Bonjour Esteban, merci de nous accorder cette interview. Nous allons revenir sur ta jeune carrière. Tu commences le karting en 2001, tu as alors 5 ans. Comment  t'est venue cette passion pour l'auto ?
Ma première fois, j'avais 4 ans. C'était sur un site de Paintball et de Jet-ski. Il y avait une petite piste de karting à côté. Il y avait un baby-kart. Je suis monté dedans et ça a commencé comme ça. Je me suis bien débrouillé. Après, j'ai eu un karting à Noël. De là, on a commencé des démonstrations puisque le mini-kart n'existait pas encore. Après, j'en suis venu aux courses, j'ai commencé à gagner et c'est venu comme ça.

En 2007, tu gagnes le titre en minime et l'année suivante le titre en cadet. Ces titres ont-ils eu un grand poids dans la suite de ta nouvelle carrière ?
Bien sûr. J'adore ça, c'est toute ma vie. En plus, il y a des résultats motivants donc ça m'a encore plus poussé à continuer.

De 2009 à 2011, tu participes à différents championnats de KF3. Tu finis second en 2010 du Trofeo Andrea Margutti, second du WSK Euroseries et champion de France en 2011. Cette expérience à l'international, quand on n'a pas encore 15 ans, c'est une grande pression ou alors c'est quelque chose de très valorisant ?
Honnêtement, je n'ai jamais eu de pression. Je pense que la pression, c'est quelque chose qui nous freine. Il vaut mieux prendre du bon temps à rouler au lieu d'avoir de la pression. J'ai des assez bons résultats. Au début de l'année 2010, j'intègre le programme Gravity Academy (maintenant Lotus F1 Junior Team). C'était un grand soutien sinon je n'en serais pas là aujourd'hui s'il n'était pas arrivé dans ma carrière.

Quel soutien t'a apporté le programme Gravity Academy ?
Ils m'ont fourni un soutien financier, un soutien physique, j'ai un coach mental maintenant. C'est un programme complet. Je fais mon développement avec eux.

Tu passes en 2012 en monoplace. Comment a été prise cette décision ?
En fait, j'étais un peu grand. Ça me freinait dans la performance. C'est pour ça que mon manager Gwen Lagrue m'a fait passer en monoplace.

Pourquoi ne pas avoir choisi de faire de la F4 ?
Je ne sais pas. Honnêtement, ce n'est pas moi qui choisis. Du moment que j'ai la meilleure voiture, ça me convenait très bien. La 2.0, je pense que c'est une bonne école. Certes, c'est un gros step entre le karting et la voiture mais ça reste une bonne école et c'était un bon choix d'aller en 2.0.

Tu signes avec Koiranen pour le championnat de Formule Renault Eurocup 2.0 et Alps 2.0.Tu finis 14e dans le premier avec un podium au Castellet et 7e du deuxième avec un double podium en Autriche. Cette saison d'apprentissage, tu l'as ressenti comment ?
J'ai appris beaucoup de choses. J'ai appris comment conduire une voiture même si j'ai fait pas mal d'erreurs durant la saison du fait de mon apprentissage. L'équipe a eu aussi sa part de tort parce que souvent, ça ne marchait pas très bien. C'était une bonne saison d'apprentissage. Je finis 7e du championnat ALPS en manquant 2 meetings sinon j'aurais pu me battre pour le top 5. En Eurocup, j'ai quelques fois manquées mes chances mais c'était pour apprendre.

Tu as été le coéquipier du russe Daniil Kvyat, vice-champion de Formule Renault 2.0 cette année-là et nouveau pilote Toro Rosso. Comment s'est passé cette saison à ses côtés ? Il y a eu des échanges ou c'était chacun de son côté ?
Au début, il y avait un peu de tension. Je voulais tout de suite me battre devant. Après, j'ai vu que c'était quelqu'un de gentil, qui essayait de m'aider sur la fin de saison. Je garde de très bons contacts avec lui.

En 2013, nouvelle saison en 2.0 Eurocup avec ART Junior Team cette fois-ci. Tu y rejois deux autres français, Andrea Pizzitola et Alexandre Baron. Pourquoi avoir choisi cette équipe pour cette nouvelle saison ?
Je n'ai pas choisi, c'est Lotus qui a décidé. ART a fait sa saison 2012 qu'avec des rookies et ils ont été très vite, ils ont bien réagi durant la saison. Je pense que Lotus s'est branchée sur cette équipe-là à cause de ça.

Tu participes à 3 épreuves de Formule Renault 2.0 NEC. Tu la commences bien même puisque tu gagnes la première course à Hockenheim. Une nouvelle saison qui s'annonçait bien ?
Bien sûr, j'étais le leader des essais d'hivers officiels. J'ai fait premier à chaque fois. On était très confiant pour la saison et on avait une bonne vitesse. Malheureusement, on y arrivait dans les premières courses puis la performance a diminué. Je pense que les autres ont mieux travaillé que nous. Ils se sont rapprochés et nous ont même doublés. La première course, j'ai réussi à la gagner et après, on perdait en performance. Au Red Bull Ring et à Spa, on a fait des erreurs sur le réglage de la voiture et je pense que c'est ici où j'ai perdu le championnat.

Tu finiras 12e de ce championnat et 3e de l'Eurocup avec deux victoires, une au Castellet et une autre en Catalogne. Que retiens-tu de cette saison ? Quelle saveur avait cette victoire au Castellet ?
Ce que je ressens de cette saison de 2.0, j'ai perfectionné mon pilotage sur une voiture. Je pense que maintenant, je suis assez expérimenté avec une monoplace, ce qui me servira pour le futur.
La victoire du Castellet, on n'avait pas la vitesse ce week-end là. J'attendais la pluie parce que sur le sec, je n'avais pas les armes pour me battre. J'ai réussi à remonter jusqu'à la première place. Ça prouve qu'il ne faut jamais rien lâcher et qu'on peut toujours y arriver.

Tu as participé à la course de Macau avec Prema. Tu as fini 10e de la course qualificative et 10e de la course. L'adaptation a été plutôt facile pour vous ?
J'avais fait un test juste avant le Paul Ricard en F3 à Imola. Je me suis très vite adapté à la voiture puisque je pense que la voiture la plus difficile à conduire, c'est bien une 2.0 parce que ça bouge beaucoup. Après, lorsqu'on monte dans de plus "grosses" voitures, on s'attend à ce que ce soit plus facile mais ce n'est pas pour ça qu'il ne nous manque pas quelques dixièmes au début. Je pense que c'est plus facile de monter en catégorie et je me suis vite adapté. Lors du deuxième tour, j'étais tout de suite dans les meilleurs temps. J'ai pu avoir ainsi un avant-goût de la F3 et après est venu Macau qui était ma première fois en ville en monoplace.

Cette saison, Tu rejoins la FIA European F3 avec l'équipe Prema. Pourquoi ne pas avoir fait le choix de passer en Formule Renault 3.5 ?
J'ai fait un test en 3.5 où j'étais vite aussi tout de suite. On avait fait le 2e temps de la journée lors des tests officiels. Je pense qu'il faut prendre étape par étape. Je suis très content d'aller en F3, qui est une très bonne catégorie.

Qu'espéres-tu de cette saison 2014 ?
Le but, c'est toujours de gagner. J'aurais les armes pour me battre cette année. J'ai une bonne équipe autour de moi, un bon ingénieur, une équipe de mécanos très bonne, l'équipe est très expérimentée. Ils sont champions depuis les deux ou trois dernières années. Je pense que je vais pouvoir me battre pour le championnat et ce sera le but!

Es-tu encore étudiant ?
Oui, j'étudie avec le CNED. Je suis en 1ère L. je peux approfondir mes connaissances sur les langues et les utiliser dans le paddock.

A terme, tu envisages une carrière en monoplace ou alors, tu iras là où le vent te portera, que ce soit en Endurance ou en Tourisme ?
Je ne pose pas vraiment la question mais le but est clairement la F1. Après une carrière en sport auto, ce serait très bien. Mais pour le moment, je me focalise sur cette année et on verra comment ça se passe.

Pour finir, Andrea Pizzitola dit de toi que « de tous les équipiers que j’ai eus, c’était celui qui pour moi avait le plus gros « talent naturel », il est naturellement rapide sans avoir besoin de passer des heures sur les datas… » Que veux-tu lui répondre ?
Je lui souhaite bonne chance pour sa saison 2014 parce que ça va être clairement un des favoris du championnat. Il a l'expérience et pourra se battre aux avant-postes. J'espère qu'il gagnera.