L'information a été révélée par David Leask, journaliste du journal The Herald et Christian Sylt, journaliste pour Forbes et PitPass. Selon les deux journalistes, Liberty Media a usé d'un montage financier via des entreprises écossaises pour racheter la F1.

En septembre dernier, Liberty Media rachète la F1 à Delta Topco pour la somme de 7,1 milliards d'euros. Cette acquisition s'est faite comme suit : 18,7% de Delta Topco racheté au moment de l'annonce le 7 septembre dernier pour la somme de 663 millions d'euros ; acquisition complète et rachat de la dette pour une valeur totale de 7,1 milliards d'euros.

Il y a quelques semaines, The Guardian révélait que le rachat de Delta Topco par Liberty Media s'était faite via une filiale sur les Iles Caïmans. En effet, Liberty GR Cayman Acquisition Company aurait apporté les fonds pour l’achat de la F1. En prêtant, la société basée sur les Iles Caïmans percevraient des intérêts non imposables. L’argent irait à Liberty Media pour revenir à… Liberty Media, avec un gain en plus.

L'Ecosse au coeur du rachat

Mais le montage financier est beaucoup plus complexe. Selon les deux journalistes Christian Sylt et David Leask, Liberty Media a utilisé des Scottish Limited Partnership (SLP). Ces sociétés disposent de nombreux avantages dont un non négligeable : la transparence fiscale. Ainsi, une SLP ne paye pas d'impôt directement puisque ce sont les partenaires qui la payent, sauf si ces derniers ne sont pas résidents du Royaume-Uni.

Le 24 août 2016, est créé Liberty GR Foreign Holding Company I LP. Si on regarde les papiers de cette société, on peut voir que le capital de cette SLP est de 2,84 milliards d'euros en espèces et 55 424 474 actions de LMCK, actions de Liberty Media. Le jour d'après, Liberty GR Foreign Holding Company II LP voit le jour. Tout comme la première citée, le capital de cette SLP est de 2,84 milliards d'euros en espèces et 55 424 474 actions de LMCK.

Ces deux sociétés sont détenues par Liberty GR Acquisition Company, créée dans le même temps que les précédentes et dont le capital est au 24 janvier 2017 de 4,3 milliards d'euros. Aussi, cette dernière est détenue par Liberty GR Holding Company Ltd, dont l'actionnaire principal n'est autre que Liberty GR Cayman Acquisition Company, créée en même temps que les dernières citées. Le capital de cette société a atteint le 24 janvier dernier la somme de 2,9 milliards d'euros.

Qui est propriétaire de la F1 ?

The Herald n'a pas hésité à contacter Liberty Media afin de savoir qui était le propriétaire de la F1 parmi les structures créées par le nouveau propriétaire de la F1. Aucun commentaire n'a été fait.

En tout cas, une chose peut mettre la puce à l'oreille. Dans son communiqué du 23 janvier 2017, Liberty Media souligne que les actionnaires vendeurs ont reçu la somme de 2,8 milliards d'euros et 56 millions d'actions de LMCK. Cela représente plus ou moins ce qui a été investi dans la première SLP.

Les conditions du rachat sous enquête ?

Anneliese Dodds, député britannique est à l'origine d'une requête auprès de la Commission Européenne sur de nombreux faits qui sont reprochés à la F1. Ainsi, elle a demandé une enquête sur la répartition des revenus, l'imposition généreuse accordée par le fisc britannique et le conflit d'intérêt de la vente par la FIA.

Sur le deuxième point, une nouvelle enquête a été demandée par le député britannique. Aussi, elle a demandé une enquête indépendante sur la façon dont Liberty Media avait racheté la F1 et avoir la lumière sur son utilisation des SLP. "Ceci est un autre exemple d'une faille dans le système fiscal qui peut être abusé par les entreprises et les individus qui cherchent à éviter leurs contributions'', déclarait-elle en début de semaine.

Le 8 novembre dernier, Greg Maffei se vantait que la F1 avait « une structure à faible taux d’imposition attractive ». Selon les informations publiées par The Guardian, en 2015, Delta Topco a réalisé un chiffre d’affaires de 1,59 milliards d’euros pour un bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement de 430 millions d’euros. Delta Topco a payé 6 millions d’euros d’impôts au fisc britannique.