Dimanche 15/04/18 : « étape tranquille »

Los Antiguos - Rio Mayo
175 kilomètres
Après l'étape la plus longue du parcours, réalisée la veille (414 km), la journée de dimanche a commencé agréablement avec la vue sur l'immense lac Argentino depuis l'hôtel. L'air s'est radouci. La ville de Los Antiguos, située dans une vallée fertile à la frontière du Chili, déploie un paysage agreste et reposant. L'origine du nom de la ville provient d'une légende des indiens Telhuelches qui choisissaient cet endroit paisible pour mourir.

Les voitures ont été installées la veille dans le parc de la fête de la Cerise, l'un des produits agricoles les plus renommés de la zone. Les branchements étaient impeccables, à la grande satisfaction de Mark Nitters, l'ingénieur électricien du raid, qui a pu passer une nuit tranquille. La presse est de nouveau présente ainsi que certains passionnés, professeurs et élèves d'écoles techniques qui veulent essayer les voitures. Le départ sera finalement donné vers midi en direction de Perito Moreno, une localité industrielle qui vit de l'extraction minière d'argent et d'or. Le paysage est à couper le souffle.

À un embranchement, les deux Zoé tournent dans la bonne direction mais la Tesla, emportée par son élan, continue tout droit et ne se rend compte de son erreur qu'après avoir fait... 50 kilomètres ! N'ayant d'autre solution que de faire demi-tour, elle termine l'étape avec les batteries presque vides à Rio Mayo.

L'équipe des vélos roule sans problème, affichant une moyenne exceptionnelle de presque 42 km/h !

Bastien Hieyte, dont la moto est immobilisée, rejoint l'équipe des cyclistes et collabore en conduisant le véhicule d'assistance. Il fait l'essai de rouler sur l'un des vélos durant quinze kilomètres et reconnaît qu'il faut être un sacré athlète pour tenir le rythme !

A l'arrivée à Rio Mayo, les véhicules sont garés sur l'espace de fête de la bourgade (parc Fiesta de la Esquila  -  fête de la Tonte). Un très sympathique électricien attend le groupe avec un boîtier équipé d'un bouton d'urgence et de deux prises de 32 ampères. Si les équipages ont raté de peu le rassemblement de 2000 moutons des environs avant l'hiver, ils sont très vite « assaillis » par la population locale prévenue en amont, qui souhaite voir les véhicules et les essayer.
La soirée est riche en surprise. Un grand rassemblement attend l'ensemble du groupe, au cœur même de l'« estancia » familiale d'une secrétaire de l'office de tourisme local.  Grand feu réduit en braises pour cuire l'agneau à la façon locale, rencontres variées et animations au programme.
Retour en fin de soirée à l'hôtel, suspendu dans le temps et tenu par deux sœurs âgées appartenant à une famille bulgare qui, dans les années trente, avait été envoyée par les Anglais pour construire les chemins de fer en Patagonie.

Lundi 16/04/18 : « La Patagonie, la vraie »

Rio Mayo - Gobernador Costa
227 km

L'étape en soi n'est pas si longue mais il s'agit de traverser un énorme plateau désertique, ce qui veut dire du vent et des montées et donc une autonomie plus réduite. Le paysage peut paraître monotone, de grandes extensions de steppes entrecoupées de rivières en lacets bordées d'arbres (des oasis dans l'immensité de la Patagonie) et quelques entrées d'estancias tellement étendues que l'on ne voit même pas la ferme depuis la route malgré l'horizon totalement dégagé.

Le groupe ne croise qu'une toute petite localité (Facundo) et, sans avoir trouver de possibilité de déjeuner, atteint finalement Gobernador Costa avec une autonomie restante de 50 km dans le cas de la Zoe 360 Energy, ce qui est un excellent score compte tenu des conditions extrêmes.

La bourgade semble sortir d'un Western : vent, poussière et montagnes rocheuses. Quatre personnes du service technique de la ville attendent les véhicules pour le branchement. Comme souvent, le terrain est tellement sec que la connexion de terre n'est pas suffisante, mais tout se passe bien au final.
A l'école du village, une centaine d'enfants trépignent d'impatience pour recevoir leurs invités... Les vélos, qui arrivent juste à temps pour rejoindre le groupe, deviennent rapidement le centre d'attention de tous. Elèves et instituteurs assaillent les cyclistes de questions et essaient les fameux engins à assistance électrique.

Le soir, le froid se fait plus intense et le vent souffle fort, un paramètre qui a d'ailleurs bien fait souffrir les cyclistes ce jour...

Mardi 17/04/18 : « Le début de la Patagonie sylvestre »

Gobernador Costa - Futalaufquen
227 km

Le départ a été avancé à 8 h30. Il fait très froid dehors et le jour n'est pas encore complètement levé. Denis Auvillain sur la Tesla quitte The Green Expedition - il doit rejoindre Singapour dans quelques jours - il sera remplacé à partir de Bariloche par le fameux skipper Eric Loizeau.

Dès les premiers kilomètres, le grand plateau désertique se transforme en une belle vallée avec la cordillère en toile de fond. Les tonalités et la végétation changent.

Toute l'expédition se retrouve pour déjeuner et est rejointe par les nouveaux participants : Lucia et Nicolás Ivanissevich qui vont remplacer leurs parents Alejandro et María-José pour les deux prochaines étapes, ainsi que Cédric Marinot qui va accompagner le team Ecosistema jusqu'à San Martin de los Andes. Le cycliste Jérôme Lelièvre, quant à lui, est arrivé la veille à l'hôtel pour remplacer Yannick Gorgeault, qui repart en France.

L'après-midi, les concurrents repartent vers le parc national Los Alerces. Les Zoé sont obligées de conduire en faisant particulièrement attention car leur autonomie est très limitée et le trajet inclut un fort dénivelé suivi d'une longue descente. Mais le paysage est tellement splendide que les équipes en profitent pour rouler tranquillement et se mettre à l'unisson avec la nature.
Après une  trentaine de kilomètres, la piste commence à border le lac Futalaufquen, l'un des plus beaux et réputés endroits de Patagonie pour pêcher.

Escale au seul hôtel encore ouvert sur la rive du lac en cette fin de saison. Les propriétaires et un ami électricien attendent les voitures et organisent en peu de temps les branchements sur le réseau dont l'énergie provient d'une micro turbine. Pour la première fois depuis le début du voyage, les équipes ont un peu de temps libre.
L'hôtel étant confortable et les propriétaires très accueillants, l'ambiance est beau fixe et la soirée s'annonce très animée. Le cuisinier a même préparé un costillar de vaca (des côtes de vache) et la tablée commande de bonnes bouteilles de vin de Mendoza  jusqu'à ce que survienne... une panne de courant ! Mark Nitters sort sans attendre contrôler les voitures, le reste des convives part découvrir la nuit étoilée de l'hémisphère Sud. Le dîner termine aux chandelles et les commentaires vont bon train sur la façon de charger les voitures pour repartir le lendemain. Heureusement, la panne ne dure pas plus d'une heure et tout le monde va se coucher avant minuit.
Le seul à ne pas fermer un œil est le pilote Bastien Hieyte qui attend avec anxiété son rendez-vous téléphonique et informatique à 5 heures du matin avec les techniciens de Zero Motocycle Europe pour réaliser le diagnostic de sa moto...

Maria-José Ivanissevitch (sur Renault Zoé du 10 au 19/04)

Avez-vous été surprise des réactions de la population lors de vos différentes escales de recharge ?

Oui, bien loin de ce que j'avais imaginé ! Même si la technologie n'est pas vraiment développée en Argentine, la population est plutôt informée. Les enfants des écoles posent des questions très pertinentes sur le fonctionnement d'un vélo ou d'une voiture électrique. Les adultes s'intéressent plutôt aux batteries, à leur fabrication, au branchement, au coût de l'installation des prises, etc.

Et sur le plan de l'énergie renouvelable, quelles sont les réactions ?

Lorsque nous expliquons que nous travaillons dans l'installation de panneaux solaires et que nous produisons de l'énergie grâce à un système photovoltaïque, les gens souhaitent comprendre combien de panneaux sont nécessaires sur une maison pour charger une voiture électrique, brancher un grigo ou d'autres équipements électroménagers. Leur objectif n'est pas tant de protéger l'environnement que d'acquérir une certaine autonomie vis-à-vis des compagnies électriques et des coupures actuelles.

Côté conduite, quel est le secret pour réussir ?

Celui qui va moins vite, arrive plus rapidement. Sur un des trajets, les vélos nous ont dépassés et ils ont gagné car ils allaient moins vite que nous. Le secret est de ne pas freiner, d´anticiper et d´ôter le pied de l´accélérateur car il faut laisser faire le frein moteur. C´est une conduite plus réfléchie qui implique de se poser des questions en permanence : comment démarrer, quand et comment accélérer sans risquer de prendre trop d'énergie, etc.

Globalement, la conduite et le rapport à l'auto sont complètement différents. Avec une voiture thermique, on sait que l'on aura de l´essence à la première station de service. Alors qu´avec les voitures électriques, les prises sont parfois rares. Aussi, le véhicule ne devient plus un simple moyen de transport mais un véritable partenaire. Si tu dépends de lui, il dépend de ta conduite...

D'après le Communiqué de Presse rédigé sur place de de Sylvie Le Roux
ATO / The Green Expedition
5 rue de Mayenne
72140 Sillé le Guillaume
www.thegreenexpedition.com