L'épilogue se profile pour Lotus F1....

Partie 1

Partie 2

L'année 2015 se montre encore plus difficile pour l’équipe. Les fournisseurs se manifestent un à un pour réclamer leur dû, allant jusqu’à saisir les huissiers en Belgique. A l’origine de dédit ? L'ancien pilote pensionnaire (et de réserve), le Français Charles Pic mais aussi TMG (qui loue les motorhomes) et la société Bell. La situation est critique malgré le podium inespéré de Romain Grosjean. Le matériel est saisi par la justice belge.

Pourtant, une lueur d’espoir naît lorsque Renault annonce son intention de revenir en tant qu’équipe officielle en F1. Le motoriste français, en froid avec son client Red Bull, cherche à prendre une participation majoritaire d’une écurie. Plusieurs pistes sont évaluées (Force India, Sauber...), dont celle de Lotus. Des discussions vont avoir lieu pendant plusieurs semaines, car Il faut dire qu’il y a plusieurs facteurs de taille à négocier pour mener à bien ce projet.

La première piste concerne le budget que peut réunir Renault. Soutenu par le pétrolier Total, qui prévoit de rapatrier son budget (jusque là investi chez Red Bull), il est estimé à une dizaine de millions d'euros, mais également de la part d'Infiniti (la marque haut-de-gamme de Nissan) qui est prête à investir entre 50 et 60 millions d'euros selon Auto Hebdo. Alors le budget de Renault F1 Team semble se dessiner. A cela, on ajoute quelques partenaires, les sponsors de l’équipe reprise et l’enveloppe budgétaire du constructeur. L’équipe peut très nettement prétendre à un budget conséquent.

La seconde se focalise sur la prime historique pour les constructeurs impliqués en F1. Cinq équipes la touchent actuellement, à savoir Ferrari, McLaren, Red Bull, Williams et Mercedes. Lotus ne la perçoit pas et c’est donc sur ce point que Renault veut négocier avec la FOM. Bernie Ecclestone, qui se dit pour le retour du motoriste français en F1, est prêt à verser une prime historique à Renault, estimé à une trentaine de millions d’euros.

Reste un dernier point et le plus important, la négociation avec l’équipe Lotus. Gérard Lopez veut se séparer de Lotus pour une somme avoisinant les 215 millions (100 millions de valeur et 115 millions de dettes internes). Mais voilà, Renault ne valide pas cette option et propose 57,5 millions pour une prise de participation de 60% répartis comme suit : 7,5 millions en cash et 50 millions étalés sur les dix prochaines années. Cette somme correspond simplement à l’emprunt réalisé par Genii auprès de son actionnaire minoritaire Andrew Ruhan.

Si la vente se fait, la répartition des actions serait la suivante : 60% pour Renault, 30% pour Gérard Lopez et 10% pour Alain Prost, l’acteur de cette aventure.

Cependant, l’annonce traîne puisque l’officialisation, si on peut l'appeler ainsi, n’intervient que le 3 décembre. Bien entendu, entre temps, Renault s’est pourvu d’une lettre d’intention, que voici :
« Le Groupe Renault et Gravity Motorsports S.a.r.l., une filiale de Genii Capital SA, ont le plaisir d'annoncer la signature d'une Lettre d'Intention portant sur l'acquisition potentielle par Renault d'une participation majoritaire dans le capital Lotus F1 Team Ltd.
La signature de cette Lettre d'Intention marque le premier pas vers le projet d’une écurie Renault en Formule 1 en 2016, poursuivant ainsi 38 ans d'engagement de la marque dans la discipline reine des sports mécaniques.
Le Groupe Renault et Gravity Motorsports S.a.r.l., travailleront ensemble dans les prochaines semaines pour transformer cette lettre d’intention en accord définitif, sous réserve que tous les termes et conditions entre eux et avec les parties prenantes se concrétisent » précisait-il le 28 septembre dernier.

Entre les deux annonces, Lotus a continué à connaître des déboires où la plupart des accès lui ont été refusés, la faute à des factures impayées que Bernie Ecclestone règlera avec l’avance sur les droits TV si on en croit une déclaration de Gérard Lopez.

Toujours est-il que ce fameux jeudi de décembre, Renault sort un communiqué aux alentours de 22 heures. « Après l’annonce mi-septembre de la signature d’une Lettre d’Intention avec Lotus, les équipes de Renault ont poursuivi en parallèle le travail et l’analyse des conditions d’un retour en Formule 1. L’attention s’est plus particulièrement portée sur la capacité à participer avec succès à ce championnat et aux conditions économiques d’un retour en tant qu’écurie dès 2016.
Renault avait deux options : revenir à 100% ou sortir complètement. Après analyse détaillée, j’ai pris ma décision : Renault sera présent en Formule 1 dès 2016. Les derniers éléments obtenus de la part des principaux acteurs de la F1 nous permettent de nous projeter avec confiance dans ce nouveau défi. Notre ambition est de gagner même si raisonnablement cela prendra du temps » affirme Carlos Ghosn, Président Directeur Général.
En redevenant une écurie à part entière, Renault pourra tirer pleinement profit de ses victoires. Le positionnement de motoriste avait du sens mais il a montré ses limites. Le retour sur image et sur investissement, rendu nécessaire par le nouveau règlement moteur, était faible. Le travail se poursuit pour mettre en œuvre dans les meilleurs délais l’accord concernant l’acquisition de Lotus F1 Team. Les principaux contrats ont été signés le 3 décembre 2015. Lotus F1 est en effet apparue comme la meilleure écurie partenaire. Renault et Lotus F1 se connaissent depuis 15 ans et ont été champion du monde en 2005 et 2006 ensemble.
[…]
Rendez-vous au mois de janvier pour les détails de cet engagement et en mars 2016 pour le début du championnat ».

Des questions restent dans le vague à l’heure actuelle. L’acquisition n’est pas finalisée si on en croit le communiqué, d’autant que Lotus devait passer devant le Tribunal compétent le 7 décembre pour les sommes dues au HMRC.

Autre zone d’ombre, la validation des contrats pilotes déjà officialisés par Lotus pour la saison 2016, sont-ils toujours d'actualité. Pastor Maldonado et Jolyon Palmer resteront-ils dans les baquets avec leurs généreux sponsors comme principal bagage ? Renault semble avoir répondu à cette interrogation le 23 décembre dernier ! Qui sponsorisera l’équipe ? Quel en sera le budget ? Sur ce dernier point, l’estimation de plusieurs spécialistes avoisine les 200 millions d’euros, bien loin de ce que peuvent dépenser des Mercedes, Ferrari ou Red Bull. Cette annonce, si on peut la décrire ainsi, n’a eu que pour effet de satisfaire le fan qui rêvait de ce retour.

C’est ainsi que finit l’aventure désastreuse d’une équipe qui rêvait d’être calife à la place du calife… Lotus rejoint à nouveau les rangs de l'Histoire de la F1, sans pour autant avoir réussi (cette fois-ci) a y graver son nom pour la jeune génération des spectateurs !