La chaîne BeIN Sports, basée au Qatar, a annoncé vendredi qu'elle cesserait de diffuser la F1 en 2019 au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. La raison est simple, un piratage massif de son contenu via un autre opérateur.

L'affaire du piratage du contenu de BeIN Sports Mena qui détient les droits de retransmission de la F1 dans la région du MENA (Middle East and North Africa), soit le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, est remontée aux instances de la F1 peu avant le Grand Prix de France en juin dernier.

BeIN Sports victime de piratage

En effet, il a été rapporté à Liberty Media que BeIN Sports était victime d'un piratage intense de ses retransmissions de contenus sportifs. Cela concerne la Formule 1, mais aussi tous les autres sports comme les ligues de football par exemple.
Le responsable se nomme BeoutQ, une chaîne de TV créée en 2017 et qui fait un pied de nez avec son patronyme au géant du Qatar (BeIN > Beout, humour quand tu nous tiens..., et que l'on peut traduire par "Dehors le Qatar") et commercialise des décodeurs pour réceptionner son contenu.

Ce contenu qu'elle pirate directement des chaînes BeIN Sports est accessible via un boîtier IP TV, via internet et qui se vend pour un abonnement de 80 € / an. Un prix très en dessous du marché, quand BeIN propose une offre à 30 € / mois selon les options choisies. BeoutQ est clairement un opérateur pirate et illégal et cela agace bien BeIN Sports qui a tranché dans le vif en ne renouvelant pas ses droits à la diffusion de la F1, son contrat de 5 ans ayant expiré fin 2018.

BeoutQ

BeoutQ

Pourquoi ce piratage ?

"Il a été porté à notre attention que certains contenus du Championnat du Monde 2018 de Formule 1 ont été retransmis illégalement par la chaîne connue sous le nom de beoutQ, qui opère principalement dans la région MENA (Moyen Orient et Afrique du Nord)", explique le communiqué de Formula One Management (FOM).

BeoutQ utilise le signal Arabsat pour détourner le contenu de BeIN Sports et ne se sont acquittés d'aucuns droits de retransmettre aucune compétition, ce qui caractérise l'infraction et le piratage de BeIN Sports. Cette opposition au Qatar et à BeIN Sports va bien au-delà du simple domaine sportif, BeoutQ étant une chaîne saoudienne...

La chaîne BeoutQ a été créée après la rupture des liens diplomatiques, commerciaux et le boycott instauré auprès du Qatar. Et là on commence à toucher au cœur du problème puisque l'Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis, l'Égypte et le Bahreïn sont à l'origine de la rupture de ces liens avec le Qatar, les soupçonnant de financer le terrorisme. Une accusation que réfute Doha (la Capitale du Qatar) arguant ses droits commerciaux chèrement payés pour la retransmission des sports, ce que son concurrent illicite ne fait pas.

Tom Keaveny, directeur général de BeIN Mena a déclaré dans un communiqué :

"La position d'un détenteur de droits comme BeIN face au piratage de beoutQ - en d'autres termes, qu'il s'agisse d'une action en justice, d'une prise de position publique dans un communiqué et de tout ce qui est en notre pouvoir pour lutter contre le vol à l'échelle industrielle des droits - est un facteur critique que nous considérons maintenant lorsque nous répondrons à un appel d'offres."

"Nous payons des sommes énormes pour les droits de retransmission, mais la conséquence de ce piratage en Arabie Saoudite est que ces droits ne peuvent pas être protégés. Nous paierons donc moins à l'avenir - en particulier pour les détenteurs de droits qui n'agissent pas pour combattre beoutQ."

"Cela fait près de deux ans que nous sommes avertis des conséquences commerciales très réelles du vol de la diffusion des sports et du divertissement dans le monde par beoutQ. Pourtant, le piratage se poursuit chaque jour dans l'impunité la plus totale et représente une menace existentielle pour le modèle économique de l'industrie du sport et du divertissement. La communauté internationale doit prendre des mesures décisives pour mettre fin immédiatement à ce piratage qui est soutenue par l'Arabie Saoudite."

L'Arabie Saoudite prend cette affaire et ces accusations très au sérieux, un conseilleur du Prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a déclaré que "l'Arabie Saoudite respecte la question de la protection des droits intellectuels et les conventions internationales à ce sujet."
De son coté, la F1 a émis les mêmes inquiétudes et a aussi réagi fermement. "La Formule 1 prend très au sérieux les atteintes à la propriété intellectuelle de cette nature, nous examinons la question et les personnes impliquées et prendrons les mesures qui s'imposent" a déclaré un porte-parole de la F1.

En attendant, la Formule 1 se produit en deux occasions dans la région du Moyen-Orient, lors du Grand Prix de Bahreïn et celui d'Abu Dhabi. Des conflits extra-sportifs qui ne sont pas une première en F1, mais cette région aux vives tensions et les problèmes évoqués ne vont pas aider Liberty Media qui cherche à consolider sa position ou éventuellement à vendre les droits de la F1.