner dans son rêve de devenir pilote professionnel. Quatre ans après, nous avons rencontré Alexis pour qu’il nous parle de son expérience avec FEED et qu’il nous dise où il en est aujourd’hui.

Rencontre avec Alexis Giroud, finaliste FEED Racing

Atteindre le milieu du sport automobile sans avoir de moyens financiers et de contacts est une  mission quasi impossible. C’est en partie pour changer ça que Jacques Villeneuve et Patrick Lemarié  ont lancé le volant FEED Racing en 2019.

Depuis quatre ans maintenant, ce concours permet à des apprentis pilotes de toucher du doigt leur passion et, pourquoi pas, aller plus loin.

Un des participants les plus marquants et emblématiques a été Alexis Giroud, ce jeune boucher marseillais, sans expérience et sans financement, qui a réussi à atteindre les finales de la première édition en terminant sur le podium, à la 3eme place.

Sur le podium de la première édition de FEED Racing

Il a fallu une bonne dose d’insouciance à ce jeune pilote de karting amateur de 19 ans à l’époque, pour se lancer dans l’aventure, comme il s’en souvient aujourd’hui : « Tout s’est fait assez vite. Un  jour, je suis tombé sur l’annonce de la création de FEED Racing et du projet de Jacques Villeneuve de donner accès à la monoplace à des jeunes pilotes qui ne sont pas forcément issus du milieu du sport automobile. »

« J’avais le profil et je me suis lancé, même si le montant de l’inscription m’a d’abord fait beaucoup réfléchir. Mais la frustration était trop grande et je ne voulais pas passer à côté de cette  opportunité. » nous a-t-il confié.

Passionné par les voitures et le sport automobile, l’expérience d’Alexis était quasiment nulle, malgré quelques tours de roues en karting de loisir : « Cela faisait à peine un an que je faisais du karting. Je  m’y suis mis assez tard, à 19 ans. » 

« J’ai toujours été passionné par les automobiles. J’ai attendu avec impatience mes 18 ans pour pouvoir passer mon permis et avoir ma propre voiture. J’allais rouler au circuit de karting de Vitrolles [ndlr : à quelques kilomètres de Marseille]. J’ai participé à quelques championnats amateurs et comme je n’étais pas trop mauvais et qu’on me disait que j’avais du potentiel, j’ai commencé à y croire. »

« Je fréquentais pas mal de circuits et ca me permettait d’améliorer encore plus mon pilotage. Parallèlement, je continuais mon métier en boucherie et je travaillais dans le commerce de mon père, à Marseille. » nous explique le jeune pilote.

Mais une fois l’idée mise sur la table, il a fallu penser concrètement. Et donc, parler d’argent. Car l’inscription au volant FEED Racing, même si elle restait abordable, était néanmoins très loin du budget qu’Alexis pouvais normalement investir. Là encore, l’opportunisme du jeune homme a payé : « Je suis allé voir ma banque, j’ai expliqué mon projet et ils m’ont accordé un crédit à la  consommation. »

« Je n’avais aucun sponsor mais par chance, la banque faisait une opération spéciale sur ce type de  crédit avec un taux vraiment très bas. Je ne sais pas si c’était du hasard ou un signe, mais j’ai  foncé ! »

Une fois sur place, son manque d’expérience et de connaissance du milieu du sport automobile auraient pu être un handicap. Mais la bienveillance de Jacques Villeneuve et Patrick Lemarié lui ont  permis de passer un cap : « Je suis allé me présenter tout seul, sur le circuit de Magny-Cours, alors que les autres concurrents, plus chevronnés, étaient entourés de leur famille ou même de leur coach parfois. Jacques Villeneuve venait donc naturellement vers moi pour m’expliquer certaines choses et se soucier de savoir si tout se passait bien. » 

« J’étais à la fois, perdu, effrayé mais terriblement excité et content. Ma peur est passée inaperçue. Le fait de n’avoir aucune expérience en monoplace ne m’a pas aidé, c’est sûr. Pas vraiment sur le plan de la performance, mais il me fallait beaucoup plus de temps que les autres pour me mettre en place. » 

« FEED Racing m’a vraiment permis de me développer très rapidement. C’est incroyable ce que j’ai pu apprendre en seulement quelques jours. Je suis passé d’un gamin qui fait du kart loisir à un pilote quasiment semi-professionnel. » nous confie Alexis, des étoiles dans les yeux.

« Cela m’a fait énormément travailler mon pilotage. On se concentrait essentiellement là-dessus vu qu’il n’y avait pas d’analyse de données. Jacques Villeneuve, Patrick Lemarié, Xavier Pompidou, Julien Poncelet ou Philippe Chatelet se déplaçaient tout autour du circuit pendant qu’on roulait et revenaient vers nous ensuite pour nous expliquer ce qu’ils avaient vu et ce qu’il fallait corriger. Juste à l’œil, comme ça. Je dois dire que c’était assez impressionnant et ils savaient de quoi ils parlaient. » 

Jacques Villeneuve et Patrick Lemarié en soutien

Finaliste malheureux de cette édition, Alexis est pris en sympathie par Jacques et Patrick qui lui promettent de ne pas le laisser tomber. Un test sur le circuit de Valence, en F4 avec une grande  écurie, est organisé. Alexis développe encore plus ses compétences et même si cette expérience ne débouche sur rien de concret, Jacques Villeneuve a encore un plan pour son jeune protégé, même si la crise sanitaire vient chambouler cette progression.

« Après la FEED, Jacques et Patrick ne m’ont pas lâché. Ils ont tenu parole et ils sont allés voir un grand constructeur pour essayer de me faire recruter pour participer à un championnat en  monoplace. » poursuit Alexis.

« J’ai fait un test à Valence, sur deux jours. Là, j’ai eu accès aux données télémétriques et j’ai pu mettre en application tout ce que j’avais appris durant la FEED. Ce roulage a été presque plus important que la FEED elle-même car j’ai enfin compris tout ce que j’avais assimilé depuis. Jacques était à mes côtés et il m’a permis de faire un gros travail sur mon pilotage et sur la compréhension de  la monoplace. » 

« En parallèle, Jacques avait également développé le volant FEED avec le championnat d’Euro Nascar, dans lequel il courrait. Ils m’ont fait participer à ce nouveau programme à la fin de l’année 2021. Là  encore je suis arrivé en finale mais cela n’a débouché sur rien. » 

Si le rêve d’Alexis de rejoindre un jour un championnat de monoplace semble aujourd’hui derrière lui, son expérience et sa maturité ne lui ont pas fait abandonner son rêve d’être un jour pilote professionnel.

Aujourd’hui, il a réorienté son ambition vers les championnats de voitures de Tourisme et vise une place en GT4, toujours sous le regard bienveillant de Patrick Lemarié et d’un manager qu’il a rencontré après avoir frappé à toutes les portes, à la recherche de sponsors pour financer son rêve : « Je suis toujours en contact étroit avec Patrick et il n’hésite jamais à me contacter s’il peut m’offrir une opportunité dans le sport automobile. Leur volonté d’accompagner les jeunes, avec Jacques, n’est pas juste une façade. C’est une vraie mission pour eux. » tient à préciser le Marseillais.

« Malgré quelques expériences malheureuses, je n’ai pas baissé les bras, même si j’ai parfois  sérieusement pensé à tout arrêter. Le manque de moyens financier, le manque d’opportunité malgré l’accompagnement de Jacques et Patrick m’ont fait réfléchir. Mais la passion du pilotage est vraiment la plus forte. J’ai mené une réflexion sur ma volonté d’être pilote professionnel. La monoplace, pour quelqu’un comme moi, c’est inabordable. Même avec l’aide de FEED Racing. » 

« Mais aujourd’hui, le championnat de voiture de Tourisme me semble être un objectif atteignable. Ces derniers temps j’ai eu la chance de rencontrer une personne qui m’accompagne dans ma recherche de sponsors pour rouler en GT. Il travaille en collaboration avec une écurie évoluant en GTWC et GT4, soutenue officiellement par Aston Martin, au sein de laquelle j’ai potentiellement une place de pilote. »

« En même temps, je sonne à toutes les portes, j’envoie des mails à beaucoup d’entreprises pour expliquer mon projet et tenter de les convaincre. Pour trouver un sponsor, il te faut de la visibilité. Dans ce sens, FEED m’a permis de me faire une image, même furtive. Je fonde beaucoup d’espoir sur ce  nouvel élan que j’essaye de donner à ma passion. » 

La passion du sport automobile traverse les générations. Il est donc intéressant et valorisant que des pilotes renommés et confirmés comme Jacques Villeneuve et Patrick Lemarié s’investissent dans le développement d’une jeune génération de passionnés qui peut avoir du mal, pour diverses raisons évoquées plus haut, à faire vivre leur volonté de professionnalisation.

Même si la Formule 1 reste le Graal ultime et très souvent inatteignable, le sport automobile regorge de championnats professionnels qui peuvent accueillir des pilotes qui rêvent de dédier leur vie à leur passion, à l’image d’Alexis Giroud.