Lin Jarvis n'est plus à la tête de l'équipe d'usine Yamaha en MotoGP. Il a cédé sa place à Paolo Pavesio à partir du 1er janvier 2025. Celui qui a fait courir Valentino Rossi, Jorge Lorenzo ou encore Fabio Quartararo revient sur son histoire avec la marque japonaise.
Lin Jarvis a rejoint Yamaha en 1999. A cette époque, Yamaha souhaitait revenir en catégorie reine. Avec le soutien de Marlboro, le constructeur japonais rejoint la grille 500cc avec son équipe d'usine. L'arrivée du MotoGP à la place de la 500cc permet à Max Biaggi de finir vice-Champion du Monde. Mais la saison suivante, Yamaha ne s'impose pas. Pourtant, la marque japonaise parvient à signer Valentino Rossi pour la saison 2004.
"Cette année 2003 a été une année étrange, vraiment étrange, car à la même époque, nous n'avions pas gagné un seul Grand Prix. Ainsi, au cours de cette année-là, nous avons eu de grandes réunions avec la direction et nous avons dit en gros que nous devions intervenir ou partir. C'était la logique au sein de l'entreprise. À ce moment-là, la seule façon de progresser était probablement de gagner. Quoi qu’il en soit, nous avons d’abord dû améliorer la moto et ensuite changer de pilote. Car à cette époque, Valentino Rossi dominait. Honda était dominant. Nous avons donc réussi à convaincre la direction d'être audacieuse et de faire le changement, mais bien sûr, ce fut un choc de voir comment nous avons pu convaincre Valentino Rossi de passer de la Honda qui gagnait constamment à la Yamaha de l'époque", explique Lin Jarvis à MotoGP World.
De Valentino Rossi à Jorge Lorenzo
Avec Valentino Rossi, Yamaha retrouve le chemin de la victoire mais aussi le chemin du titre. Le pilote italien gagne le titre des pilotes, Yamaha celui des équipes. La saison suivante, c'est le triplé pour Yamaha, avec le titre des constructeurs en plus. A cette époque, Valentino Rossi pensait à la F1 et Yamaha a dû prévoir un possible départ de son Champion du Monde. C'est ainsi qu'est arrivé Jorge Lorenzo.
"Nous devions avoir le prochain pilote capable de gagner, nous devions le prendre et grandir avec lui. En fait, Jorge Lorenzo a commencé à piloter pour nous en 2008, mais nous avions déjà un contrat avec lui en 2006 ! Nous l'avons engagé pour qu'il soit prêt si et quand Valentino Rossi partirait en F1", ajoute Lin Jarvis.
Puis Yamaha a connu deux périodes compliquées. La première a été le moment où Valentino Rossi a choisi de partir chez Ducati. La seconde a été lorsque Jorge Lorenzo est parti pour rejoindre le constructeur italien.
"En 2011 et 2012, Valentino Rossi est allé chez Ducati et ce fut le premier grand bouleversement. Il n'a pas connu de succès en 2011 et 2012 avec Ducati et est revenu chez nous en 2013. Les rôles ont donc été inversés. Nous avons récupéré Valentino Rossi quand Jorge Lorenzo était le roi. Et c’était encore une fois un geste audacieux et Jorge Lorenzo a finalement décidé de partir", ajoute Lin Jarvis.
L'arrivée de Fabio Quartararo chez Yamaha
En 2019, Fabio Quartararo rejoint la catégorie reine et pilote une Yamaha de l'équipe Petronas SRT. Pour sa première saison, il signe sept podiums et termine à la cinquième place du Championnat du Monde. L'année suivante, il remporte ses premières victoires, avec l'assurance d'être un pilote d'usine Yamaha dès la saison 2021, où il a pris la place de Valentino Rossi. La suite de l'histoire est connue : un titre mondial en 2021 pour le pilote français.
"En 2019, emmener Fabio Quartararo au sein de l'équipe Petronas était une décision principalement prise par l'équipe Petronas à l'époque. C’était un geste audacieux et ils n’avaient rien à perdre. Et puis il a battu Franco Morbidelli lors de sa première année, puis nous avons négocié avec lui pour rejoindre l'équipe d'usine et quand il est arrivé dans l'équipe d'usine, nous avons dû déplacer à nouveau Valentino Rossi parce qu'il était en fin de carrière. C'était donc le problème secondaire, mais je pense qu'à la fin, la décision a été justifiée, car une fois que Fabio Quartararo a rejoint l'équipe d'usine, il a explosé et a pris la première place dès sa première année. C’étaient des époques intéressantes, des équilibres délicats, des présences parallèles et des décisions délicates à prendre", raconte Lin Jarvis.