L'épopée de Peugeot outre-Manche en BTCC avec une deuxième voiture toujours en fond de classement. Retour sur la Peugeot 406 qui a participé au championnat BTCC de 1996 à 1998.
Pour tous les fans de courses de voitures de tourisme, les années 90 étaient un âge d'or où chaque week-end était marqué par des courses réunissant les plus grandes marques européennes sur les circuits les plus prestigieux du continent. Les marques françaises étaient également de la partie, avec plus ou moins de succès.
1996 : une naissance dans la douleur
Pour la saison 96, l'équipe Peugeot part sur de nouvelles bases pour essayer de mieux faire que lors des quatre premières saisons, et la vieillissante 405 laisse place à la nouvelle berline Sochalienne, la 406. Pour la première saison de la nouvelle monture, les couleurs restent proches de celles de la 405 de la saison précédente.
La 406 arbore alors toujours une livrée bi-ton, rouge et bleue pour la saison 96, toujours avec ses traditionnelles jantes blanches. Pour cette première année, malgré le budget serré, le développement de la berline au lion se fait en partenariat avec Prodrive.
Il y eut également des changements du côté des pilotes, avec l'arrivée de Tim Harvey aux côtés de Patrick Watts. Harvey était notamment connu pour être un très bon pilote de développement grâce à ses connaissances techniques, exactement ce dont Peugeot avait besoin pour sa nouvelle monture. Il avait déjà montré ses qualités chez BMW, en remportant le titre en 92, puis chez Renault avec la Laguna, permettant à l'autre constructeur français du plateau de lancer le développement de sa nouvelle berline sur la bonne voie.
Cependant, la saison ne se passa pas comme espéré, et les résultats furent désastreux, notamment la faute à une fiabilité laissant à désirer. À part une course à Snetterton où il finira quatrième, la nouvelle recrue Harvey ne peut faire de meilleurs résultats que huitième tout du long de la saison. Sa monture le contraint notamment treize fois à abandonner (soit exactement la moitié des courses de la saison), dont cinq fois d'affilée en deuxième moitié de saison.
De son côté, son coéquipier Patrick Watts ne fait pas beaucoup mieux, détenant le triste record de dix courses consécutives non finies (un mélange de DNF et DNS). Le résultat est alors sans appel, les deux pilotes se classant quinzième et seizième (avant dernier des pilotes d'usine) en fin de saison, avantage Tim Harvey. Au classement des constructeurs, Peugeot se classe dernier ex-aequo avec Ford, la marque à l'ovale bleu ayant perdu sa gloire d'antan.
1997 : Peugeot prend des couleurs
La Peugeot de la saison 97 va s'inscrire dans l'histoire du championnat britannique pour une raison bien particulière : sa magnifique livrée. En effet, un an avant son homologue Renault, la Peugeot 406 aborde pour la nouvelle saison la mythique livrée vert et or.
Cette révolution sur la carrosserie sera également accompagnée d'améliorations sous le capot et, même si la Peugeot 406 reste un concurrent de milieu de tableau en raison du faible budget alloué au projet, des signes d'amélioration apparaissent au cours de la saison. Le partenariat avec Prodrive est également arrêté après seulement une année, et le développement est maintenant confié à MSD (Motor Sport Developments), un autre bureau d'études britannique spécialisé dans le sport automobile.
Les fans de BTCC de l'époque se souviennent sûrement toujours de la course sous la pluie battante à Thruxton, qui est probablement la plus belle course d'une Peugeot lors de cette ère du championnat britannique. La pluie commençant à faire son apparition sur le circuit, Tim Harvey profite d'un Safety-Car pour s'arrêter au stand et monter des pneus pluie. Ce pari était fortement risqué, la course sprint ne comprenant que vingt tours, et le pilote ressort en dix-septième position.
Cependant, grâce à sa dextérité sur piste mouillée (et aussi face à des concurrents qui, pour certains, roulent avec des gommes slick sous la pluie), il remonte un à un ses concurrents, tournant entre trois et cinq secondes au tour plus rapidement que la tête de course.
Malheureusement ralenti par des retardataires respectant de manière assez libertaire les drapeaux bleus agités en bord de piste, il échoue à moins d'une seconde de Tarquini pour la première place. La légende raconte qu'il manqua un petit tour à Peugeot pour enfin signer sa première victoire, après cinq ans d'attente...
Tim Harvey fut alors le leader de l'équipe française lors de sa deuxième saison, se classant neuvième au classement pilotes (première fois qu'un pilote Peugeot finit dans le top 10 depuis 94), notamment grâce à deux très belles deuxième places. De son côté, Watts ne peut faire mieux que seizième.
Alors que son homologue français au Losange offre une domination insolente pendant cette saison, rentrant dans les livres d'histoire en écrasant la concurrence, Peugeot doit, malgré des coups de génie de Tim Harvey laissant entrevoir des lueurs d'espoirs dans une équipe ayant perdu tout espoir de victoires et toujours se contenter des places de fin de peloton. La marque au Lion finit donc sixième au classement constructeurs, seulement devant Ford et Vauxhall, deux équipes également malades et plombées par les ennuis mécaniques.
1998 : Bon dernier pour la dernière
Pour sa dernière saison en BTCC, Peugeot procède à un ultime changement de pilote. Patrick Watts est alors remplacé Paul Radisich, en provenance de Ford. Après deux très belles troisième places avec le constructeur américain (ou allemand en Europe) en 93 et 94, les résultats se sont détériorés pour le pilote australien, la Mondéo n'étant plus à la hauteur de la concurrence surarmée.
Malgré ce transfert de luxe, les deux 406 n'eurent pas beaucoup plus de succès sur la piste que lors des saisons précédentes. Mélange de malchance (les deux pilotes comptabilisent dix-sept abandons à eux deux) et de piètres performances (la 406 était clairement ralentie par un manque de puissance), la marque au Lion ne fit malheureusement pas ses adieux au championnat de tourisme britannique sur une note positive.
Paul Radisich put tout de même finir quelques courses sur de bons résultats, voir même mener certains tours lors de la dernière course à Silverstone grâce à une stratégie de ravitaillement décalée (avant de finir derrière plusieurs voitures privées).
Cependant, comme sa devancière, la 406 n'avait pas été à la hauteur sur les circuits outre-Manche, et cette dernière saison ne dérogea pas à la règle. Peugeot clôt alors son aventure BTCC sur une nouvelle dernière place au classement des constructeurs.
Des questions sans réponses
En observant la carrière de Peugeot sur les circuits de tourisme européens pendant les années 90, on remarque directement que l'aventure BTCC fait tâche au milieu des succès sur les autres circuits européens. Alors que Peugeot se frotta avec succès aux cylindrées allemandes outre-Rhin, la marque au Lion ne passa même pas un drapeau à damier en première position au Royaume-Uni.
Plusieurs explications ont été soulevées : un développement aérodynamique plus adapté aux circuits rapides allemands qu'aux tracés sinueux britanniques, manque de moyens et de soutien de la part de Peugeot Sport France, impossibilité d'utiliser les mêmes pièces qu'en Allemagne en raison de petites différences règlementaires...
Quoi qu'il en soit, l'aventure Peugeot en BTCC fut un réel échec, et son homologue français au Losange prouva bien que des berlines françaises pouvait se frotter aux carrosseries britanniques sans froncer. L'aventure Peugeot en BTCC continua tout de même dans des classes inférieures avec, successivement, la 306 Maxi, la 406 Coupé et la 307, avec plus ou moins de succès.