Les 6 Heures de São Paulo ont fait débat vis à vis de la BoP, mais les faits sont là : son doublé a permis à Cadillac de faire une avancée spectaculaire au championnat constructeurs, tandis que la Ferrari N°83 recolle à la N°51 chez les pilotes. Les écarts restent faibles en LMGT3.

Cadillac vainqueur, voilà deux ans que c'était attendu. Le bilan du constructeur américain ne faisait jusque là état que d'un podium au Mans en 2023. Et au Brésil, c'est tout bonnement un doublé qui permet à la marque de General Motors de prendre la 2e place du championnat.

Car Ferrari a payé les pots cassés de sa domination outrageuse du début de saison par une BoP qui soulève plus que jamais des questions. Les officielles, N°50 et N°51, ont illogiquement terminé hors du Top 10. Un zéro pointé chez les pilotes et trois points chez les constructeurs (la N°83 d'AF Corse et la Porsche N°99 de Proton n'étant pas éligibles à ce classement, leurs résultats ne sont pas pris en compte au championnat des marques).

Maranello a pris un 38-3 d'un coup et voit désormais Cadillac revenir à seulement 55 points, à la 2e place. Porsche complète le podium avec 111 unités, dont 27 avec le tir groupé des 963 officielles aux 3e et 4e places à Interlagos.

Le clan français ne sourit guère : Alpine a pu sauver les meubles grâce à son A424 rescapée, la N°36 ayant fini 9e (8e dans le classement constructeurs en enlevant la Ferrari N°83).

La N°35 a fini à des années lumière, puisqu'elle a passé un grand temps au garage. Le constructeur de Dieppe pointe au 7e rang, bien loin de sa 4e place de l'an dernier, devant Peugeot, dont les 6e et 7e places ne permettent même pas de faire un bond au classement. Malgré le fait d'avoir plus que doublé son capital en une fois.

Seul Aston Martin affiche un score vierge. Mais un programme débutant, qui plus est non hybride, face à une concurrence aussi féroce est (pour l'instant) excusé, grâce à une progression visible des Valkyrie.

Championnat pilotes : la Cadillac N°12 sur le podium, la Ferrari N°83 grignote

Ferrari N°83 - 2e du championnat pilotes Hypercar.

DPPI/FIA WEC

Le N°12 est le porte-bonheur de l'équipe Jota, puisque c'était la Porsche de ce numéro qui l'avait emporté l'an dernier, à Spa-Francorchamps. Norman Nato a enfin pu savourer cette joie avec ses équipiers britanniques Alex Lynn et Will Stevens. Cet équipage a bondi de la 6e à la 3e place du championnat, avec 68 unités. Cela reste tout de même assez loin de la Ferrari N°83, 2e avec 93 points.

L'écart entre cette N°83 et la Ferrari N°51 officielle demeure cependant intéressant, puisqu'il s'est encore réduit : le trio Kubica/Ye/Hanson, fort de sa victoire au Mans, ne compte désormais plus que douze longueurs de retard, à trois courses de la fin. En sachant que la dernière manche, les 8 Heures de Bahreïn, rapportent 38 points pour la victoire.

Le meilleur des équipages français pointe à la la 13e position : l'Alpine N°36 (Schumacher, Makowiecki, Gounon) a pris la 9e place, les deux points allant avec, pour totaliser...36 points. Comme quoi, le hasard a le sens des chiffres.

Les trois hommes flairent de près l'équipage de la Toyota N°8, avec 37 unités aux 11e et 12e places (Sébastien Buemi ayant été absent une course) et même une entrée dans le Top 10 en cas de bonne performance à Austin, en septembre.

Championnat LMGT3 : la Porsche N°92 reste sous menace

Porsche N°92 en tête du championnat LMGT3

DPPI/FIA WEC

La BoP a fait bien plus débat en catégorie Hypercar qu'en LMGT3, puisque cette dernière promet toujours autant de variété pour les premiers rôles. A Interlagos, Lexus est devenu le 4e constructeur différent à s'imposer en cinq épreuves, avec la N°87. Cet équipage, composé de José Maria Lopez, Petru Umbrărescu et Clemens Schmid, a pris la 4e place du championnat (75 points).

Grâce à sa 6e place, la Porsche N°92 garde les commandes du classement, en ayant profité de la "méforme" des Ferrari 296 au Brésil. La N°21 du Vista AF Corse reste 2e, toujours à distance respectable de l'équipage vainqueur des 24 Heures du Mans (treize points d'écart).

Leçons retenues sur la BoP pour la suite du championnat ?

Il y a eu du rififi quant aux performances parfois jugées anormales de certaines voitures. Il est vrai que voir les deux meilleures voitures du plateau Hypercar, la Ferrari et la Toyota, ne se battre qu'en fond de peloton, a de quoi interroger sur cet outil qu'est la BoP. Un mal nécessaire pour attirer les nombreux constructeurs, certes, mais souvent décrié.

Cela se voit moins en LMGT3, puisque le success ballast offre une certaine équité et chaque voiture peut évoluer avec les autres, avec ses forces et ses faiblesses. Mais la large victoire de Lexus, avec une RC F GT3 pourtant âgée, fait aussi couler de l'encre.

D'ici le rendez-vous d'Austin, les organisateurs seront forcément attendus au tournant quant à l'établissement de la BoP dans les deux catégories. D'autant que, si tout le monde n'est pas regroupé dans un mouchoir de poche, il n'est pas certain que tout le monde apprécie de subir de telles divergences de performance. Là se posera une question, un choix à faire : mieux vaut-il mécontenter certains constructeurs ou tous les fâcher ? A suivre...