Renault est mort, vive Lotus F1 Team… Lotus F1 Team est mort, vive Renault.

La fin de l’aventure de cette équipe "or et noir" se termine alors sur un scandale, comme son histoire a commencé. Rappelez-vous le Grand Prix de Singapour 2008, remémorez-vous ce 28 septembre, au 13e tour, lors du 17ème virage. Ce moment où Nelsinho Piquet Jr. pulvérise sa monoplace sur un muret du circuit (ainsi que l'ascension de sa carrière F1), ce qui oblige la voiture de sécurité a entrer en action, pour modifier le déroulé de la course, selon les besoins de la stratégie de l'écurie. Une faute sportive hautement punissable !

Quasiment un an après, le 3 août 2009 (pour être précis), le pilote brésilien Piquet Jr. est remercié suite à ses propos accusateurs envers Flavio Briatore. Piquet n’en reste pas là puisque le 30 août, sur TV Globo (une chaîne TV brésilienne), il déclare avoir des éléments pour prouver que ce crash a été commandité de toutes pièces par Flavio Briatore et Pat Symonds (alors directeurs des opérations chez Renault F1).

La FIA ouvre une enquête, Renault licencie les deux investigateurs, et le Conseil Mondial Extraordinaire reconnaît coupable l’équipe Renault, Flavio Briatore, Pat Symonds et Nelsinho Piquet Jr.. Les peines tombent également : Une suspension à vie avec sursis et une mise à l’épreuve sur les saisons 2010 et 2011 pour la première citée (Renault F1) ; radiation à vie de la F1 et des sports régis par la FIA pour le second (Briatore) ; exclusion pour cinq ans pour le troisième (Symonds) et absolution pour le dernier du fait de son témoignage (Piquet Jr.).

C’est un coup dur pour l’équipe qui perd par la même occasion ING, son sponsor principal, avec prise d’effet immédiate.

La vente à Genii Capital

C’est dans ce contexte que Genii Capital prend 75% de l’équipe Renault le 16 décembre 2009. L’accord prévoit notamment la fourniture des moteurs gratuite pour les saisons 2010 et 2011, une contribution de Total mais aussi un premier pilote en la personne de Robert Kubica.

« Renault a retenu Genii Capital pour 3 raisons : en premier est qu’ils ont le sens de la course (…) Deuxièmement est le financement, car non seulement ils vont nous aider dans le financement mais ils nous apporteront des sponsors, car depuis le départ de ING, nous sommes en manque de sponsors et il faut comprendre qu’un sponsor est non seulement du financement mais aussi de la participation croisée en plus et troisièmement, ils apporteront de la créativité, car nous en avons besoin, et cette équipe arrivait en fin de cycle », déclare Jean-François Caubet, directeur général de Renault F1 Team.

L’accord se décompose en deux temps, une partie en cash injectée dans l’équipe (estimé à une vingtaine de millions d’euros) et une partie liée au sponsoring. Cette dernière est en fait une promesse de sponsoring, estimée à une quarantaine de millions d’euros.

Concrètement, sur la saison 2010, l’équipe dispose d’un budget de 95,5 millions d’euros, presque moitié moins que le budget de la saison passée. Le résultat s’en ressent puisqu’il accuse une perte de 39,7 millions contre un bénéfice de 5,4 millions la saison d’avant. La perte des 63 millions d’euros d’ING n’a pas été compensée, malgré l’arrivée de Lada et d’autres sponsors secondaires.

Pourtant, Gérard Lopez a approché un sponsor connu de la F1 : MasterCard. Estimé à 35 millions d’euros, cet accord amène avec lui le nom d’un champion du monde, licencié de la Scuderia Ferrari en fin de saison 2009 : Kimi Räikkönen. Sauf que l’accord avec le sponsor capote et le Finlandais ne viendra pas en 2011 chez Lotus Renault F1.

Lotus, un nom courtisé

Car vient cet épisode totalement épique dans la nouvelle vie de l’équipe d’Enstone mais aussi celle de Caterham. En 2010, Tony Fernandes utilise le nom de Team Lotus pour son équipe, un nom qui est cautionné par Proton une société Malaisienne), propriétaire à 80% de la marque Lotus Cars.

En septembre 2010, Lotus Group, avec l’accord de Proton, révoque la licence pour « violations flagrantes et persistantes de la licence de l’équipe ». Surtout, tout le monde s’attendait à voir Team Lotus au milieu du plateau plutôt qu’au fond. Mais le 24 septembre 2010, Tony Fernandes annonce avoir racheté la licence de Team Lotus Ventures Ltd à David Hunt, le frère de James Hunt et propriétaire de la marque depuis 1994. Or, Lotus Cars ne l’entend pas ainsi et poursuit en justice Tony Fernandes, d’autant que Lotus Group annonce avoir acheté une participation dans l’équipe Renault, le groupe étant soutenu par la famille Chapman.

La Haute Cour de Justice de Londres annonce un procès prévu après la début du championnat, offrant à la F1 pour la première fois à la compétition, deux équipes portant le même nom. Finalité de cette histoire : Tony Fernandes perd le procès et Renault F1 Team devient de manière officielle le 27 mai 2011 Lotus Renault GP, même si un contrat de 7 ans a été signé en décembre 2010. L’accord porte aussi sur un partenariat estimé à 30 millions d’euros et le groupe Proton dispose d’une option pour acquérir 50% de l’équipe.

Renault quitte Enstone

Autre fait marquant de cette intersaison 2010-2011, Renault cède les 25% restants à Genii Capital. Mais le plus important reste l’accident de Robert Kubica lors d’une épreuve de rallye. Il sera remplacé dans un premier temps par Nick Heidfeld puis par Bruno Senna (apportant un grand nombre de ses sponsors avec lui). Cet apport s’avère précieux pour l’équipe puisqu’en 2011, malgré un budget en hausse de 138 millions d’euros, l’équipe perd 25 millions d’euros.

La saison 2012 commence avec une nouvelle d’envergure pour l’équipe puisque le pilote approché en 2010 signe enfin et pour deux saisons. Kimi Räikkönen fait équipe avec Romain Grosjean (soutenu par Total). Et du soutien financier, il en faudra à l’équipe puisqu’elle perd des sponsors, russes principalement, dû au départ de Vitaly Petrov mais aussi le soutien de Lotus Group (mais conserve le nom suite l’accord d’exploitation) auprès de qui Genii Capital a une dette, un prêt de 43 millions d’euros avec option d’hypothèque sur l’usine d’Enstone. Cette histoire sera réglée quelques temps plus tard. Aussi, Lotus paye dorénavant ses moteurs.

Si la saison se termine par une victoire du finlandais à Abu Dhabi et une quatrième place au classement général, les comptes ne disent pas la même chose. Avec presque 114 millions d’euros de budget (l’arrivée de Microsoft, Rexona et Clear ne compenseront pas les roubles perdus), l’équipe affiche une nouvelle dette de 70 millions ! La santé fragile de Lotus commence à poindre...

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