Lors du Grand Prix Moto2 d’Australie, une erreur a été commise par la direction de course.
« Carton rouge pour absence de drapeau rouge », voilà la tribune de David Dumain, ancien commentateur du MotoGP en France. Durant le Grand Prix Moto2 d’Australie, Jorge Navarro et Simone Corsi se sont accrochés. Le premier cité est resté assis, proche de la piste, le casque retiré, du fait d’une blessure à la jambe.
« Le zéro risque n’existe pas en sports mécaniques, et notamment en moto à cause du risque de percussions. A partir du moment où il a des risques de percussions, il n’y a pas de zéro risque. Entre le zéro risque et faire rouler des motos à quelques mètres d’un pilote blessé qui a retiré son casque et proches des commissaires qui n’ont rien demandé, et qui ne sont pas là pour jouer leurs vies, il y a une différence.
On peut s’approcher d’une certaine réduction des risques en étant humain et intelligent. C’est ce qu’on demande à une direction de course et qu’importe les horaires TV, ça ne vaut pas une vie ! Un pilote accepte le risque, c’est ce qu’on appelle d’ailleurs le risque accepté, mais on doit pouvoir le protéger un minimum », nous indique David Dumain.
La programmation TV, le problème ?
Celui qui a commenté le MotoGP pendant trois années pense que les horaires de diffusion sont la cause de ce problème, bien que les organisateurs n’hésitent pas à repousser les heures des départs en cas de pluie.
« Quand la pluie s’abat trop fort, ce sont les pilotes qui ne veulent pas rouler, donc la direction de course ne peut pas forcer. Or, là, il y avait simplement des drapeaux jaunes, mais les pilotes voulaient faire la course et personne ne coupait vraiment sous drapeau jaune. Quand les pilotes estiment qu’ils peuvent faire une performance, ils n’ont pas envie que la course s’arrête, il ne faut pas oublier que le MotoGP est un sport individuel. C’est pour cela que c’est une très bonne chose d’annuler systématiquement les temps au tour aux essais sous drapeau jaune, sinon les pilotes ne coupent pas.
En course, l’enjeu est encore plus important, on a des pilotes chargés de confiance et d’adrénaline à qui on demande de réaliser des exploits au guidon, on ne peut pas non plus les responsabiliser au point de se substituer à une direction de course. C’est aux officiels de dire « Non, on ne doit pas continuer la course », c’est une question de responsabilité. A ce niveau, c’est de la lâcheté managériale, par rapport aux responsabilités qu’on leur confie ! Ils doivent prendre la responsabilité de repousser les horaires, pour sauver des vies. Il faut que ce sport se hisse au niveau où il doit être », ajoute-t-il.
Un bouton pour demander le drapeau rouge ?
Récemment, Luca Marini a suggéré l’idée d’un bouton rouge que les pilotes actionneraient pour informer la direction de course. Ce dispositif peut être à double tranchant.
« C’est partiellement une bonne idée. La notion de résultat pour un pilote passera devant le bien commun. On pourrait même imaginer que, vu qu’il y a des stratégies d’équipes maintenant, cela pourrait fausser certains résultats, dans l’intérêt sportif d’un pilote. Les enjeux sportifs pourraient prendre le pas sur les enjeux de sécurité mais c’est tout de même une bonne idée qui n’est pas suffisante.
Les commissaires de piste renseignent suffisamment la direction de course sur la piste. Ce n’est pas très difficile de savoir qu’il y a des situations risquées. En Australie, ça tombait sous le sens. Le truc bien du bouton, c’est anonyme, il n’y a pas l’influence du gars qui lève le bras. Si ça ne répond pas à une consigne et que c’est anonyme, c’est une bonne idée », conclut-il.