Le rejet de l’accord portant sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne a ravivé les doutes. Le Brexit aura-t-il un réel impact sur le Championnat du monde de F1, depuis longtemps implanté sur le territoire européen ?

Même avant extinction des feux, la F1 voit rouge. Mardi dernier, Theresa May a essuyé une défaite cuisante (et historique), avec le rejet massif de l’accord de divorce entre l’Union européenne et le Royaume-Uni (432 voix contre et 202 voix pour). Cet évènement est d’autant plus alarmant pour le monde de la F1. Pour rappel, un accord entre l’Union européenne et le Royaume-Uni est nécessaire, sous peine de lourdes conséquences économiques. Theresa May et son gouvernement ont jusqu’au 29 mars pour trouver une solution.

Quid du Championnat de F1 ?

Pour certains, Brexit et sport automobile sont deux expressions qui semblent bien éloignés. Et pourtant, leur univers respectif se croisent même en dehors des circuits. D’une part parce que la plupart des épreuves de course automobile ont comme foyer le territoire européen, avec la création du Championnat du Monde de F1 sur le sol britannique, et plus important encore, l’implantation progressive et massive des usines automobiles et structures professionnelles au Royaume-Uni. Rien qu’en F1, la grande majorité des écuries disposent d’usines (Mercedes à Brackley, Red Bull à Milton Keynes) et d’antennes (Haas et Renault notamment) un peu partout sur le territoire anglais. 

Plus globalement, l’industrie du sport automobile britannique représente une part non-négligeable de l’activité économique du pays. D’après l’université de Conventry, son chiffre d’affaire avoisinait les 7,3 milliards en 2000, et a atteint les 10,5 milliards d’euros en 2013. Avec près de 41 000 personnes employées et plus de 4500 entreprises impliquées, ce secteur est un joyau précieux de la couronne économique britannique.

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"Nous allons leur rendre la vie difficile"

L’absence d’un accord sur le Brexit pourrait potentiellement être néfaste pour la F1 et le sport automobile en général. Sans accord sur la liberté de circulation des personnes et des marchandises, les acteurs majeurs de la discipline rencontreraient alors des difficultés dans le développement de leurs structures et le recrutement de leur main d’oeuvre. Comme déjà expliqué, bon nombre des écuries sont implantées au Royaume-Uni : quel sort sera réservé aux travailleurs européens ? Quel sera le prix des matériaux importés ? Les exportations et investissements seront-ils toujours rentables ?  

Toutes ces questions sont pour le moment sans réponse. C’était sans compter sur David Richards, actuel co-propriétaire d’Aston Martin et représentant en chef de la haute-autorité pour le sport automobile britannique. Celui qui a dirigé plusieurs saisons durant l’écurie BAR-Honda a appelé les écuries de F1 à ne pas se plier à la situation : « Nous devrions être fiers de ces écuries et de tous ces champions basés ici. » Richards compte militer directement auprès du gouvernement de Theresa May, et assure ne pas vouloir baisser les bras : « Nous allons leur rendre la vie difficile. […] Nous ferons tout ce qui est en notre possible pour assurer que cela n’arrive pas. »

David Richards serait rentré en contact avec trois écuries du plateau actuel. Parmi elles, un « top team » dont le nom n’a pas été révélé. Même si la discrétion est de mise avant le Grand Prix d'Australie, il est clair qu’un climat de tension grandit à mesure que la date du 29 mars 2019 approche.