Après le bilan de ces 24 Heures du Mans 2017, nous sommes en droit de nous poser une question. Le LMP1, la catégorie reine du championnat du monde d’endurance serait-elle en danger ?

C’est l'interrogation de nombreux passionnés à la vue du « désastre » constaté lors de la dernière boucle mancelle. Des rumeurs qui planent autour de Porsche et de son retrait du WEC après 2018. Beaucoup considèrent que le système hybride est source de pannes mécaniques, mais si les faits ne leur donnent pas tout à fait raison. Mais l'inquiétude est légitime...

Le système hybride en serait-il la cause ?

En 2012, la FIA et l’ACO s’associent et créaient le WEC, le nouveau Championnat du Monde d’Endurance. Il fait suite à l'Intercontinental Le Mans Cup dont l’ACO en est seul créateur dont Peugeot en remporta les championnats en 2010 et 2011.

Peugeot se retire en 2012 à quelques mois du début du championnat à Sebring alors que la marque au lion avait tout de même développé son système hybride sur la 908. Le système hybride deviendra à cet instant, la clé du LMP1 et sera exploité à son maximum par les trois constructeurs officiels. Mais avant ça en 2011, l’hybride avait déjà fait ses essais avec l’Oreca 01 du Swiss Hyteck Group qui préparait déjà la saison en LMP1. Des efforts vains.

Le développement du système hybride est au centre du championnat du monde d’endurance mais le règlement veut que toutes les écuries qui s’inscrivent en LMP1 doivent être équipées de l’hybride. Le prochain championnat se veut révolutionnaire !

L'hybride, le mieux l'ennemi du bien ?

Tout va se focaliser autour de l’hybride. A chaque arrêts aux stands, les pilotes devront faire les premiers kilomètres en 100% électrique avant de repasser au thermique. A chaque ravitaillements, les mécaniciens devront brancher une prise pour recharger les batteries. Le règlement prévoit également une réduction des coûts, car la catégorie LMP1 est coûteuse. Le développement d’une LMP1 Hybride coûterait autour des 100 millions d’euros.

Un prix trop élevé pour des nouveaux constructeurs qui veulent se lancer ou relancer dans la premières catégories Proto. Car pour les constructeurs, il est difficile de partir d’une feuille blanche pour concevoir l’hybride dans un contexte économique difficile. Récemment c'est Nissan qui s'est illustré dans la débâcle, c'est l’exemple de la difficulté de la création d’une LMP1-H.
Peugeot que l'on dit tenté par un retour mais pas avant 2020, évalue le budget nécessaire pour se relancer dans le grand bain. Bruno Famin a déclaré au journal La Voix du Nord "L’endurance est le meilleur championnat pour les constructeurs pour tester les nouvelles technologies […] Nous n’avons pas changé de discours, revenir au Mans nous intéresse toujours mais il faut voir comment évolue le règlement pour prendre une décision".

En attendant, c’est Ginetta qui a annoncé son retour en catégorie LMP1 privée pour l’an prochain avec un projet non hybride, ce qui réduira leur coût de développement. Mais est-ce la bonne solution quand on voit la CLM du ByKolles qui ne peut rivaliser avec les officielles ?

Les LMP2 presque plus convoitées que les LMP1

Cette année, le système hybride ne donne pas forcement envie aux écuries de s’investirent dans le WEC. Depuis le début de la saison, les autos équipées du système électrique, ont connu quelques problèmes. Cela s’est confirmé lors des 24 Heures du Mans. Alors que Toyota menait la course, les autos ont abandonné suite à des problèmes, non liés directement à l’hybride, mais la firme nippone échoue une dix-neuvième fois au Mans.

Du coté de Porsche ce fut aussi une course difficile. Même si la victoire fut acquise au bout des deux tours d’horloge, celle-ci ne l’était pas le dimanche matin. André Lotterer qui menait la course, est au ralenti au niveau du Tertre Rouge. Le pilote Porsche ne parviendra pas à rallier son box et devra abandonner.
Après l’arrêt d’Audi en fin d’année dernière et le passage de Rebellion en LMP2, le plateau LMP1 s’est considérablement réduit. Même si Toyota a engagé trois autos, la catégorie ne comptait que six représentants.

Seul ByKolles, qui n’utilise pas ce système, ne pu rivaliser et dû abandonner dès la première heure de course. Lorsqu'on sait que le team autrichien ne participera pas au reste de la saison, pour mieux préparer la saison prochaine. Le spectacle eu lieu dans la catégorie inférieure.
En LMP2, le nombre d’engagés a été incroyable et très peu d’abandons au final. Dallara et Riley ont décidé de revenir dans la seconde catégorie prototype et les Dallara ont rapidement fait parler la poudre. Lors des Test Days, les vitesses de pointe des américaines ont été hallucinantes. Alpine s'est également illustré en améliorant le meilleur temps de la séance de qualifications de sept secondes malgré cette simple Journée Test.

Les LMP2, nouvel Eldorado !

Une amélioration et une vitesse de pointe qui se traduit par 100 chevaux de plus que l’an dernier. Pendant la course nous avons vu la différence dans les Hunaudières. Les LMP2 commenceraient-elles à faire de l’ombre aux LMP1 ? C’est ce que certains soupçonneraient en attribuant ces fameux 100 chevaux de plus pour faire du Le Mans Prototype 2, une catégorie « Boost » pour donner un peu de spectacle au vue de la catégorie LMP1 devenue faiblarde.

Ne serait-ce que le fait d’affilier le championnat américain d’endurance pourrait attirer d’autres constructeurs dont Mazda, Cadillac et Honda, présents sur le Tudor WeatherTech Sportscars. Mais pour l’instant, cela reste une des nombreuses hypothèses pour donner un second souffle au World Endurance Championship. Avec ces 24 Heures du Mans, pour l'heure, Toyota Gazoo sera présent en 2018 pour une revanche. Mais affronteront-elles les lauréates de 2017 ? Ce n'est pas si sûr car Porsche reste dans le flou. Venons-nous d'assister à la dernière course de Porsche aux 24 Heures du Mans en catégorie LMP1 ?