DAMS reste un nom connu dans les séries de promotions comme un vivier de talents. Mais l’équipe fondée initialement par Jean-Paul Driot et René Arnoux, parti par la suite, a voulu tenter l’aventure F1 dans le milieu des années 90.

Nous sommes en 1994, l’équipe française part sur un quatrième titre de F3000 pour sa sixième saison de participation. Emmené par le duo Jean-Christophe Bouillon-Guillaume Gomez, il faut attendre pour l’équipe et son pilote numéro un la fin de la saison pour enchaîner trois victoires de suite et finir champion, devant Franck Lagorce.

Mais cette même année, Jean-Paul Driot souhaite faire comme de nombreuses équipes de F3000 : rejoindre la F1. Si certains ont réussi tant bien que mal à se faire une place et à perdurer à l’image de l’équipe Rock’n’Roll Jordan, d’autres ont plus de difficultés comme Pacific, nouvelle venue de la F1. Pour ne pas subir les mêmes problématiques que la jeune équipe de Keith Wiggins, Driot décide de s’allier avec une société ayant l’expérience des châssis et son partenaire en F3000 : Reynard.

A ce moment précis, Reynard est connu pour ses voitures construites en formules de promotion mais aussi en Amérique. La société est peu connue en F1. Pourtant, dès 1989, Adrian Reynard veut aller en F1. Il n’hésite pas à planifier un programme pour y arriver et participer dès la saison 1992 à son premier championnat. Il embauche des pointures de l’ingénierie comme Rory Byrne, le développement de son projet avance jusqu’au moment de signer un contrat avec un motoriste. Proche d’un accord avec Yamaha, ce dernier ne se fait pas et tout le programme est arrêté. Plutôt que d’être mort-né, le programme est vendu à Benetton tout comme l’usine d’Enstone, servant de base pour la conception de la B192. Aussi, une partie des données ont été vendues à Ligier qui s’en servira pour sa JS37. Si la Pacific de 1994 est un produit de Reynard également, ça n’arrête en rien la volonté de Driot de rejoindre la F1 à l’aide du concepteur.

Un projet avorté en F1

La conception du châssis est lente, la faute à des moyens financiers plutôt restreints. Au cours de l’hiver 1994-1995, l’équipe de Gérard Larousse est en difficultés économiques. Jean-Paul Driot propose alors un rapprochement entre les deux entités pour devenir Larousse-DAMS. Eric Bernard, revenu à la compétition en 1994 après deux saisons loin de la F1 et ancien pilote F3000 de DAMS, donne son accord pour piloter la voiture en 1995. Mais l’affaire n’avance pas et Driot affirme clairement vouloir attendre la saison suivante.

La voiture est prête à la fin de l’été 1995. Propulsée par un moteur Ford Cosworth V8, même si l’idée initiale était de mettre le moteur Mugen dans la voiture avant que les négociations n’aboutissent à rien, la seule voiture construite est pauvre en sponsor, n’arborant que le logo d’Elf. Cependant, la monocoque s’avère obsolète, ne respectant pas complètement le cahier des charges imposé. Dans l’édition du journal Le Monde du 3 octobre 1995, le fondateur de l’équipe explique la démarche pour participer au championnat du monde de F1. « Sur le plan administratif, c'est assez simple, il suffit de déposer un dossier à la Fédération internationale de l'automobile sept jours après le dernier grand prix de la saison et, surtout, un chèque de caution de 500 000 dollars (380 000 francs) que la FIA restitue si la nouvelle équipe dispute tous les Grand Prix de la saison pour laquelle elle s'est engagée », déclarait-il.
Lors des essais au Castellet effectué début octobre 1995, la voiture n’est pas dans le rythme. Dans son édition du 9 décembre 1995, Jean-Paul Driot déclare au journal Le Monde « je veux vraiment essayer d'aller au bout. Aussi nous ne participerons pas au championnat de F3000 en 1996 afin de concentrer tous nos efforts sur la Formule 1 dans la perspective de 1997. Nous voulons poursuivre le développement ce que l'on a déjà construit et dessiné, à savoir une monoplace et de nombreuses pièces. Et pour ce faire, je vais continuer les pourparlers avec mes commanditaires potentiels », rappelant n’avoir que la moitié du budget nécessaire (à savoir 2,3 millions d’euros) pour se lancer.

L’équipe rate l’inscription pour la saison 1996, faute de moyen, tout comme celle pour la saison 1997, pour les mêmes motifs. Lorsqu’on l’interroge quelques années plus tard sur l’échec de son arrivée en F1, Driot se veut clair : « Nous avions la voiture pour aller en Formule 1, mais pas le budget, insiste-t-il. DAMS aurait mis la clé sous la porte avant même la fin de la saison, avec beaucoup de dettes à rembourser ».

Par la suite, l’équipe se tourne un temps vers l’Endurance, en participant à quelques éditions des 24 Heures du Mans.

Cette arrivée dans la manche sartoise intervient au moment où l’un de ses futurs partenaires atteint l’objectif qu’il s’était fixé et dont l’issue s’avère être une finalité évitée par l’équipe DAMS. L’année 2014 marque l’année où Jean-Paul Driot et Alain Prost s’allient dans le nouveau championnat électrique de la FIA.