L'équipe belge sera au départ des 24 Heures du Mans pour la troisième fois cette année ! Après un succès retentissant en 2021, l'édition 2022 avait été marquée par un accrochage dès le premier tour...Entretien avec Vincent Vosse, chef d'orchestre de l'écurie belge.
24 Heures du Mans
Quel est le maître mot avant le départ de la course ?
On a appris à nos dépens l'an dernier que lorsque l'on est trop confiant, on ne passe pas le premier virage. On regrette notre tactique de début de course où nous comptions prendre la tête très rapidement. Au final on gagne 4 courses sur 6 dans la saison mais cette erreur au Mans nous coûte le championnat. En LMP2, il n'y a pas de BoP et la concurrence est très élevée. Cette année, à Sebring nous avons connu une course difficile, à Portimao nous nous sommes améliorés et à Spa nous sommes repartis de l'avant. On a mis le doit sur quelques sujets à améliorer et nous y travaillons.
Que pensez-vous de la nouvelle procédure safety-car ?
On appréhende un peu mais d'un autre côté c'est plus juste car il y aura moins de chance de se décaler et de gagner beaucoup d'un seul coup. C'est de toute manière à nous de nous adapter aux changements de réglementation.
L'an prochain vous serez en catégorie reine avec BMW, quand recevrez-vous la voiture ?
On a construit notre première voiture la semaine dernière et nous avons réalisé notre premier roll-out la semaine dernière et nous serons vite en test...Dans les 15 jours en piste. Cette période est très chargée, nous enquillons les essais préliminaires des 24 Heures de Spa, les 1000km du Paul-Ricard, la semaine Mancelle, les 24 Heures de Spa arrivent très vite ensuite...Entre Le Mans et Spa nous allons faire rouler la LMDh, même si ce n'est pas exactement la même équipe, cela a un impact. Pour la composition de l'équipe en vue de la saison 2024, nous serons fixés en Novembre. Pour la composition des équipages, on a déjà une base...
Toyota démontre son savoir faire cette saison à des constructeurs bien établis comme Porsche...Cela vous donne une idée du niveau à atteindre ?
La compétition en LMP2 est très forte, plus que celle qu'à eu Toyota ces dernières années en Hypercar. Je ne sous estime pas le travail que ça va être de se mettre au niveau de Toyota, même au niveau des pilotes. Ils sont plus que rôdés depuis leur retour en endurance en 2012. Toyota c'est une machine, et je pense que certains s'en sont seulement rendus compte cette année.
Cette édition du Centenaire a une saveur particulière pour vous ?
Bien sûr ! Comme pour tout passionné, c'est une édition à ne pas rater. C'est magique, je suis content d'être là et plutôt content de ne pas voir la pression de l'Hypercar pour cette année. Nous sommes sereins pour cette édition et surtout ravis de savoir que nous serons là à l'avenir.
Qu'est ce qui vous fait encore avancer aujourd'hui ?
Mon moteur c'est la passion. Il faut beaucoup de travail pour se maintenir au plus haut niveau...Vous le savez la BoP est très critiquée, j'adore engager l'équipe en LMP2 où par le passé en DTM dans des catégories sans BoP, mais il faut être réaliste, c'est la BoP qui m'a permis de monter cette équipe. Quand tu sais que tu mets tout en place et que tu es une demie-seconde derrière, cela met parfois un coup au moral mais l'expérience permet de passer au-dessus de cela.
Comment évaluez-vous les progrès de Valentino Rossi ?
Quel âge à Kévin Estre ? 35 ans. Demandez-lui si quand il aura 44 ans il sera à aussi haut niveau dans un championnat aussi relevé que le GT World Challenge et avec des voitures qui ne réagissent pas toujours naturellement, qui sont assez lourdes...C'est extraordinaire de le voir à ce niveau alors qu'il est relativement débutant en sport automobile, il n'est pas au top niveau des meilleurs, mais il s'y approche à grands pas. Sa longue carrière en Moto GP n'est pas tombée du ciel ! Il veut tout comprendre, il a l'air parfois un peu son image, parfois foufou, mais derrière il est extrêmement impliqué. Il est bien souvent le premier pilote à arriver sur le circuit et le dernier à en partir. J'ai un respect incroyable pour l'énergie qu'il déploie après 25 ans de carrière à haut niveau.
Le verra t-on en Hypercar ?
Je pense qu'il en est capable quand je vois à quel vitesse il a réussi à s'adapter à ces GT3 qui n'ont rien de facile. Pour l'instant nous avons établi des objectifs de progression avec Valentino et nous comptons nous concentrer sur cela. Alors oui, il testera la LMDh d'ici la fin de l'année, ce n'est pas un secret.
L'occasion faisant le larron, vous lui avez adjoint un grand pilote pour le Road to Le Mans...
Jérôme Policand est un vieux copain ! Son arrivée s'est faite grâce à une partie de passion et un grain de folie. On se tire la bourre tous les week-ends, nous avons chacun notre team mais un grand respect mutuel. Pour chaque catégorie, j'ai une petite liste que je fais chaque année et Jérôme faisait partie de ma liste de pilotes Bronze, de plus il a le profil type pour rouler avec Valentino Rossi. Ce n'est pas le petit jeune qui vient pour alimenter ses réseaux sociaux, ce n'est pas le pilote qui viendra pour impressionner BMW dans le but d'avoir un contrat dans le futur, ce n'est pas le Bronze extrêmement rapide que j'aurai été chercher au fin fond de la brousse mais qui débarquerait au Mans...Jérôme a le package nécessaire pour permettre à Valentino de prendre du plaisir et de progresser à cette occasion.