Si cette piste hongroise n'offre que peu d'opportunités de dépassements, force est de constater qu'il se passe toujours quelque chose de rocambolesque sur le Hungaroring. Dès les qualifications, déjà, avec un pole position accouchée dans la douleur pour le leader du championnat, Nico Rosberg. La course, elle, n'échappera pas à Hamilton.

Ce Grand Prix de Hongrie est le théâtre de la onzième épreuve du championnat 2016, dominé depuis le début par Nico Rosberg face à son triple Champion du Monde d'équipier Lewis Hamilton. Si le pilote allemand a pu s'échapper de quelques 43 unités au soir du Grand Prix de Russie (statu quo après leur double abandon au Grand Prix d'Espagne), les 5 dernières courses ont permis à Hamilton de fondre sur le leader du classement pour revenir à 1 seul point de ce dernier.

C'est dire si la tension a atteint un sommet au sein de l'écurie Mercedes, tant les deux comparses ont encore échangé du carbone en course. Si le double abandon en Espagne avait ravivé un feu naissant au malaise du Grand Prix de Belgique 2014, leur accrochage du dernier tour du Grand Prix d'Autriche a littéralement instauré une haine cordiale entre les deux pilotes. Hors de question de croiser les regards, ni de s'échanger des politesses en conférence de presse, quant à la poignée de main, elle ne sert d'apparat que pour les photographes !

C'est donc un climat de tension et une guerre psychologique qui décernera ce titre 2016, tous deux talentueux pour collectionner les victoires, le sacre ira dans les mains de celui qui résiste le mieux à la pression ! Et cette confrontation risque de durer quelques années encore, puisque en marge du Grand Prix hongrois, Mercedes a annoncé la prolongation du contrat de Rosberg pour deux saisons supplémentaires, soit jusqu'en 2018, la même durée du contrat que Hamilton !

Et comme l'ambiance n'était pas assez électrique, voilà qu'une énième polémique est venue frapper la fin de la séance de qualifications du samedi. Alors que la météo jouait des nerfs des pilotes, et une séance reportée, interrompue par 4 drapeaux rouges, les performances des hommes en gris donnaient un net avantage à Hamilton, jusqu'à sa dernière tentative avortée... En effet, dans l'ultime minute de la session Q3, Rosberg avait l'avantage ici de choisir sa position, et son choix logique veut qu'il parte le dernier afin que ses adversaires établissent la référence à battre ! Auteur du meilleur temps provisoire, Hamilton était en amélioration, mais a du interrompre sa tentative, car Alonso provoqua un drapeau jaune dans le second secteur, sa McLaren-Honda était en tête-à-queue. Quelques secondes plus tard, Rosberg arrive dans ce secteur sous drapeaux jaunes, relâche quelque peu l'effort (ce qui sera confirmé par la télémétrie), mais parvient à s'emparer du meilleur temps de la session, le meilleur chronomètre de tout le week-end, d'ailleurs.

La course :

Cette course va emmener les 22 protagonistes sur le Hungaroring pendant 70 tours. La météo est clémente, l'air ambiant est à 27°C, quand le tarmac, lui, est brûlant : 53°C. Le taux d'humidité est de 48%, et les risques de pluie ne sont que de 10%. Tout devrait aller pour le mieux pour les stratégies d'écurie, on ne devrait pas sortir les pneus rainurés... Les regards sont déjà fixés sur ce premier virage, que va-t-il nous réserver ?

Les Red Bull se montrent au départ

Les feux rouges s'éteignent, la grille éclate et c'est un bon envol de Hamilton au coude à coude avec Rosberg, pendant que Ricciardo tente l'extérieur au virage 1, il vire en seconde position, mais Rosberg lui reprend son bien au virage suivant. Les Mercedes verrouillent à nouveau les premières places, dans l'ordre inverse de la grille de départ. Les Red Bull sont placées en outsider, Ricciardo devant Verstappen.

Le classement au tour 2 : Hamilton, Rosberg, Ricciardo, Verstappen, Vettel, Alonso, Sainz, Button, Bottas et Hülkenberg pour le top 10.

Comme à l'accoutumé sur le tracé hongrois, les premiers tours sont de véritables processions tant les écuries jugent la dégradation des pneus, ainsi les positions restent assez figées. Les pilotes Mercedes sont séparés d'une seconde et demi, le même écart dont dispose Rosberg sur Ricciardo, alors troisième. En revanche les hommes de Red Bull roulent ensemble collés sous la seconde, alors que Vettel, cinquième sur la Ferrari est distancé à plus de deux secondes des Red Bull.

Jenson Button auteur d'une bonne qualification en huitième position, doit déjà renoncer à tous espoirs d'inscrire des points, le voilà au ralentit avec une consigne de son écurie de rester en piste. Il est bon dernier et effectue un premier arrêt au tour 7. Le pilote britannique est même sous investigations pour des communications radios sur l'état de sa voiture. La sanction tombe immédiatement, Button est pénalisé d'un drive-through, un passage au ralentit par les stands sans s'y arrêter !

Chez Ferrari, après des qualifications désastreuses, Räikkônen s'est élancé en quatorzième position. Le pilote finlandais a donc fait le choix d'opter pour les pneus plus durs, les Soft à bande jaune, le voilà bloqué derrière la Haas de Grosjean, pourtant chaussée en pneus plus tendres, les SuperSoft. La remontée de Räikkönen ne sera pas aisée, pire, le temps perdu derrière le pilote français ne pourra être comblé en piste. Il faudra ménager ses gommes pour espérer être bien classé à l'arrivée.

Le classement au tour 12 : Hamilton, Rosberg, Ricciardo, Verstappen, Vettel, Alonso, Sainz, Bottas, Hülkenberg et Grosjean pour le top 10.

La course dans le peloton : Ricciardo l'opportuniste

La seule animation sur la piste provient de la lutte entre Räikkönen à la porte des points chaussé en pneus Soft, et Grosjean qui est le seul des dix premiers a disposer de pneus SuperSoft neufs. Ceci étant, le rythme imposé par la Haas n'est pas suffisant ou pas confortable pour Grosjean qui décide de rentrer aux stands, comme l'a fait Vettel à la fin du tour 13. Les choix s'orientent tous vers les pneus les plus endurants, les gommes Soft à bande jaune !

La valse des arrêts se situe aux alentours de ce quinzième tour, Ricciardo y passe également à la fin du tour 14, pour ressortir en piste devant Vettel ! Hamilton, Verstappen, Bottas et Sainz en font autant une boucle plus tard, le leadership revient momentanément à Rosberg. Verstappen reprend la piste derrière Räikkönen qui ne s'est pas encore arrêté, mais c'est également une place de perdue face à Vettel ! La Ferrari a bien joué la stratégie pour déloger une Red Bull des accessits...

Rosberg rentre le dernier aux stands, pour opter lui aussi pour les Pirelli P Zero Soft, et ressortir derrière son équipier avec un écart plus resserré, moins d'une seconde les séparent, désormais ! Verstappen est bloqué derrière le Finlandais, en trois boucles le voilà déjà à sept secondes de son comparse de chez Red Bull, en troisième position. Les deux pilotes de Milton Keynes étaient accolés dans la même seconde !

Actuellement en piste, Rosberg revient sur Hamilton, sous la seconde et dans la zone d'activation du DRS, ce qui immédiatement met sous pression Hamilton qui doit aussi gérer son adversaire direct ! Et c'est Ricciardo en piste qui roule plus vite que les Mercedes. L'Australien a la possibilité de tirer les marrons du feu, il peut compter sur l'excellente motricité de sa machine, et la préservation de ses gommes.

Le classement au tour 24 : Hamilton, Rosberg, Ricciardo, Vettel, Räikkönen, Verstappen, Pérez, Palmer, Alonso et Sainz pour le top 10.

A la fin du tour 24, c'est Massa qui stoppe pour son premier arrêt, celui-ci choisit les gommes Medium, à flanc blanc, certainement pour aller au bout de la course. La Red Bull de Verstappen est engluée derrière le rythme de Räikkönen, beaucoup plus lent que Vettel, devant lui qui compte désormais sept secondes d'avance. Le pilote néerlandais, lui, a perdu dix secondes sur Ricciardo depuis leur arrêt aux stands. S'il espérait un podium c'est presque déjà compromis. Après l'arrêt de Palmer, c'est Pérez qui a son tour plonge dans la voie des stands à la fin du tour 26 pour faire le même choix que Massa, à savoir les gommes Medium pour les mener jusqu'au drapeau à damiers !
Seuls restent Räikkönen en piste, et Haryanto qui n'ont pas effectué le moindre arrêt, ils se sont élancés tous deux avec les pneus Soft. Verstappen est délivré, à la fin du tour 28 Räikkönen rentre aux stands pour choisir les pneus les plus tendres, les SuperSoft.

Au tour 32, le leader Hamilton arrive sur les premiers retardataires, il disposait d'une avance de presque de deux secondes sur Rosberg. Doubler dans le trafic est très pénalisant, c'est soit à l'un, soit à l'autre pilote. C'est Rosberg qui a perdu sept dixièmes dans l'opération. A la fin du tour 32, Ricciardo a effectué un second arrêt pour changer les enveloppes Pirelli et remettre à nouveau les Soft. Vettel poursuit toujours son relais à une distance respectable des Mercedes, dix secondes derrière le leader. Le pilote Ferrari peut-il dérober le podium aux Red Bull ?

La mi-course est là, les second et derniers arrêts vont se profiler, il est temps de voir qui dispose de la meilleure stratégie ! Verstappen effectue son second arrêt à la fin du tour 37 et ressort avec les Soft en sixième position derrière Räikkönen. Les hommes de tête sont toujours séparés par deux secondes et demi et désormais treize secondes devant Vettel sur la Ferrari qui a perdu quelques plumes dans le trafic, une opération rédhibitoire pour conserver un avantage de temps sur ses adversaires !

A la fin du tour 40, Hamilton stoppe pour son second arrêt, qui se déroule sans encombre, il chausse les Soft. Au même moment, Vettel a imité le pilote britannique. Seul devant, Rosberg mène le Grand Prix à présent, mais on se doute qu'il ne tardera pas a effectuer son second passage par les stands rapidement ! Ce qu'il s'empresse de faire à la fin du tour, et permet à ce dernier de reprendre la course dans le même ordre avant les arrêts ! Il faudra à présent surveiller Ricciardo, qui par sa stratégie décalée a regagné sa troisième position, moins de quatre secondes derrière Rosberg, et à peine huit secondes derrière le leader.

Le classement au tour 43 : Hamilton, Rosberg, Ricciardo, Räikkönen, Verstappen, Alonso, Sainz, Bottas et Kvyat pour le top 10.

Tour 45 : le rush final vers le drapeau à damiers

Rosberg est à moins de deux secondes derrière son équipier, ce qui n'est pas insurmontable comme écart. Au contraire c'est la distance à respecter pour ne pas dégrader inutilement ses gommes lorsque on suit une autre monoplace de trop près. Il reste moins de 25 tours pour décider de porter une attaque sur Hamilton, le pilote allemand dispose de pneus d'un tour seulement plus frais. Les hommes de Mercedes sont à nouveau dans le trafic.

Jolyon Palmer qui était dans les points, suite à l'arrêt de Kvyat pénalisé de cinq secondes, s'est fait surprendre par sa monoplace au développement suranné (un châssis Lotus), adapté à la dernière minute par Renault F1 et non développé. Le pilote britannique est parti à la dérive en appui au virage 4, démontrant un peu plus les carences du châssis....et les aléas du comportement de la monoplace. C'est Hülkenberg qui récupère la place pour le dernier point d'honneur.

Räikkönen est rentré aux stands à la fin du tour 49 pour monter les pneus SuperSoft, il reprend la piste en sixième position, derrière Verstappen. Il est à moins de quatre secondes, le pilote Ferrari a donc une cible bien visible pour le reste de la course ! Incompréhension dans le trafic, Gutiérrez a gêné copieusement Hamilton, le leader, ce que n'en demandait pas tant Rosberg, qui est désormais dans les échappements de son équipier.

Au tour 56, Räikkönen est à une demi-seconde derrière Verstappen, avec une meilleur monte pneumatique en SuperSoft, contre les Soft sur la Red Bull. Cela va être compliqué pour le Néerlandais de conserver son avantage. Le pilote Ferrari se rapproche, un peu trop même, il y a un contact au virage 3 entre les deux hommes, l'aileron avant de la Scuderia a perdu ses dérives latérales ! Aucune crevaison lente ou explosive à déplorer dans le clan Red Bull.

Dix de der : le verdict en approche !

La chasse au Taureau Rouge est ouverte par le Cheval Cabré. Ce n'est pas le meilleur tracé pour se débarrasser d'un adversaire, et Räikkönen va faire la tête des mauvais jours ! Tout comme Arrivabene, qui ne verra certainement pas de Ferrari sur le podium, la Presse italienne va s'empresser d'un lynchage en place publique, tant les résultats tardent à venir ! Il n'y a toujours aucune victoire des Rouges cette saison !

Rosberg aux avant-postes se montre également, son écart porté à deux secondes et demi n'était qu'un leurre, mais son équipier le sait parfaitement. Le pilote allemand est désormais revenu à moins d'une seconde, dans la zone de DRS, il reste 8 tours pour décider qui va s'imposer dans ce Grand Prix.
La défense de Verstappen est de plus en plus visible, la Red Bull commence à allumer ses gommes au freinage, ce qui n'est jamais bon signe ! Les deux comparses se bagarrent en plein trafic ! Une alerte chez Hamilton aussi qui a bloqué ses roues, et voit dans ses rétroviseurs le leader du championnat se rapprocher !

Le classement au tour 64 : Hamilton, Rosberg, Ricciardo, Vettel, Verstappen, Räikkönen, Alonso, Sainz, Bottas et Hülkenberg pour le top 10.

Il ne reste que 5 tours : Rosberg est à une seconde et deux dixièmes derrière Hamilton, le podium se disputera entre Ricciardo et Vettel qui est revenu dans la seconde. Verstappen est aussi harcelé par Räikkönen, les 6 premières positions ne sont pas encore figées !

Une tentative de désespoir de Räikkönen dans le tour 68 qui l'amène trop loin au virage 1 à l'extérieur. Il lui reste encore un peu plus de 8 kilomètres pour se défaire de Verstappen. Vettel est vraiment proche de Ricciardo à son tour, c'est la lutte pour le podium. Si le pilote australien y accède, ce serait son troisième podium consécutif en Hongrie après sa victoire en 2014 et le double podium de Red Bull l'an passé.

Le dernier tour offrira à Hamilton sa 48ème victoire en carrière, devant Rosberg qui n'aura pu opposer la moindre offensive. Cette victoire lui permet de prendre la tête du classement pour la première fois en 2016. Ricciardo ira donc sur le podium pour la troisième année consécutive, ici à Budapest. Verstappen aura bien résisté à Räikkönen. Alonso sera ravi de marquer des points pour McLaren, ce tracé convenait parfaitement à la philosophie de la monoplace, d'autres tracés ne leur seront pas autant favorables ! Sainz sur la Toro Rosso démontre encore son potentiel, celui de grimper dans la classe supérieur en performances, lui qui a prolongé chez la Scuderia de Faenza pour l'an prochain. Bottas a bord de la Williams qui n'est plus que l'ombre d'une monoplace pouvant décrocher des podiums ou des victoires. Hülkenberg sur la Force India hérite du dernier point en jeu.

Résultat de la course :

01. Hamilton (Mercedes) Vainqueur des 70 tours en 1h40'30"115 (306.630 km) (moyenne : 183,05 km/h)
02. Rosberg (Mercedes) +1"977
03. Ricciardo (Red Bull) +27"539
04. Vettel (Ferrari) +28"213
05. Verstappen (Red Bull) +48"659
06. Räikkönen (Ferrari) +49"044
07. Alonso (McLaren) +1 tour
08. Sainz (Toro Rosso) +1 tour
09. Bottas (Williams) +1 tour
10. Hülkenberg (Force India) +1 tour
11. Pérez (Force India) +1 tour
12. Palmer (Renault) +1 tour
13. Gutiérrez (Haas) +1 tour
14. Grosjean (Haas) +1 tour
15. Magnussen (Renault) +1 tour
16. Kvyat (Toro Rosso) +1 tour
17. Nasr (Sauber) +1 tour
18. Massa (Williams) +2 tours
19. Werhlein (Manor) +2 tours
20. Ericsson (Sauber) +2 tours
21. Haryanto (Manor) +2 tours
Button (McLaren) Abandon au tour 60
Meilleur tour : Räikkönen (Ferrari) 1'23"086 au tour 52 (moyenne : 189,82 km/h)