Juan Manuel Correa a repris le volant lors des essais hivernaux en Autriche. Pilote ART Grand Prix en FIA F3, il revient après une longue rééducation.

En cette terrible après-midi d'août, au fond des Ardennes belges, nos cœurs se sont déchirés, le corps de Juan Manuel Correa également. Il lui a fallu subir de nombreuses opérations, de longs mois de rééducation, 18 mois de souffrances et d’effort pour retourner à sa passion, sa raison. Le souvenir d’Anthoine Hubert est accroché aux cœurs de tout le paddock, et le retour de Juan Manuel Correa ne peut qu’apaiser un petit peu la peine de chacun.

Un retour en piste avec le soutien de tous

Juan Manuel Correa a porté fièrement son nouveau casque lors de ces essais. Un casque qui rend un bel hommage à Anthoine Hubert. Le, désormais, pilote ART a été discret durant sa période de convalescence, mais il n’en a pas pour autant déprécié les élans d’affections des fans et des membres du paddock.

« J'ai apprécié l’attention que j’ai reçue. Je ne suis habituellement pas un grand fan des médias, mais le soutien de tout le monde a été incroyable. Je regardais les messages vendredi quand nous avons sorti la vidéo de mon casque et c'était fou. Je sens que les gens sont vraiment heureux pour moi et c’est un sentiment formidable.

C'était agréable de prendre le volant, de faire ce que j'avais à faire, de me débarrasser de toutes les distractions et de commencer enfin à travailler sur la saison. Cela a mis du temps à venir pour moi, donc c'était une sensation formidable d'être là » explique-t-il sur le site officiel de la FIA F3

Anciennes et nouvelles sensations

Lors de ces deux jours de tests, Juan Manuel Correa n’a pas chômé pour retrouver des sensations, finalement assez proches de la FIA F2. Il a effectué un total de 158 tours, tout en restant dans le cœur du peloton dans le classement des meilleurs temps.

« Les premières sensations étaient vraiment bonnes. J'ai tout de suite senti que c'était assez similaire à la conduite de la F2. Il a beaucoup d'appui. Je pense que tout au long des deux jours, j'étais en fait un peu plus proche du rythme que ce à quoi je m'attendais, donc c'était positif, même s'il reste encore beaucoup de choses sur lesquelles travailler.

Nous avons fait des tests, ce que nous ne nous attendions pas à faire, car nous pensions qu'il me faudrait un peu plus de temps pour reprendre le rythme avec la voiture et apprendre la voiture. Mais nous avons déjà pu apporter quelques modifications à la voiture, car mes retours étaient plutôt bons.

L'équipe ART a été formidable. Ils connaissent très bien cette voiture. Ils savent comment elle se comporte, quels changements font quoi, et cela a été vraiment bien parce que cela m'a permis de me concentrer sur moi-même. J'ai aussi la chance d'avoir deux très bons coéquipiers (Frederik Vesti et Alex Smolyar) qui m'ont toujours donné une bonne référence et cela m'a permis de me comparer à certains des gars les plus rapides. »

Continuer la rééducation et la progression

Une reprise qui lui a permis de savoir où il en était en terme de rythme, d’endurance et de formes physiques. Passé proche de l’amputation, Juan Manuel Correa doit réapprendre à piloter à haut niveau, retrouver des sensations et de la confiance. Ces essais ont été positifs sur tous ces points pour le pilote. Le retour en piste allait être un vrai défi pour lui, comme il l’explique au site officiel FIA F3.

« Cela allait toujours être un grand défi, surtout avec les limitations physiques que j'ai. Je pense que c'était (physiquement) plus difficile que ce à quoi je m'attendais, mais il m'a fallu moins de temps pour suivre le rythme que je l'imaginais et c'est pourquoi je suis globalement positif.

Les principaux endroits où je perdais du temps étaient dus à mes limitations physiques plus que tout, ce qui commence à devenir frustrant, car il y a du temps là-bas, mais vous ne pouvez rien y faire. Ce n’est pas facile. Je perdais au moins trois dixièmes par tour parce que je n'arrivais pas à freiner correctement dans les grandes zones de freinage. »

Les blessures de Juan Manuel Correa l’empêchent encore d’être au niveau auquel il était avant l’accident. Il va devoir continuer sa rééducation, se reposer d’abord puis travailler pour renforcer ses jambes qui le font encore souffrir, notamment sa jambe gauche. Nul doute que le pilote ne ménagera pas ses efforts et se donnera à fond pour parvenir à son objectif.

« Je continuerai à travailler avec mon équipe de rééducation et mes entraîneurs physiques. Dans l'ensemble, je pense que c'était très positif. Je vais d'abord devoir prendre quelques jours de récupération, car mes jambes sont très, très douloureuses et je dois faire attention à ne pas les surcharger.

Après quelques jours, nous continuerons à travailler la rééducation, en essayant de renforcer cette jambe gauche pour le freinage et de continuer à travailler sur le programme d'entraînement que nous avons fait jusqu'à présent.

Je ne pense pas que je serai à 100 % pour la première course, mais c’est quelque chose que je vais devoir gérer. C'est juste un défi de plus et après tout ce que j'ai accompli et fait au cours de cette dernière année et demie, c'est un petit défi par rapport aux autres défis auxquels j'ai été confronté » conclu Juan Manuel Correa au site officiel de la FIA F3.

Le drame, la perte, la douleur physique et humaine, tout cela est soumis au temps non pas pour guérir, mais pour avancer à nouveau. Saluons le courage de Juan Manuel Correa, son obstination et son envie de revenir. Il avance, il revient. Et n’oublions pas, jamais, Anthoine Hubert, comme tous ces pilotes partis trop vite et trop tôt.