Contexte assez compliqué pour la F1. Certains pilotes vont se retrouver sans volant à la fin de la saison. N'est-ce pas le moment d'entamer des changements ?

L'article 8.6 du règlement sportif de la F1 stipule qu'il ne peut pas y avoir plus de 26 voitures sur la grille et que chaque équipe doit engager deux voitures. Aujourd'hui, il y a dix équipes en F1, avec le récent sauvetage de l'équipe Force India par le consortium mené par Lawrence Stroll. Avec la prolifération des académies ou "Junior Team'', il est difficile d'avoir une place pour tout le monde. Pire, certaines équipes se retrouvent dans une situation inconfortable, à l'image de Toro Rosso. En effet, l'équipe junior de Red Bull n'a pas de pilotes issus de son programme à placer dans les monoplaces de Faenza.

L'an passé, Pascal Wehrlein, pilote Mercedes, s'est retrouvé sans volant, l'obligeant à faire un retour en DTM malgré une bonne prestation chez Manor et Sauber. Esteban Ocon semble se retrouver dans une situation similaire.

Le cas Esteban Ocon

Prenons justement la problématique du pilote français. Possiblement évincé de Racing Point Force India pour faire place à Lance Stroll, fils du nouveau propriétaire, Esteban Ocon était sur la liste de Renault et sur celle de McLaren.

Concernant Renault, l'équipe a choisi Daniel Ricciardo, fermant la porte au pilote Mercedes. Cyril Abiteboul s'est expliqué sur cette décision. "Ricciardo était la seule option, en plus d’être la meilleure, d’avoir un pilote 100% Renault. Ocon nous aurait été prêté par Mercedes. Je n’ai jamais directement confirmé cette possibilité de le voir chez nous. Même si Esteban était sur notre short-list. Nous avions essayé l’an dernier, mais ça n’avait pas fonctionné'', expliquait le patron de Renault à RMC. Ce dernier met en lumière les difficultés de négociations avec une autre entité présente en F1, comme cela a été le cas avec Carlos Sainz Jr cette saison.

"Si les pilotes sont stigmatisés en tant que pilotes Mercedes, ça n’est pas la meilleure proposition'', expliquait en Italie Toto Wolff.

Doit-on repenser l'idée d'une troisième voiture ?

"Il existe une solution simple. Donnez-nous l'opportunité d'utiliser une troisième Mercedes. Écrivons dans le règlement que nous pouvons mettre dans une troisième voiture un jeune pilote, qui ne peut pas avoir plus de deux années d'expérience en F1'', explique Toto Wolff dans le paddock de Monza. L'exemple de ce dernier enverrait Esteban Ocon sur la touche malgré tout.

L'idée semble bonne sur le papier. Selon ce dernier, "le coût serait gérable''. Cependant, faire courir une troisième voiture, dans un contexte où les budgets devront être réduits d'ici cinq ans, ne semble pas la meilleure des idées en l'état. Sous quelles conditions une équipe pourrait embaucher un pilote ?

Un jeune pilote dans une troisième voiture pourrait prétendre au championnat des pilotes. Étant donné que l'introduction de cette voiture ne serait pas faite par toutes les équipes, elles ne pourraient pas offrir des points aux équipes acceptant d'en engager une.

Libérer les livrées, un moyen de financer ce projet ?

L'article 9.1 du règlement sportif de la F1 demande à ce que les voitures engagées par une équipe doivent avoir la même livrée sur l'ensemble des évènements du championnat. Revoir cet article dans l'idée d'introduire une troisième voiture est nécessaire voire obligatoire. La F1 doit s'inspirer de son cousin américain, l'IndyCar. Une même équipe peut avoir des voitures avec des livrées différentes.

Cela laisserait la possibilité à un jeune pilote d'engager une voiture en la finançant via des sponsors personnels. Un pilote membre d'un programme junior pourrait de courir en F1. Cela offrirait une place à Antonio Giovinazzi, George Russell ou encore Artem Markelov.

Le junior team n'est pas une solution !

Si Red Bull a choisi cette voie en rachetant Minardi, pour la faire devenir Toro Rosso, cette solution n'est aujourd'hui plus viable pour un grand constructeur.

"Financer une équipe junior n’est pas une option. Dépenser 80, 90 ou 100 millions de dollars par an dans une équipe pour simplement placer un pilote, ce n’est pas ce que nous voulons'', explique Toto Wolff.

Depuis quelques saisons, des partenariats ont été mis en place avec différentes équipes. Ainsi, Sauber a bénéficié du soutien d'Alfa Romeo. Cela permet à Ferrari d'y placer un de ses jeunes pilotes. Mercedes utilise la fourniture de ses moteurs pour suggérer un pilote et, in fine, le placer.

Quelle est la solution alors pour les jeunes pilotes ?

Dans l'immédiat, l'attente semble être la solution la plus sage pour tout jeune pilote voulant rejoindre la F1. Un pilote soutenu par un programme ne peut pas rivaliser à armes égales contre un pilote richissime. Pourtant, certains disposent des deux casquettes, comme pour Artem Markelov.

L'introduction d'une troisième voiture ne se fera pas dans l'immédiat voire pas dans la prochaine décennie.