Le divorce entre McLaren et Honda semble acté. L'équipe de Woking sera propulsée par un moteur Renault la saison prochaine tandis que Honda va équiper les Toro Rosso. Dans ce divorce, qui est en tort ?

Bernie Ecclestone n'a pas hésité à s'exprimer ces derniers jours sur le divorce entre McLaren et Honda. Selon l'ancien "big boss'' de la F1, McLaren a sa part de responsabilité dans ce divorce.

"Je ne vois pas pourquoi McLaren sera plus heureuse avec Renault qu’elle ne l’est avec Honda. Ce n’était pas la faute de Honda si ça n’a pas fonctionné mais celle de McLaren. Chaque jour, ils se battaient à propos de tout, au lieu de travailler ensemble. C’était un peu stupide'', déclare-t-il.

Le président d'honneur de la F1 a-t-il raison ?

La fiabilité, un problème pour Honda

L'association McLaren-Honda a duré trois saisons. Durant cette période, l'équipe a marqué 114 points (décompte arrêté après l'Italie). Cependant, McLaren n'a remporté aucune course et n'est monté sur aucun podium. Le meilleur résultat reste trois 5e places. Mais ça n'a pas été simple pour l'équipe McLaren qui a subi de plein fouet les problèmes de fiabilité du moteur Honda. "Nous savions que ce ne serait pas facile, mais peut-être que nous ne pensions pas que ce serait difficile'', déclarait Yasuhisa Arai en 2015.

En 2015, les deux pilotes McLaren ont utilisé au total 23 moteurs thermiques, 23 turbos, 23 MGU-H, 18 MGU-K, 9 batteries et 13 commandes électriques. Fernando Alonso et Jenson Button ont reçu au total 310 places de pénalité sur l'ensemble de la saison.

En 2016, les trois pilotes McLaren ont utilisé au total 14 moteurs thermiques, 15 turbos, 15 MGU-H, 13 MGU-K, 13 batteries et 13 commandes électriques. En tout, Fernando Alonso, Jenson Button et Stoffel Vandoorne ont reçu 140 places de pénalité sur l'ensemble de la saison.

Jusqu'au Grand Prix d'Italie 2017, les trois pilotes McLaren ont utilisé au total 14 moteurs thermiques, 19 turbos, 19 MGU-H, 14 MGU-K, 12 batteries et 11 commandes électriques. Cela fait pour Fernando Alonso, Stoffel Vandoorne et Jenson Button un total de 255 places de pénalité.

705 places de pénalité ont été reçues par les pilotes McLaren depuis le début de l'association avec Honda.

La réglementation, contre l'arrivée des nouveaux motoristes

Il faut relativiser tout cela par une composante : les essais. Honda, en revenant en F1 en 2015, n'a pas eu le loisir de tester son moteur en conditions réelles sur un circuit, dans une monoplace banalisée. Le motoriste est arrivé en F1 avec un moteur qu'il a développé en usine.

La réglementation stipule qu'un pilote ne doit utiliser que 5 puis 4 éléments moteurs sur toute la saison. Difficile dès lors pour un motoriste qui rejoint la F1 et qui ne dispose que des essais hivernaux pour développer son moteur d'être fiable. Chaque amélioration que peut apporter Honda se solde par le changement d'un élément pris dans le quota et, in fine, par une pénalité pour le pilote.

Aussi, rappelons-nous de cette règle des jetons pour le développement des moteurs. Pour sa première saison, Honda ne disposait que de 9 jetons pour développer son moteur contre 32 pour les autres motoristes. Ainsi, ce chiffre a été choisi en fonction de la moyenne de ce qu'ont utilisé les autres motoristes lors de la saison passée. Le motoriste a été obligé d'utiliser dans les premières courses 2 jetons pour résoudre ses soucis de fiabilité, liés à sa conception.

La conception du moteur, une erreur

Honda est arrivé en F1 avec son RA615H. Selon les différentes rumeurs, le moteur Honda aurait un défaut de conception, notamment au niveau de son moteur à combustion interne. Difficile avec une marge de développement limité de résoudre un problème de conception aussi rapidement. De ce fait, la puissance, la fiabilité et la consommation d'essence n'ont pas été au rendez-vous.

Il faut avouer que Honda n'a pas été cherché des personnes d'expérience auprès de leurs rivaux. Une politique étonnante qui a été très souvent critiqué par les dirigeants de McLaren.

McLaren et Honda, un vieux couple...

Une relation dominant-dominé dès le départ

Honda n'a pu se reposer que sur l'équipe McLaren pour développer son moteur, soit sur les données d'une équipe contre 3 pour Mercedes, 3 pour Ferrari et 3 pour Renault. Il est, de ce fait, compliqué d'aller de l'avant. La relation entre McLaren et Honda n'a pas été simple dès le départ.

Souvenons-nous de cette phrase de Yusuke Hasegawa, directeur de Honda F1, en mai 2016. "Les personnes avec qui j’ai un contrat, le contrat stipule que Honda ne peut fournir que cette équipe et personne d’autre'', lançait-il à la presse. Ron Dennis a négocié dès le départ un contrat d'exclusivité avec Honda. Bernie Ecclestone l'avait même révélé.

Dans l'idée de Ron Dennis, un motoriste ne peut gagner qu'avec une équipe et tant que cela n'est pas fait, il ne faut pas disperser les ressources. Seulement, sans développement autre qu'avec McLaren, Honda n'a pas pu résoudre ses soucis de fiabilité. Est-ce réellement à cause du moteur ou de la structure du châssis qui favorise le problème des pièces ? Nul ne le sait pour le moment.

Une communication compliquée

On ne se cachera pas sur le fait que la communication autour de McLaren et Honda a été plus que catastrophique. Rappelons-nous du fameux "GP2 Engine'' de Fernando Alonso au Japon en 2015. Après la diffusion de ce message, le pilote espagnol n'a pas hésité à affirmer que ce genre de messages permettaient au motoriste de se concentrer pour apporter des changements drastiques.

Fernando Alonso a été l'un des plus virulents avec le moteur Honda. Il faut dire qu'il a quitté Ferrari où il n'a pas pu être Champion du Monde pour rejoindre McLaren et Honda et vivre la même histoire qu'Ayrton Senna à la fin des années 80. Mais quid de la fiabilité du moteur Honda, le pilote n'est pas monté sur un podium en trois ans.

Récemment encore, Zak Brown n'a pas hésité à dire que Honda était "perdu''. "C'est malheureux, je ne peux pas les convaincre que nous allons dans la bonne direction. Mais je suis persuadé que nous ne sommes pas perdus'', expliquait Yusuke Hasegawa à Autosport.

Il est difficile de notifier tous les messages qui ont pu être dits durant les trois dernières années. Une chose est sûre, la solution trouvée par McLaren a été de laisser Honda pour laisser Renault les propulser.

Le châssis est-il vraiment l'un des meilleurs du plateau ?

McLaren n'a pas hésité à critiquer le moteur sans regarder son propre châssis. Si on en croit Fernando Alonso, avec un autre moteur, McLaren peut gagner. Certes, l'argument est recevable mais pourtant, la voiture a connu aussi son lot de défauts.

En 2015 et 2016, McLaren a adopté la "taille zéro''. Pour faire simple, cette philosophie consiste à rétrécir la zone autour du moteur et sa couverture à une taille minimale, au nom d'un faible centre de gravité et d'une traînée minimale, et une partie de celle-ci a été réalisée à l'aide d'un compresseur axial plutôt qu'un design traditionnel. Cependant, l'une des grandes faiblesses de ce design a été sa faible dissipation de chaleur.

A qui la faute ?

Reprenons la phrase de Bernie Ecclestone : "Ce n’était pas la faute de Honda si ça n’a pas fonctionné mais celle de McLaren''.

Honda a sa part de responsabilité dans ce divorce. L'idée de départ a été mauvaise et la conception du moteur un échec. Peu aidé par la réglementation en vigueur, le motoriste s'est débattu tant bien que mal pour proposer un moteur fiable.

Cependant, McLaren a sa part de responsabilité dans la relation et la communication. A être dominant dans une relation, on en oublie parfois le dominé... L'équipe comme son pilote star ont un rôle dans ce divorce par les nombreuses frasques qui ont été dites en direct ou à la presse. Que ce soit sous l'ère Ron Dennis ou l'ère Zak Brown, les critiques sont les mêmes.

Qu'en sera-t-il de la relation avec Renault qui semble se tourner vers une sorte d'exclusivité ? Réponse dans les mois à venir...