Dans une interview accordée à Auto Motor und Sport, Ross Brawn revient sur différents sujets. L'un d'entre eux concerne Ferrari, équipe pour laquelle il a travaillé de fin 1996 à fin 2006.
Tous les regards se tournent vers Ferrari. Avec la menace de quitter la F1 si les nouvelles règles concernant les moteurs sont appliquées, le propriétaire de la F1 Liberty Media s'inquiète. Il faut dire que Ferrari est l'équipe mythique de la F1, avec 949 Grands Prix disputés depuis 1950.
"Ils sont très importants, et je les porte toujours dans mon cœur. Après tout, j'ai travaillé pour eux pendant dix ans. Ferrari est une icône, et nous espérons que nous trouverons une solution qui rendra justice à tout le monde. Nous ne voulons pas que Ferrari quitte la F1'', déclare Ross Brawn à AMuS.
Un traitement de faveur ?
Depuis le début des années 80? Ferrari dispose d'un avantage : un droit de veto. Ce droit lui a été conféré car Enzo Ferrari était le seul à fabriquer à la fois châssis et moteur. Aussi, il devait faire face aux équipes privées comme Williams, Lotus ou encore McLaren, propulsées par le Ford Cosworth.
Par le passé, Ferrari n’a utilisé son droit de veto qu'une fois. L’affaire de 2009 opposant la FIA à la Scuderia concernant le règlement 2010 en est la preuve. Cette affaire portant sur le plafonnement des budgets, a été déboutée par le tribunal de grande instance de Paris, prétextant que l’équipe, voulant utiliser justement le droit de veto, ne l’avait pas exercé utilement. Une histoire qui s’était transformée à l’époque en un véritable conflit entre la FIA et la FOTA, association des équipes, créée en 2008 à Maranello.
En 2015, Ferrari a apposé son veto sur la proposition visant à réduire le prix maximum des unités de puissance et des boites de vitesses pour les équipes clientes. Maurizio Arrivabene justifiait ce veto en expliquant avoir fait « valoir son droit commercial en tant que motoriste ».
Mais ce droit devrait être remis en cause lors des prochains Accords Concorde. En effet, Jean Todt souhaite le supprimer. "Les temps changent, et je pense qu’il est temps que Ferrari abandonne ce droit de veto'', expliquait-il récemment.
Selon Ross Brawn, toutes les équipes méritent un traitement équitable. "Le sport devrait être juste pour tous les participants. Je pense que pour Ferrari aussi. Oui, c'est vrai que Ferrari a un droit de veto. C'est plus une relique historique'', explique-t-il.
Réponse aux accusations de Ferrari
Ferrari accuse les nouveaux propriétaires de la F1 de vouloir unifier la technologie en F1. Mais Ross Brawn répond à cela.
"Nous ne voulons pas transformer la F1 en une série NASCAR. Ce serait un désastre pour la F1. Dans la NASCAR, la mise en place des voitures fait la différence. Ce n'est pas notre intention. La liberté technique dans une certaine mesure est historiquement importante pour la F1. Parce qu'elle nous apporte des fans. Nous sommes seulement allés trop loin. Nous savons que les meilleures équipes dépensent aujourd'hui deux fois plus pour cette technologie qu'il y a sept ou huit ans'', explique-t-il.
Ancien directeur de Mercedes, Ross Brawn met en relation son expérience au sein de l'équipe allemande avec Red Bull et ce qui se passe aujourd'hui.
"Quand j'étais chez Mercedes, nous avons dépensé 70% de l'argent que Red Bull a utilisé pour devenir Champion du Monde. Nous avons terminé quatrième. Comme Force India aujourd'hui. Mais Force India dépense 40% de ce que Mercedes investit aujourd'hui. A notre époque, beaucoup d'autres équipes sont montées sur le podium qu'aujourd'hui'', ajoute-t-il.
Objectif : réduire les budgets
Ainsi le combat des nouveaux propriétaires de la F1 est simple : réduire les coûts. Néanmoins, les derniers comptes de la F1 font état d'une perte et d'une redistribution des revenus moins importantes pour les équipes.
"Si nous pouvions réduire de moitié les coûts pour les meilleures équipes, nous aurions fait un grand pas en avant. C'est aussi pour leur bénéfice. Cela leur permet d'économiser de l'argent et cela crée une concurrence plus étroite, ce qui signifie un meilleur sport et, finalement, des revenus plus élevés pour tous'', déclare-t-il.