Alors que toutes les voitures de Formule E partagent la même source d'énergie (batterie Williams fourni), la même limite maximale de puissance autorisée (200kW en qualification - 170kW en la course) et le même châssis, comment ça se fait que certaines monoplaces sembles plus performantes que d'autres ? La réponse est complexe, mais peut se résumer en un mot souvent utilisé: "set-up".

Le "set-up" englobe un large éventail de réglages qui comprennent des paramètres physiques qui vont du réglage de l'angle de la roue, au réglage des ailerons et passant par l'équilibre des freins.

Les Formule E sont des voitures que l'ont peut beaucoup régler et modifier par le biais de l'informatique. Les fonctions gérées par les différents boutons et palettes situés sur volant peuvent être modifiés en piste pour produire des réactions différentes, donnant au pilote beaucoup plus de contrôle sur ce qu'il veux faire de sa monoplace.

Tous ces réglages sont peaufinés par les ingénieurs pour accomplir un ensemble spécifique d'objectifs et enregistrer des paramètres spécifiques pour certain circuit. La vitesse en ligne droite peut nécessiter un ensemble de paramètres différents pour une efficacité optimale, par exemple, en fonction de la localisation, la nature du circuit, la surface ou encore la température ambiante. Pour les ingénieurs, l'essentiel est de permettre au pilote d'être à l'aise et heureux dans sa monoplace mais aussi d'être compétitif sur la piste.

Dans le sport automobile de haut niveau tel que la Formule 1 ou le FIA WEC, les équipes peuvent avoir deux ou trois jours pour jouer avec les ajustements et le set-up, et ils peuvent adopter une approche complètement différente en qualification qu'en course. En Formule E, le seul moment où l'on peut modifier ces réglages c'est lors de la journée des essais et de la course, ça laisse beaucoup moins de temps de réflexion aux ingénieurs. Une fois les réglages en place et perfectionnés au cours des deux séances d'essais libres de la matinée, le set-up restera le même pour les qualifications et en grande partie pour la course.

Vin Patel, ingénieur en chef chez Mahindra Racing déclare : "Le changement de set-up entre les qualifications et la course dépend vraiment de l'endroit où vous arrivez sur la grille. Si vous êtes satisfait de vos 170kW en course et de vos 200kW en qualifications avec le même set-up, vous ne le touchez pas. Cependant sur quelques circuits, comme celui de Buenos Aires, vous pouvez changer un peu l’appui pour réduire la traînée et la vitesse en ligne droite. Vous pouvez également opter pour une stratégie de répartition du freinage différente. Excepter l'aéro, rien d'autre ne change. "

Les équipes sont libres de choisir la monoplace qu'ils veulent pour prendre le départ de la course, ils ne sont pas obligé d'aligner la voiture avec laquelle le pilote s'est qualifié.

"En qualifications, le pilote est autorisé à effectuer jusqu'à deux tours à 170kW avant son seul tour à 200kW ", explique Vin Patel. "Un tour à 170kW est obligatoire (à savoir le tour de sortie), il est utilisé pour amener les freins et les pneus à température et obtenir le blocage de tous les réglages mis en place après la deuxième séance d'essais libres. Réchauffer les freins et les pneus, c'est cruciale pour obtenir une adhérence maximale et pouvoir attaquer dès l'entrée du virage. Sur les pistes les plus longues, certains pilotes préfèrent préserver leurs pneus pendant ce tour pour attaquer plus fort lors de leur tour rapide. "

Le nombre de pneus autorisés par meeting est limitée en Formule E, pour aider à la fois à réduire les déchets et les émissions de carbone en diminuant  la quantité de marchandises transportées d'un meeting à un autre. Certains pneus utilisés en essais peuvent être réutilisés en qualifications ou en course mais une bonne gestion est essentielle pour gagner.

"Tout le monde va essayer de préserver les pneus pour les qualifications", confie Patel. "Sur une piste comme Beijing, un tout nouveau jeu de pneus pourrait réduire le temps au tour de près de 0.8s par rapport à un jeu plus usagé. Cela signifie que les pilotes et leurs ingénieurs doivent en tenir compte lors des EL2, sachant qu'il y aura une meilleure adhérence et que le rythme en qualifications ne permet qu'un changement de pneu. "

En ce qui concerne les qualifications, bien que la voiture ait déjà été préparée, le travail de l'ingénieur n'est pas terminée. "Avant le tour de qualification à 200kW, l'ingénieur doit rappeler au pilote qu'il ou elle est autorisé(e) à terminer le dernier secteur du tour lent en mode 200kW, ainsi que de lui rappeler qu'il peut modifier les réglages des cartes de puissance ou des freins. " déclare Patel.