Tombé dans la marmite du sport automobile à l’âge de six ans, Oscar Arcila est passé maître dans l’art de réaliser de grandes choses avec de tous petits moyens. Si son aventure dans le championnat VdeV a pris fin prématurément cette année faute de budget, le natif de Montmorency ne s’est pas pour autant apitoyé sur son sort, préférant se tourner vers une saison 2017 qu’il espère autrement plus productive. Lancé dans une éreintante quête aux sponsors depuis le début de l’été, l’espoir tricolore profite d’un instant de répit pour revenir sur les grands moments qui ont jalonné son parcours dans l’univers de la course. De ses tous premiers tours de roue en minikart, à son passage par ART Grand Prix sans oublier ses problèmes financiers ou encore ses récents tests en F3 avec Campos Racing : Arcila retrace le fil conducteur de sa jeune carrière dans une interview-portrait exclusive.

Oscar, de quelle manière avez-vous débuté votre carrière en sport automobile ?

Tout est parti au départ d’un jeu vidéo sur Playstation 2 : Grand Turismo Concept. Mon père se l’est acheté pour se faire plaisir et un jour il m’a passé la manette. Comme je suis assez rapidement parvenu à le battre, il s’est demandé si j’étais en mesure de reproduire la même chose en vrai. Il m’a emmené au Racing Kart de Cormeilles et m’a poussé au fond d’un baquet. Je n’avais que six ans à l’époque, mais j’ai tout de suite adoré le minikart. Voyant que je m’en sortais plutôt bien, mon père m’a offert mon premier kart un an plus tard en 2004. J’ai alors pu me lancer en compétition.

Vous avez d’ailleurs remporté la première course à laquelle vous avez participé en karting sur ce même tracé du RKC. Quel souvenir en gardez-vous ?

Cela reste forcément un moment très spécial pour moi. Depuis le début, je me suis toujours bien senti au fond d’un kart. Même si je n’avais pas une grande expérience derrière moi, je suis parvenu à m’imposer ce jour-là. Ce souvenir va rester graver en moi encore un long moment tout comme celui de mon premier titre au Trophée Gentleman en 2005. Celui-là, je ne l’oublierai jamais.

Vous allez coiffer deux autres couronnes de champion dans les catégories Minime et Cadet avant de grimper en KF3. Des transitions ont-elles été plus difficiles à digérer que d’autres ?

Non pas vraiment. Ma progression a été, au contraire, plutôt linéaire jusqu’à la KF3. Lorsque l’on a commencé à toucher un niveau international, les choses se sont compliquées parce que notre budget ne pouvait pas nous permettre de nous battre aux avant-postes à la régulière. On n’avait pas les moyens de se payer un châssis neuf ou un nouveau moteur à chaque course comme certains pilotes. On ne disposait pas non plus d’un matériel à la pointe donc on a dû se battre avec nos petits moyens. Je me suis appuyé sur mes capacités au volant pour essayer de tirer le meilleur parti du kart qui m’était alloué.

« Christian Muller m’a apporté beaucoup d’assurance »

Vous rejoignez en 2013 un grand nom du sport automobile ART Grand Prix. Avez-eu le sentiment de réellement rentrer dans la cours des grands en intégrant l’écurie française ?

Complètement. Le changement a effectivement été très important. On est un peu surpris au départ de voir ces grandes semi-remorques et ces tentes géantes à l’intérieur du paddock. Puis, on finit par s’y habituer. L’avantage de ces grandes équipes est que l’on bénéficie du soutien de professionnels dans de nombreux domaines. Cela facilite clairement la tâche du pilote. Après, les recettes miracles n’existent pas. Quand on est sur la piste, plus personne n’est là pour t’aider. Tout se passe généralement entre le baquet et le volant.

L’année suivante est assez fructueuse pour vous puisque vous terminez à la troisième place du championnat Île-de-France en KZ. Que vous-a-t-il manqué pour empocher un nouveau titre ?

L’argent tout simplement. Encore une fois, on n’avait pas les moyens de se payer le matériel dernier-cri ou les tous nouveaux moteurs. On ne pouvait pas non plus effectuer énormément d’essais, car cela coûte cher. Ce manque de moyens financiers nous a clairement pénalisé dans la quête du titre. Il nous a également privé de davantage de régularité en course, condition pourtant essentielle pour espérer remporter un championnat. Plusieurs accrochages sont enfin venus entraver notre parcours cette saison là.

Après plus de onze années passées sur les pistes de kart, vous avez décidé de franchir un nouveau cap en 2015 en rejoignant le championnat VdeV. Vos débuts en monoplace se sont avérés idylliques puisque vous empochez le titre avec la manière en raflant 17 victoires en autant de courses. Comment expliquez-vous une telle hégémonie ?

L’osmose au sein de SG Racing était tout bonnement excellente. Le team manager de l’écurie Christian Muller m’a apporté beaucoup d’assurance et fait progresser à tous les niveaux. Je lui dois tout. Il a été vrai tremplin dans ma carrière. En outre, je me sentais vraiment très bien à l’intérieur de la voiture. Quelque soit le circuit, tout s’est toujours déroulé parfaitement. On n’a connu aucune casse sur la voiture. Notre régularité parfaite a été la clé du championnat, car elle nous a permis de remporter toutes les courses.

Vous avez abordé les six meetings de la saison sans connaître les tracés faute de budget ce qui ne vous a pas empêché de triompher à chaque fois. Quel est votre secret ?

J’étais constamment à 300% lors des meetings. Le fait d’arriver à chaque fois au dernier moment et de découvrir le tracé lors des essais officiels me mettait toujours un peu le stress. Mais je ne me pointais pas sans préparation pour autant. Avant chaque épreuve, j’accumulais un maximum de « roulage » sur simulateur. Comme je ne pouvais pas m’entraîner en piste, j’ai appris les circuits par ce biais-là. Quand on arrivait le jour j, je n’étais pas complètement dépaysé et j’ai ainsi pu tirer mon épingle du jeu.

« Plus déterminé que jamais à faire mon trou en sport auto »

Votre saison 2016 s’est arrêtée plus tôt que prévu puisqu’après trois meetings sous les couleurs du RC Formula et deux victoires, vous avez été obligés de quitter la catégorie reine du championnat VdeV à cause d’un manque de trésorerie. Ce départ précoce de la Classe A a-t-il été difficile vivre ?

Je mentirais en prétendant le contraire, mais je préfère tout de même retenir le côté positif de cette expérience. Tout ce que j’ai emmagasiné cette année en Classe A me servira l’an prochain. J’ai constamment souffert d’un manque de moyens financiers depuis mes débuts donc j’ai appris à relativiser les choses et à ne conserver que le meilleur. Je ne ressens pas de l’impuissance, mais au contraire de la rage. Je suis plus déterminé que jamais à faire mon trou en sport auto.

L’entité Guru4Racer, désormais en charge de votre carrière, vous a obtenu pendant le mois d’août un test à Valencia sur une Formule 3 du team Campos Racing. Ces essais se sont-ils révélés concluants ?

Les tests se sont avérés très éprouvant physiquement parce qu’on était en août et qu’il faisait extrêmement chaud en Espagne à cette période de l’année. Mais dans l’ensemble, cela s’est super bien passé. L’équipe s’est montrée très satisfaite de mes performances en piste. Pourtant, cela n’avait rien à voir avec la Tatuus F2.0 que j’avais l’habitude de piloter en VdeV. On arrive dans un tout autre niveau avec la F3. Les voitures sont nettement plus pointues à exploiter. Elles possèdent beaucoup plus de puissance et d’appuis aérodynamiques.

Que visez-vous l’an prochain ? Une montée en Formule 3 ?

Tout va dépendre du budget que l’on réussira à réunir d’ici la fin de l’année, mais l’objectif est effectivement de monter en F3 l’an prochain. Je pense qu’on n’aurait pas de soucis à se faire si on devait collaborer avec Campos, car ils savent désormais de quoi je suis capable. Maintenant, on étudie également d’autres propositions. On est notamment en pourparlers avec DriveX Racing et deux ou trois autres équipes. On préfère élargir les horizons possibles et ne pas se cantonner qu’à Campos afin d’augmenter nos chances de rouler en Formule 3 en 2017.