Triste nouvelle dans le monde du sport automobile français, Jean-Pierre Jabouille vient de nous quitter à l'âge de 80 ans.
Premier vainqueur en F1 pour Renault lors du Grand Prix de France 1979, sa victoire fut quelque peu éclipsée par la bataille pour la deuxième place, le fameux duel entre Gilles Villeneuve et René Arnoux.
Jean-Pierre Jabouille, de Matra à Renault
Jean-Pierre Jabouille débuta en 1966 sur une berlinette Alpine à la course de côte du Mont-Dore, mais se tourna aussitôt vers la Coupe Gordini. Grand ami de Jacques Laffite, Jean-Pierre Jabouille préparait lui-même sa R8G avec l'aide de son compère. Il était alors vendeur chez Roger Loyer, le grand spécialiste parisien de la voiture de sport d'occasion, ce qui lui facilitait la tâche.
Il faut préciser qu'il fut toujours très attiré par l'aspect mécanique de la compétition. En 1967, il racheta la Brabham F3 que son cousin Pierre Bardinon avait mise précédemment à la disposition de Philippe Vidal. Il se débrouilla si bien à Monaco qu'il fut invité à se joindre à l'écurie Crio au Tournesol, qui alignait des Matra. Il allait remporter la course de F3 en lever de rideau des Trophées de France à Reims au volant d'une Matra. C'était deux ans après la victoire de Beltoise, ici-même, mis sur orbite par la firme française.
En 1968, Jabouille (qui avait racheté la Matra) s'était aligné en indépendant et manqua de peu le titre national, au profit de... François Cevert ! Avec ses succès, Jabouille sera remarqué par Jacques Chenisse, le directeur sportif d'Alpine-Renault. Il fut donc engagé pour courir en F3 aux côtés de Patrick Depailler. Hélas, l'Alpine n'était pas performante et il ne remporta aucune victoire.
C'est alors que Elf fut contraint de quitter Matra et pour poursuivre sa politique promotionnelle, François Guilter allait pousser Alpine-Renault vers la course en circuits. Jabouille disposait désormais d'une meilleure voiture. En outre, le moteur V6 fit ses débuts, Jabouille était au volant d'une barquette, puis en F2 où il enlèvera le titre européen en 1976, sous la houlette de Gérard Larousse. Le nom de Jabouille était désormais inséparable de celui de Renault. Ses capacité techniques lui firent jouer un rôle primordial dans la mise au point du moteur turbo, tant en Sport Proto qu'en F1.
En coulisses, Alpine prépare un châssis laboratoire, la A500 qui fut terminée début 1976. Officiellement c'était une F2, mais elle allait recevoir le moteur F1 Turbo, qui fit ses premiers essais dans une A442 Sport aux mains de Jabouille. La suite est connue, Renault Sport récupèrera le volet compétition pour la F1 et s'y engagera sous son nom avec la technologie Turbo, une première en F1.
Jabouille le malchanceux
De ses 55 départs en Grand Prix, Jean-Pierre Jabouille ne concrétisera que deux victoires (France 79 et Autriche 1980), toutes deux au volant d'une Renault. Sa pointe de vitesse n'est plus à démontrer, il s'est élancé 6 fois depuis la pole position. Il terminera sa carrière en F1 dans une Ligier-Matra en 1981 où il ne disputera que trois courses, mais suite à son accident du Canada en 1980 où il se brisa une jambe, ce qui le poussera vers la sortie.
En dehors des monoplaces, on évoquera également ses nombreuses participations aux 24 Heures du Mans, où il montera sur la dernière marche du podium à 4 reprises. Il rejoindra le constructeur Peugeot pour préparer le programme d'endurance et les 24 Heures du Mans pour la firme de Sochaux. Il succédera à Jean Todt comme directeur de Peugeot Sport, il sera conduit vers la sortie en 1995 à la suite des mauvais résultats en F1 comme motoriste pour les écuries McLaren et Jordan.
A sa famille, ses amis et ses proches, toute la rédaction de FranceRacing adresse ses plus sincères condoléances.