Cela n'aura échappé à personne que le retour de Renault Sport F1 est des plus difficile. Cela n'étonne pas les intéressés qui savaient parfaitement quel était le challenge à relever ! Le directeur de l'équipe, Frédéric Vasseur, habitué des victoires avec les jeunes talents qu'étaient Lexis Hamilton et Nico Rosberg en GP2, se confie et nous expose comment ils vont remplir leurs objectifs.

Renault repart de la case zéro

F1.com : Fédéric Vasseur, après cette première moitié de saison en tant que Directeur de l'équipe Renault F1, comment abordez-vous ce rôle ?

FV : Et bien, je savais que ce serait difficile (rires !). Les personnes étrangères au projet n'ont certainement pas la même vision d'ensemble, mais si vous voulez réussir, vous devez encaisser le choc. C'est un défi à long terme, nous avons besoin de restructurer toute l'équipe. Si quelqu'un se joint à nous d'ici à la fin de l'année, ils ne travailleront que sur la voiture de 2018. En ce moment, nous sommes sur la bonne voie, nous sommes mieux organisé qu'en début de saison. Nous allons de l'avant, mais encore une fois nous obtiendrons nos résultats à mi-parcours, et pas la semaine prochaine.

F1.com : Vous avez connu des succès par le passé dans vos rôles de manager, est-ce que cela ne vous manque pas de gagner à nouveau ?

FV : Bien sûr ! Si vous faites de la course, c'est pour être au sommet. Mais le challenge à présent n'est pas d'être sur le podium la semaine prochaine. Notre but est de construire une organisation solide, une belle structure pour pérenniser l'avenir.

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Renault, le développement de soi-même

F1.com : Étiez-vous réellement préparé à une saison aussi difficile ? Vous n'êtes rentré qu'une seule fois dans les points, en Russie... c'est loin !

FV : Et bien, les positions que nous obtenons sur la grille de départ aujourd'hui, ne nous permettent pas de viser les points. Et même si nous y parvenons, c'est en fonction de certaines circonstances, ou de certains incidents. Je ne peux pas attendre après des accidents... Si nous pouvons nous améliorer et nous classer aux alentours de la quatorzième place pour accrocher la dixième, ce serait plus facile.

F1.com : Il semblerait que vous ayez abandonné le développement de votre monoplace 2016 bien avant la concurrence. Où en êtes-vous dans le travail de la voiture de 2017 ?

FV : Oui, en effet nous ne considérons plus 2016 comme une bonne opportunité pour nous ! Aujourd'hui nous utilisons une monoplace 2015 conçu autour d'un bloc Mercedes, et non pas un moteur Renault. Nous en avons souffert en début d'année, mais nous ne développons pas la voiture de 2017 sur la base de celle de cette année, mais celle de 2015. 

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Renault renverse la table

F1.com : Il est clair que Renault se devait de réformer Enstone. Quels sont les changements ?

FV : Quand nous avons repris le contrôle de la société, il n'y avait plus que 470 employés. Aujourd'hui les effectifs sont de 570, ce qui fait un changement important. Les prévisions sont d'un recrutement de 70 à 80 personnes supplémentaires. Mais pour atteindre ce nouvel objectif, nous devons aussi investir dans la structure des bâtiments, et des machines. Et tout cela prend du temps.

F1.com : Red Bull Racing (avec un moteur Renault) se bat avec Ferrari en haut du classement pour la seconde place, très loin de votre situation. Cela veut dire que le moteur Renault a déjà été massivement amélioré ? Donc, il faut que vous améliorer votre niveau de jeu sur le plan aérodynamique, où allez-vous obtenir les talents nécessaires ?

FV : Tout d'abord, c'est assez prometteur comment le moteur se comporte dans la monoplace Red Bull. C'est un soulagement ! En ce qui concerne le département aérodynamique, nous voulons battir cela avec nos ingénieurs, en interne. C'est cette logique qu'il faut adopter pour un plan à long terme. L'objectif est 2020, mais si nous obtenons une aide extérieure, nous étudierons cela !

© Renault - Red Bull

© Renault - Red Bull

F1.com : Vos pilotes ne font-ils pas trop d'erreurs ?

FV : Non, parce que la situation n'est pas facile pour eux non plus. Ils ont fréquenté des équipes dans le passé, et ont gagné, désormais ils savent que cela n'arrivera pas dans la situation actuelle. Il faut garder à l'esprit que Jolyon Palmer est un débutant, et que Kevin Magnussen n'avait fait qu'une seule saison avant celle-là (McLaren). Mais ils font du bon travail, ils ont une bonne approche et sont d'une grande aide pour l'équipe.

Renault et les chaises musicales...

F1.com : La dernière fois que vous nous mentionnez cinq noms qui ont un avenir, vous évoquiez Kevin Magnussen et Jolyon Palmer, naturellement, mais également Max Verstappen, Stoffel Vandoorne et Esteban Ocon. Est-ce que ce classement tient toujours ?

FV : Verstappen c'est sûr, Vandoorne oui, et Ocon également...

F1.com : ... et Jolyon et Kevin ?

FV : Oui, je le pense également ! Mais prenez le cas de Max par exemple : il est dans une voiture gagnante, ce qui n'est pas la situation de nos deux pilotes. Ils font le forcing tous les deux pour que cela s'améliore le plus tôt possible. En somme c'est une bonne courbe d'apprentissage.

F1.com : Cela nous dirige donc vers votre duo de la saison 2017. Continuez-vous dans cette même configuration, ou prendriez-vous un risque calculé ?

FV : Il est trop tôt pour en discuter maintenant, nous allons certainement prendre une décision début septembre.

F1.com : Vous avez actuellement un duo plutôt inexpérimenté, cherchez-vous à attirer un pilote ailleurs ?

FV : Si vous regarder l'histoire des succès par le passé, tout s'est construit autour d'un pilote. Il y a eu Schumacher et Ferrari, Vettel et Red Bull, Hamilton et Mercedes, ainsi que Renault et Alonso. Le pilote est non seulement accès sur son talent de pilotage, mais également sa performance à motiver une équipe. A l'heure actuelle, nous avons un millier de personnes à contenter émotionnellement entre Viry-Chatillon et Enstone. C'est le travail d'un pilote super motivé d'entraîner ces ingénieurs, ces mécaniciens et de les motiver à leur tour.

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© Formula1.com - Renault 2016

© Formula1.com - Renault 2016

Renault, la fin justifie les moyens ?

F1.com : Pensez-vous que ce trait de caractère se trouvent chez vos deux pilotes ?

FV : Ils s'améliorent ! Nous savons que nous sommes sur la grille pour nous améliorer, c'est notre message écrit en lettres capitales !

F1.com : Que va-t-il se passer de différent dans la seconde moitié de saison ? Vous êtes actuellement neuvième, pouvez-vous faire mieux ?

FV : L'ordre hiérarchique est actuellement établi, il sera compliqué de le changer, et que nous travaillons pas sur la voiture. Donc, à moins d'un cadeau du ciel, je ne vois pas comment nous pourrions doubler nos adversaires.

F1.com : Vous aimez toujours votre travail ? Même sans ce cadeau du ciel ?

FV : J'ai passé ces 25 dernières années sur les circuits, mais je suis également un grand fan de tennis. Quand vous faites du tennis, la seule chose que vous voulez, c'est jouer à Winbledon. C'est la même chose en F1, à la fin, seule la victoire est belle (rires !).