L'annonce est tombée ce mercredi 27 juillet tel un couperet brutal : la Scuderia Ferrari se sépare, avec effet immédiat, du réputé et talentueux directeur technique James Allison, artisan et concepteur des audacieuses Lotus E20 et E21 qui lui ont servi de tremplin vers la fameuse équipe rouge transalpine.
Mais une question se pose, alors que la Scuderia Ferrari fait face à une cruelle carence de résultats notables ces derniers temps. Pourquoi se sépare t-elle brutalement d'Allison ?

La Formule 1 est faite de cycles, elle a connu par le passé l'ère McLaren, Williams, Ferrari, Red Bull et désormais Mercedes. Pour chaque cycle correspond généralement un règlement technique à exploiter qui reste globalement stable quelques années, ainsi que d'organigrammes qui évoluent sur le plan humain dans toutes les équipes.

Cela soulève deux problématiques liées qu'affronte directement Ferrari depuis des années, à savoir que l'équipe est en en proie à des difficultés sur le plan de l'exploitation technique, ainsi que sur la gestion de ses ressources humaines depuis longtemps, trop longtemps désormais…

Seule solution, recruter du personnel le plus compétent possible !

Suite à une monoplace totalement inefficace en 2014 où tout faisait défaut, en commençant par la faible puissance du groupe motopropulseur et son architecture ratée, en passant par l'aérodynamique et l'équilibre global défaillant... sans oublier les années antérieures vierges de titres, Ferrari se devait de réagir pour la saison 2015.

Malgré le fait qu'il s'agit d'une équipe qui a toujours préféré du personnel d'origine latine de part la distance qui sépare le siège de Maranello du berceau de la Formule 1 situé en Angleterre, où sont pourtant formés de grands ingénieurs et aérodynamiciens, Ferrari se doit de trouver le meilleur personnel compétent et disponible.
C'est pourquoi l'équipe n'a jamais tourné le dos aux personnes talentueuses de diverses origines comme le sud-africain Rory Byrne, l'australien Willem Toet ou bien encore le britannique Ross Brawn dont on reparle beaucoup ces derniers temps...

C'est là que répond présent l'ingénieur britannique James Allison, qui est recruté en remplacement de Nikolas Tombazis dans un but très clair: concevoir une monoplace capable de signer des victoires régulièrement et cela dès 2015.

Contre toute attente, la saison 2015 fut plutôt satisfaisante dans la mesure où l'équipe est parvenue à signer trois victoires, certes souvent de circonstances du fait du haut niveau de performance de Mercedes, mais notables tout de même après le bilan catastrophique de la saison précédente.

Naturellement, les objectifs pour la saison actuelle se devaient d'être un cran au dessus. C'est à ce moment que le président Sergio Marchionne intervient et exige la victoire dès le premier Grand Prix à Melbourne.
Malheureusement les faits ne se sont pas du tout déroulés ainsi, Mercedes reste le leader incontesté en performance pure et sans doute pire que cela, Red Bull a bien progressé grâce au motopropulseur Renault badgé « Tag Heuer » clairement revigoré à coups de recherches et d’innovations fructueuses mais aussi grâce et à un châssis signé par l'équipe de Newey toujours aussi redoutablement efficace.

Le bilan est donc sans appel, Ferrari n'a remporté aucune victoire à ce stade de la saison et doit se contenter que de maigres podiums dans le meilleur des cas… Inadmissible pour la Scuderia Ferrari !

Un drame personnel qui n'arrange rien…

Devant travailler de manière intense pour rattraper la concurrence et qui plus est dans un contexte éloigné de sa famille restée en Angleterre, James Allison a dû faire face à un drame qui n'arrange rien: le décès de son épouse des suites d'une maladie à peine au moment où la saison 2016 commençait.
Il apparaît évident qu'il était compliqué pour Allison d'être disponible pour sa famille alors qu'elle avait sans aucun doute besoin de sa présence.
Pour la Scuderia, nul doute que d'avoir un membre influant au département châssis particulièrement préoccupé n'aide pas pour palier au niveau de performance actuel.

Il est donc facile d'estimer que la séparation entre l'équipe et de son directeur technique devenait de plus en plus évidente depuis quelque temps et que le talent d'Allison n'est pas directement remis en question, même si les récents faits avec la venue de Marchionne au siège afin de trouver des explications sur le manque de performance de l'équipe pourrait être un raccourci facile vers l'interprétation d'un évincement d'Allison au lieu « d'un commun accord » qui semble finalement préférable à envisager.

L'avenir d'Allison ?

Il ne fait aucun doute qu'Allison garde un talent certain au yeux du plateau et que ses compétences sont désirées par d'autres équipes.
Dès lors, une équipe située en Angleterre lui semble tout indiquée et il est facile de penser que Williams basée à Groove ou même de préférence Renault à Enstone qui souhaite revenir au sommet pourrait chercher à s'attacher les services d'Allison, tout en lui offrant la flexibilité sur le plan plus personnel qui lui est nécessaire.
Il devra quoiqu'il arrive attendre un délai d'au moins six mois avant d'intégrer une nouvelle équipe.

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Et du coté de la Scuderia Ferrari ?

Avec le règlement technique pour 2017 qui impose de concevoir une monoplace en partant d'une feuille vierge, il est possible d'estimer que la Scuderia Ferrari souhaite travailler sur de nouvelles bases avec du sang neuf. C'est pour cela que Mattia Binotto, ingénieur moteur,  promu en remplacement de James Allison assurera la gestion humaine du département géré par l'anglais, en attente d'un véritable directeur technique.
S'il est certain que la Ferrari 2017 portera encore la "patte" Allison en raison de la nécessité de réaliser la conception le plus tôt possible pour la prochaine saison, la Scuderia va continuer sa campagne de recrutement y compris dans le département conception,. L'équipe italienne pourrait tenter de s'attacher les faveurs d'un autre James qui opère chez la Scuderia Toro Rosso, à savoir James Key, malheureusement actuellement encore sous contrat, mais sans doute pas intouchable. D'autres noms comme Bob Bell actuellement chez Renault, ainsi que Ross Brawn continuent d'alimenter la "piste" Ferrari.